Festival FME

FME 2024 – Jour 1 | Fesser fort, terminer tard

On avale en autobus les 650 kilomètres qui séparent Montréal de Rouyn-Noranda dans le même état d’esprit qu’un enfant qui mange chaque jour un chocolat de son calendrier de l’avent : à moitié impatient d’arriver, à moitié surexcité. Un parcours qui semble interminable, mais au bout duquel on sait qu’on sera fortement gâté. Pour ma part, j’en suis à ma 4e édition et je sais que ce n’est pas le chemin qui compte, mais la destination!

Cette destination qui vaut le trajet, c’est l’ADN même du FME : l’enthousiasme contagieux des bénévoles, l’engouement des Rouynorandiens(nes), du français, de l’anglais, du bambara, du « d’ici » et du « d’ailleurs », des artistes à découvrir, et d’autres établis qu’on retrouve avec plaisir. Hier, comme à l’habitude, ça a fessé fort et ça s’est terminé tard. Retour sur la soirée d’ouverture et quelques suggestions pour les trois jours à venir.

Une soirée d’ouverture plus que réussie

Après que DJ Pat the Bratte aie agrémenté le fameux méchoui d’ouverture, la Montréalaise Hawa B est venue présenter son R&B aux saveurs électroniques sur la scène extérieure de la 7e rue. Celle qui a foulé la scène du FME en 2022 avec Hubert Lenoir a donné une prestation qui manquait d’inspiration pour un spectacle d’ouverture. On a tout de même hâte d’entendre son album better sad than sorry, qui sortira en novembre.

Il aura donc fallu attendre que le groupe californien Orchestra Gold entre sur scène pour insuffler aux festivaliers une ambiance festive propice à lancer un festival. Fidèles à la tradition musicale malienne, les cinq musiciens ont mené la foule dans une transe festive où tous se sont mis à se déhancher sur les rythmes psychédéliques africains, même le gardien de sécurité aux abords de la scène.

Sitôt la prestation de Orchestra Gold terminée, c’est aux antipodes de la chaleur malienne que la bande de Bodega nous a transportés. C’était une des prestations du FME que j’attendais le plus. Fort heureusement, les New-Yorkais ont réussi un tour de force : l’esprit festif ne s’est pas refroidi, bien que le post-punk ne soit pas d’amblé une musique chaleureuse. À revoir en salle.

Les grands favoris, Karkwa, avaient foulé la scène du FME l’année dernière dans le cadre de leur grand retour et avaient cette année la mission de clôturer ce spectacle de la rentrée. Karkwa, c’est une valeur sûre, mais qui a le défaut de ne plus surprendre. C’est peut-être le cas de tous ceux qui atteignent l’excellence. Quoi qu’il en soit, les gars ont une aisance sur scène qui intimiderait n’importe quel musicien aguerri, et que pour cela, un spectacle de Karkwa vaut toujours la peine.

Pour faire suite au spectacle de la rentrée, plusieurs choix s’offraient ensuite aux festivaliers qui trouvaient la soirée encore jeune. De notre côté, la fête a continué au Petit Théâtre du Vieux Noranda. Les New-Yorkais TVOD (Television Overdose) sont venus donner un très bel aperçu de la scène post-punk de Brooklyn. La claviériste Jenna Mark nous a mentionné après leur performance que c’était la plus grande scène sur laquelle ils avaient joué, et a aussi dit qu’elle avait eu peur que le guitariste en tombe tellement il s’éclatait sur cette grande scène. Une performance inspirée, débordante d’énergie, menée par le charme brutal du chanteur Tyler Wright.

Le clou de cette soirée au Petit Théâtre était définitivement NOBRO. En boutade, on écrivait en 2023 que « NOBRO devrait devenir le nouvel étalon de ce qu’est le punk rock ». Un spectacle de NOBRO, c’est un spectacle qui décape et qui tranche. Kathryn McCaughey (voix), Sarah Dion (batterie et basse), Lisandre Bourdages (claviers, percussions et batteries) et Karolane Carbonneau (guitare) sont en pleine maîtrise de leurs moyens et savent comment nous faire passer une belle soirée. Mosh pits. Body surfing. Tout est dit.

