Will Driving West

Montréal en lumière 2016 | Will Driving West au Gesù : Saisir l’occasion

Si Spectra n’hésite pas à attirer les grosses pointures internationales lors de ses festivals (Festival de Jazz, FrancoFolies et Montréal en lumière), il n’est pas rare d’y voir aussi des artistes locaux indépendants obtenir des chances de briller dans un contexte favorable. Montréal en lumière tendait d’ailleurs la main au groupe montréalais Will Driving West en lui confiant une soirée au Gesù, avec artiste invité de son choix. Et WDW n’a pas déçu…


Il y a quelque chose d’assez magique avec le Gesù. L’éclairage feutré, les sièges disposés en demi-cercle (style agora) autour de la scène qui se trouve plus bas, l’acoustique favorable, l’atmosphère apaisante du lieu ; tout conspire à faire régner une qualité d’écoute exceptionnelle, surtout lorsqu’il s’agit de musique délicate.

Ce n’est pas une vilaine chose de qualifier la musique de Will Driving West de délicate. Ils sont capables de puissance, de grands moments d’émotion, mais le charme réside principalement dans la finesse et la fragilité des mélodies, des harmonies et des arrangements. Disons qu’une bonne partie de cela se perdrait dans un contexte de bar ou de festival extérieur en grande foule. Mais dans la salle du Gesù, tout est en place pour bien absorber l’indie-folk à fleur de peau du quintette.

Will Driving West s’en est donné à coeur joie : 19 chansons ont été interprétées, autant des vieilles, des récentes et même des nouvelles (on a hâte d’entendre The Watcher et Waltz of Life sur disque!). Ah et deux reprises aussi : l’amusante Praise You de Fatboy Slim et une version (un peu trop) sentimentale de Beautiful de Christina Aguilera. Les deux se retrouvent sur un album de reprises lancé par le band à l’été dernier.

Entre chaque pièce, David Ratté y allait d’interventions souvent un peu longuettes, mais personne ne s’en plaignait : il aime raconter des histoires de sa voix grave et posée, calme, décontractée. Il établit le lien avec le public à sa façon. Et il raconte bien. Contrairement à d’autres artistes qui s’égarent entre les chansons en déblatérant sans penser à ce qui intéresse le public, le leader de Will Driving West y va d’interventions préparées, bien avisées. Le public demeure attentif, et son écoute de la chanson suivante s’en trouve bonifiée.

Outre le plaisir évident que ressentent les musiciens à se trouver sur scène, la beauté des arrangements (violoncelle, piano, basse, banjo, guitare électrique et batterie texturée) viennent appuyer le grain de voix écorché de Ratté. Lorsque ça s’imbrique bien – c’est le cas la plupart du temps – on nous transporte dans un voyage musical assez enivrant merci.

Photo par Victor Diaz Lamich

Photo par Victor Diaz Lamich

Les moments forts : Thieves, Anchors, Will Driving WestAirplanes et la plus pop du lot, The Adventure, alors que les 3 nouvelles chansons laissent croire qu’il y a encore de la bonne musique à l’horizon pour le groupe.

Pas de chi-chi pour la finale : David Ratté admet candidement qu’ils ont prévu 3 autres chansons et que ce serait hypocrite de quitter pour revenir au rappel. « Fermez vos yeux, attendez quelques secondes et rouvrez-les. Vous allez voir, on est revenus », laisse-t-il entendre à la blague.

La jolie Pieces vient clore le tout au bout de plus de 90 minutes. Le groupe avait visiblement carte blanche, et en ont profité pour montrer une bonne grosse portion de son répertoire.

Oh et l’artiste invité ?  Ils ont choisi Sweet Grass, le projet solo de l’excellent Joe Grass, en première partie. Seul à la guitare (et parfois au lapsteel), le musicien de Patrick Watson a démontré à la fois sa grande créativité à coups de mélodies dissonantes mais captivantes, de solos rugueux et de chant envoûtant.

Imprévisible et singulier, son court set a fait écarquiller bien des yeux, les gens ne s’attendaient peut-être pas à ce genre de musique audacieuse et parfois quasi-violente, aux accents « cour à scrap » à la Tom Waits et aux moments de guitare percussifs pour le moins surprenants. Comme entrée en matière, disons que ça secouait un peu (et c’était loin d’être désagréable).

Événements à venir

Vos commentaires