crédit photo: Pierre Langlois
Sun Ra Arkestra

Festival Suoni Per Il Popolo 2023 | Le Sun Ra Arkestra donne un concert en montagne russe avec un finale solaire

L’église Saint-Denis était pleine à craquer pour célébrer la venue de la mythique formation Sun Ra Arkestra en ce dimanche soir au Festival Suoni Per Il Popolo. L’orchestre d’une quinzaine de musiciens a livré une performance en montagne russe, très sage et classique par moment, avant d’enfin lâcher son fou sur la fin.

Le Sun Ra Arkestra est connu pour son héritage sauvage et diversifié, légué par le fantasque Sun Ra, mort en 1993. La formation de ce soir est composée d’une quinzaine de musiciens : guitare, contrebasse, claviers, percussions, batterie, saxophones, trompettes, flûte et un cor d’harmonie pour sortir de l’ordinaire. S’ajoute la voix de Tara Middleton. Knoel Scott agit comme maître de cérémonie et se charge aussi du chant, du saxophone alto, des percussions et de la danse de l’espace… Tous sont habillés de tenues très colorées avec beaucoup de brillants plus un couvre-chef tout aussi original. Le décor est planté pour nous embarquer dans un voyage sidéral!

Il fait chaud dans l’Église Saint-Denis, définitivement à pleine capacité. L’étage a été exceptionnellement ouvert pour accueillir plus de monde. Et il y a beaucoup d’allées et venues entre les bancs pour trouver une place avec une bonne visibilité. Il faut dire que la scène n’est pas haute et qu’il n’y a pas de dénivelé. Et avec trois rangées de musiciens et un éclairage qui se résume à deux projecteurs mal dirigés, ce n’est pas toujours facile de comprendre ce qu’il se passe sur scène. Si comme moi, vous avez une grande femme devant vous, ça ne facilite pas la vision. Et je passe sur les problèmes gastriques de mon voisin. Les probabilités sont définitivement contre moi ce soir!

 

Débuts sages

Les musiciens montent sur scène sous une ovation bien fournie dès leur arrivée. Les premiers titres sont d’une facture plutôt traditionnelle avec des arrangements pour big band tout aussi classiques et que ne renierait pas la programmation de l’animateur Claude Saucier. On sent comme un petit quelque chose de sauvage en arrière-plan mais qui tarde à s’exprimer.

L’ampleur de l’église avec son écho naturel n’aide pas à bien percevoir les percussions rapides. Elles se répercutent sur les murs avec un délai désagréable. La guitare sonne aussi très fade et ses interventions ne resteront pas comme les plus mémorables de la soirée. Le cor lui a une belle exposition et présente des solos inspirés.

Il y a aussi ce grichage intermittent dans la sonorisation, un branchement défaillant qui parasite la soirée. Il avait déjà signalé sa présence la semaine dernière avec William Parker mais ce soir, c’est comme un invité supplémentaire qui s’est désagréablement installé.

À la moitié du concert, il y a enfin un peu de folie avec une séance de danse de l’espace par le maître de cérémonie : au menu, de multiples roues et sauts tout aussi impressionnants l’une que l’autre, dans le petit espace libre à l’avant-scène.

Le morceau suivant nous gratifie d’un solo de saxophone avec des sonorités dissonantes lorgnant vers des contrés plus free jazz qui nous ramène le sourire. Mais on revient ensuite vers des titres pour big band avec moins de surprises, des trompettes bouchées et de l’orgue genre B3. Il y a un hommage au blues de Chicago où l’on est tous invité à taper des mains et un autre titre au accent plus calypso où les souffleurs de la formation descendent devant la scène pour se mêler au public.

Après cette longue et charmante séance de minouchage, c’est enfin l’orgie musicale qui prend forme pour clore le concert. Les musiciens se lâchent tout de même et montrent l’ampleur du potentiel de la formation, avec le côté solaire de Sun Ra qui s’exprime à sa pleine capacité et nous ouvre les voies vers le nirvana. Cela aura pris du temps à s’exprimer ce soir, mais ce que je considère comme l’essence du Sun Ra Arkestra est enfin atteint pour terminer en beauté.

 

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