Pour ceux et celles qui n’en avaient pas encore assez eu, il y avait les Montréalais AUS!Funkt au petit matin. Leur spectacle affichait déjà complet quelques jours seulement après l’ouverture de la vente des billets. Parions que les chanceux et chanceuses qui les ont vus ont passé une belle soirée. Pour  ma part, ça sera pour une autre fois. L’appel du sommeil était trop grand.

Nos suggestions pour les prochains jours

La force de la programmation du FME, c’est qu’il y en a pour tous les goûts. Les amateurs de pop, de folk, de rap, de punk, de métal et de soul peuvent s’y retrouver. La programmation est si forte que plusieurs ici s’entendent pour dire qu’il est souvent difficile de choisir où donner de la tête. Voici donc une sélection très imparfaite de spectacles à ne pas manquer.

Vendredi en début de soirée, les choix sont déchirants. Les performances vocales de la poète punk de Toronto, Nyssa, laissent présager toute une bête de scène. Pour prolonger la douceur de l’été, il faudrait plutôt aller se faire bercer par la bedroom pop de De Flore. À moins d’aller explorer du côté de Maryze. Dernièrement, on a eu un coup de cœur pour son titre Langue qui devrait se retrouver sur toute playlist de party nocturne qui se respecte.

Le vétéran et très populaire Souldia se produit également vendredi soir. Mais c’est le triptyque composé de Mossaï Mossaï, Alix Fernz et Galaxie vendredi soir pour lequel on s’impatiente le plus. Mossaï Mossaï arrive directement de France pour faire la démonstration que le post-punk en français fonctionne. Pour ce qui est de Alix Fernz, il est fortement recommandé par plusieurs, un fol éclair d’énergie devrait frapper. Quant à Galaxie, leur réputation est claire… ça sera fort et puissant. Espérons que le plafond du Paramount résistera.

Samedi, on a hâte de débuter la soirée par un 5 à 7 agrémenté du dark-folk de la Montréalaise d’adoption Marontate. Il y a un petit quelque chose de Mazzy Star dans la forme. Les fans de hip-hop attendent certainement avec impatience sur la scène principale de la 7e rue Loud Lary Ajust, Haviah Mighty et LaF avec son succès Tangerine. Mais c’est sans doute la soirée électro en collaboration avec le festival MUTEK qui sera la plus dansante. Les rares prestations électro-punk de Kaya Hoax ont été qualifiées de remarquables et la Montréalaise Marie Davidson a fait très bonne impression au festival MUTEK tout récemment.

Dimanche, on ne ratera pour rien au monde Strange Froots, le duo hip-hop de Côte-des-Neiges. Mélangeant la culture hip-hop actuelle à leurs origines caribéennes et africaines, le duo produit de la musique originale, énergétique et sophistiquée. Quant aux admirateurs de métal , ils ont toujours leur soirée au FME, ils pourront  se régaler de Martyr, Fracturus et I, Apokalypse.

Finalement, le Show de clôture nous ramènera plus près de l’âme, plus près de la terre ferme. On a particulièrement hâte d’entendre le funk de The Brooks, qui sera sans doute l’expérience la plus proche d’un show de James Brown que toustes auront pu vivre. On attend aussi avec impatience Joe Grass, qui nous avait enchantés sur le titre Wolves don’t live by the rules en duo avec Elisapie.

Pour consulter la programmation du FME, c’est par ici. Restez à l’affût, on vous fera un compte rendu après notre fin de semaine abitibienne.

Nos photos en vrac

Orchestra Gold

Bodega

Karkwa

NOBRO

Ada Oda

 

Événements à venir

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