crédit photo: Benoit Rousseau
Avishai Cohen

Festival de Jazz de Montréal 2023 | Avishai Cohen et son trio, l’art de savoir bien s’entourer

C’est dans un Théâtre Maisonneuve plein à craquer que Avishai Cohen est venu présenter son plus récent album, Shifting Sands. Un trio remarquable mettant en vedette la contrebasse bien sûr, mais encore plus certainement le talent indéniable de la batteuse israélienne Roni Kaspi. À seulement 22 ans, cette musicienne a carrément volé le show!

Ce dernier album n’est certainement pas le plus marquant de sa discographie, mais depuis 25 ans Avishai Cohen sait, comme on dit, se réinventer. Après avoir fait connaissance musicalement avec sa drummeuse sur Facebook, Avishai, un amoureux de  la musique n’ayant pas froid aux yeux, s’est entouré de jeunes talents, dont Guy Moskovich au piano qui est venu compléter le trio pour mettre en valeur de nouvelles lignes mélodiques.

Dès la première pièce, on a tout de suite pu constater la connivence des trois musiciens. Témoin de cette alchimie, la foule attentive a succombé à l’enchantement.  Avishai ne s’est pas contenté d’enchaîner les nouveautés : il a ressorti de l’album Seven Seas la pièce Dreaming pendant laquelle, courbé sur son instrument, il s’adonnait à une envolée improvisée bien sentie. Ses prouesses ont presque été éclipsées par celles de Kaspi à la batterie, ce qui est peu dire.

Sur Below du dernier opus, c’est le pianiste qui avait la vedette. Un tempo franchement moins vif que sur le disque. Son jeu était attentif et technique, un peu moins inspiré que ses congénères à mon avis. Peut-être intimidé par la foule qui était pourtant derrière lui, le pianiste paraissait intellectualiser son jeu. Contraste dans le trio. Faut dire qu’on l’entendait un peu trop, lui-même visiblement agacé en faisant signe aux techniciens de son de rééquilibrer le tout.

Par la suite, sur Intertwined, dans laquelle le piano prend beaucoup d’espace, son jeu s’est grandement raffiné. Il a semblé beaucoup plus à l’aise lorsque le problème de son fut réglé.  Un touché empreint d’une certaine grâce et des improvisations mélodiquement sublimes ont su charmer la foule, notamment dans Dvash, qui a suivi et a permis de voir la connivence entre les membres du trio. On a pu constater beaucoup d’écoute entre les membres du groupe. Aussi il était agréable de voir à quel point Avishai est un vrai fan de la « dextérité » de ses collègues.

Photo par Benoit Rousseau.

Il a ensuite enchaîné avec Chutzpan de son album Gently Disturbed . La cadence sur cette version était insoutenable, mais le trio a réussi. La pièce qui débute pourtant lentement s’est transformée en véritable course contre un métronome imaginaire. Le solo du contrebassiste vedette dans ce morceau était particulièrement impressionnant. Cependant, la véritable démonstration de son talent à cet instrument a été dans Shifting Sands où il s’est entre autres servi de sa contrebasse comme d’une percussion. Fascinant!

Cela pour revenir au thème de Seven Seas, une belle ellipse dans son univers mélodique. Je m’en voudrais de ne pas souligner à la fin de celle-ci l’improvisation prodigieuse de Roni Kaspi à la batterie. La foule a cru bon de lui offrir une ovation debout au beau milieu de son improvisation, ébahie par une telle adresse. Pratiquement possédée par son instrument, cette musicienne est mon véritable coup de cœur de ce spectacle. Roni Kaspi se produit d’ailleurs avec son propre trio aujourd’hui, 1er juillet, sur la scène extérieure TD.

À la fin de la soirée, le Festival de Jazz a remis à Avishai le Prix Miles-Davis, le plus grand honneur du festival. On peut dire après la superbe prestation de ce soir que personne ne s’est demandé pour quelle raison il méritait un prix si prestigieux.

Photo par Benoit Rousseau.

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