FME - Festival de Musique Émergente

FME 2024 | Palmarès d’une 22e édition réussie

Voilà. C’est terminé. Rouyn-Noranda, je te quitte pour la 4e fois. Mais je reviendrai. Car année après année, le FME récidive avec une solide programmation parsemée de valeurs sûres et de belles découvertes. Au cours de cette 22e édition, les festivaliers ont eu l’embarras du choix: plus de 80 concerts de pop, rock, hip-hop, funk, soul, punk, métal, folk… et un mélange de tout cela.

Rendre justice à une solide programmation éclectique de talents locaux et internationaux en moins de mots qu’il ne faut pour écrire un roman qui se décline en douze tomes, ce n’est pas une mince affaire. En référence aux initiales de la rédactrice de ces lignes, nous offrons donc un compte-rendu sous forme de palmarès de la Clé de sol (« G », en notation anglaise)!

Le palmarès de la Clé de sol est plus qu’imparfait et entièrement subjectif. Inutile de le contester, mais comme le dit si bien Plume : « On est ben ouvert à vos commentaires si vous payez l’cognac ».

Mentions Clé de sol

Tout juste avant de dévoiler les trois lauréats du palmarès de la Clé de sol, voici les performances de cette 22e édition qui ont tout de même retenu notre attention.

Tout d’abord, on accorde une mention « Party pogné » à des groupes qui ont démontré un fou plaisir contagieux sur scène : la formation post-punk new-yorkaise TVOD, et la formation québécoise Galaxie qui par leur rock atomique a (encore) failli faire décoller le plafond de la salle vendredi soir.

La mention « Aux extrêmes » est chaleureusement accordée à Safia Nolin qui offrait deux spectacles gratuits très prisés. On le sait, l’univers musical de Safia est sombre, anxiogène et d’une tristesse qui déchire les entrailles. Mais peu savent qu’entre ses chansons, elle a l’habitude d’alléger l’atmosphère grâce à des anecdotes drôles à rire aux larmes. On déprime, on rit, on déprime, on rit.

Pour avoir su faire danser sans retenue un public qui n’était pas conquis d’avance, la mention « Pied-qui-gigote » est accordée aux Californiens Orchestra Gold et aux Montréalais The Brooks. Les premiers nous ont fait se déhancher sur des rythmes psychédéliques inspirés du blues malien et les deuxièmes nous ont envoûté avec leur funk bien efficace. Deux belles réussites de cette programmation.

Finalement, une mention « Déconstruire les codes établis » est remise aux Montréalais PyPy et Alix Fernz ainsi qu’à la formation torontoise Slash Need. La performance théâtrale de Slash Need a ébahi les oiseaux de nuit friands de dark wave au petit matin. Quant à Alix Fernz, sa folie punk nous a sortis des sentiers battus où les leaders masculins sont trop souvent sobres sur scène. Puis que dire d’Annie-Claude Deschênes de PyPy? Un mélange de performance théâtrale, de folie punk et de désinvolture assumée. On se demande encore, cependant : pourquoi les parasols à l’intérieur?

Maintenant, place aux lauréats.

Strange Froots – Du hip-hop de Côte-Des-Neiges

Je l’avoue candidement. Je ne suis pas une grande fan de hip-hop et je ne connais pas vraiment ça. Pourtant, ma troisième Clé de sol va au duo Strange Froots.  Il a su s’immiscer à travers la mince fissure qui ouvre mon univers musical au monde du hip-hop.

Ce duo de Côte-des-Neiges est un projet festif, mais engagé. Elles se produisaient gratuitement dimanche en fin d’après-midi dans un bar de l’avenue Principale, une plage horaire très difficile en fin de festival. On était donc aux plus deux douzaines qui avaient réussi à rafistoler à temps pour le 5@7 les petits bouts d’eux-mêmes qui leur restaient après trois jours de festivité.

Lors de ce 5@7, Naïka Champaïgne et Mags nous ont servi leur cocktail de néo-soul et de hip-hop aromatisé de leur charme indéniable sur scène. Enivrés de ce cocktail, les spectateurs d’abord apathiques ont été transformés en machine à danser en moins de 30 minutes. Un coup de force. Pour découvrir le côté engagé de Strange Froots, écoutez Afro Punkass. Pour avoir un aperçu de ma playlist du jour de l’an, écoutez plutôt London Fog.

Mossaï Mossaï – Poésie sur fond de noise rock psychédélique

Ma deuxième Clé de sol est décernée au quatuor français Mossaï Mossaï qui sortait jouer hors de leur patelin pour la première fois et qui en était visiblement fort heureux. Une performance au-delà de mes attentes pourtant stratosphériques : j’avais adoré leur microalbum Faces sorti en 2023.

Mossaï Mossaï, c’est de la poésie en français sur fond de noise rock psychédélique et de paysages sonores vaporeux à travers desquels surgissent des croassements électroniques anxiogènes. Sur scène, Mossaï Mossaï, c’est aussi l’efficace contraste entre des moments planants et explosifs. Le contraste entre le spoken word murmuré et celui crié de la chanteuse Marie Escadafals.

Que tous les amateurs de rock sophistiqué et inspiré restent à l’affût. Au vu de cette convaincante performance au cœur de l’Abitibi, on pourra sans aucun doute les revoir en sol québécois. En attendant, découvrez la plage Silence des toits, ou ma préférée, Cérébral.

Rau_Ze – Wow, re-wow et re-re-wow!

Il faisait un temps superbe à Rouyn-Noranda. La formation duo Rau_Ze venait tout juste de terminer leur spectacle gratuit à la Guinguette chez Edmund. La chair de poule m’a envahie. Ça ne m’est pas arrivé souvent, donc pour cela, je leur accorde la première Clé de sol.

Rau_Ze mérite la première Clé de sol du festival, car la formation a su nous faire voyager insidieusement sur la route sinueuse qui relie le néo-soul de fin d’après-midi ensoleillé aux concerts rocks engagés à la Rage Against the Machine. Un voyage improbable piloté de main de maître par l’incroyable talent d’interprète de Rose Perron. Elle a le visage d’une jeune femme, mais porte en elle la maturité des vieilles routières. Leur album est bon, mais en spectacle, c’est vraiment autre chose. Difficile d’éviter de comparer Rose Perron avec Ariane Moffat : toutes deux sont des interprètes dont la présence scénique est impossible à capter sur album.

Pour découvrir Rau_Ze, écoutez L’habitude. Si vous aimez cela, surveillez  les concerts près de chez vous. Et si vous n’aimez pas cela, surveillez quand même… aucune âme n’est repartie froide après la performance de Rau_Ze, donc vous aimerez.

C’est tout pour nous cette année. On avale à nouveau en autobus les 650 kilomètres qui séparent Rouyn-Noranda de Montréal et on pense déjà à la 23e édition du FME, qui aura lieu du 28 au 31 août 2025.

Nos photos en vrac

The Brooks

Strange Froots

Rau_Ze

Mossaï Mossaï

Galaxie

Alix Fernz

Birds in Row

Jetsam

Paige Barlow

Nyssa

Maryze

Événements à venir

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