crédit photo: Pascal Leduc
Les Trois Accords

Festival de la Poutine de Drummondville | Les Trois Accords et leur festival anti-routine

Le Festival de la poutine de Drummondville est depuis plusieurs années déjà un incontournable estival d’une ville qui n’est pourtant pas fourmillante de culture. Alors que les premiers artistes fouleront le site aujourd’hui, Sors-tu? fait le point avec Les Trois Accords, fondateurs du festival, sur le chemin parcouru depuis la première édition en 2008 et l’excitante mouvance de l’industrie.

« La courbe d’apprentissage a été longue. Notre premier show était pas super bon », concède en riant le guitariste Alexandre Parr.

Les Trois Accords ne s’offrent pas un spectacle à chaque édition. Cette année, c’est la cinquième fois que leur nom apparaît à la programmation, une tradition « qui revient à peu près chaque cycle d’album », indique le batteur Charles Dubreuil. Vendredi, c’est Présence d’esprit, paru en 2022, qui sera à l’honneur. Le groupe a une tournée derrière la cravate, en plus d’une saison des festivals bien remplie.

* Les Trois Accords à Plaines de Chansons. Photo par Normand Trudel.

« Faire de la musique, c’est facile, poursuit-il. C’est juste des shows avec tes amis. » Quand on y ajoute l’organisation d’un festival qui accueille plusieurs milliers de mélomanes, de la programmation aux partenaires en passant par la gestion des bars et, bien sûr, de la poutine (les quatre membres ont leur rôle bien précis), c’est une autre histoire.

« On travaille toute la semaine, donc quand on arrive sur scène, on est super fatigués », explique Alexandre. Pour porter en même temps leurs chapeaux de musiciens et d’organisateurs, les quatre amis ont appris à traiter leur propre festival comme les autres : suivre une routine préperformance, prévoir un moment dans leur loge, accepter le traitement réservé aux artistes… assuré par Charles, dont c’est un des rôles. « On est tellement bien accueillis », rigole le chanteur Simon Proulx, aussi directeur général du festival.

Jouer, tous les sens du terme

Pour varier le plaisir et « brasser les cartes » d’une carrière qui roule sa bosse depuis 20 ans, Simon s’amuse avec les setlists. Jouer les chansons dans l’ordre du titre le plus court au titre le plus long (technique baptisée « le sapin »), ou encore en ordre alphabétique… « C’est surtout drôle à expliquer au public, admet-il. Au milieu du show, les gens comprennent qu’on jouera pas leur toune préférée parce que son titre a trop de mots. »

Des « deuils » qui ont été remplacés par des récompenses aux Francos le 21 juin dernier, alors que le public a eu le pouvoir d’influencer la setlist en votant pour son morceau favori. Au gré des concepts, l’esprit demeure le même : Les Trois Accords ne veulent rien savoir d’un spectacle conventionnel.

Qu’attendre de celui de vendredi, donc? « Ça va être un show bien spécial, confirme Alexandre. Beaucoup de surprises. Même nous, on les connaît pas encore [rires]. »

Prendre ce qui vient

Charles, à la tête de la programmation, s’arrange pour que des artistes de tous horizons fassent de cette 17e édition un succès à la hauteur d’une prévente record. « Les 1500 premiers billets sont partis en neuf heures, on capotait », se souvient Simon.

Comme on l’a détaillé plus tôt cet été, le Festival de la poutine n’a eu aucun mal cette année à mettre la main sur les grandes prises de l’heure. Quelques exemples : Le Roy, la Rose et le Lou[p] qui surfent encore sur la vague de leur trio béton, les retours de Karkwa, Galaxie et Loud Lary Ajust, le vent punk dans les voiles de La Sécurité et DVTR, les jeunes et populaires rappeurs Fredz et Aswell…

« Pour la prog, je fais pas de calculs, précise Charles. C’est presque juste une question d’influence, de timing. » Le batteur assiste à un nombre incalculable de spectacles par années et parle de la programmation du festival « tous les jours au téléphone » avec Simon. « C’est émouvant pour un drummer de 42 ans de voir la relève. Elle pousse fort, elle est vraiment solide », affirme-t-il en se remémorant l’émotion qui l’avait envahi en voyant sur scène Le Roy, la Rose et le Lou[p] (Ariane Roy, Lou-Adriane Cassidy et Thierry Larose) pour la première fois.

Le Roy, la Rose et le Lou[p] à Coup de coeur francophone en 2023. Photo par Morgane Dambacher.

Le musicien parle d’une « culture de dépassement scénique » qui prend l’écosystème d’assaut depuis quelques années, et dont ce dernier trio fait partie. Un courant qui émerge du rap, selon lui, et qui s’est concrétisé au Québec avec notamment les performances d’Hubert Lenoir, qui « se pitchait déjà dans les murs en 2014 [avec son groupe The Seasons] ».

« Maintenant, chez les artistes de la relève, on se demande qui va péter sa guitare en premier, qui sera le plus tannant, le plus énergique, qui va faire sauter sa crowd le plus haut et le plus longtemps », énumère Charles avec admiration. Après tout, cette tendance sert son festival. « Je pense qu’il n’y a jamais eu autant d’artistes intéressants à aller voir en spectacle », atteste-t-il.

Preuve à l’appui : les spectacles que lui, Simon et Alexandre ont le plus hâte de voir débarquer à Drummondville sont ceux de jeunes artistes, du moins de groupes nouvellement formés. La Sécurité (« peut-être que ma mère va aimer ça », de rigoler Simon), Loïc Lafrance, Le Roy, la Rose et le Lou[p] et Fredz sont de leurs coups de coeur.

« J’adore m’obstiner avec des journalistes et des artistes d’expérience qui parlent d’un âge d’or passé de la musique, exprime Charles. On fait bien de miser sur la jeunesse. Dans 10 ans, ce seront eux les headliners. »

La fête commence ce soir. Il reste des billets par ici.

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