crédit photo: Mathieu Teissier
David Numwami

Entrevue avec David Numwami | Regarder de l’avant

Après un premier EP lancé à l’été 2021, David Numwami reprend du poil de la bête et fera paraître un nouveau projet au début de l’année prochaine. L’artiste bruxellois se produira ce vendredi au Ministère dans le cadre du festival Coup de cœur francophone.

L’entrevue débute.

J’ai l’impression que ce que j’ai commencé à faire n’aura rien à voir avec ce que j’ai pu faire avant.

David Numwami, musicien bruxellois dans la fin de la vingtaine, s’est fait plutôt discret depuis la parution de son excellent EP, Numwami World. Après une relation de 10 ans qui a pris fin, l’artiste a préféré attendre et puiser dans un nouvel amour que dans un cœur brisé en rencontrant une nouvelle compagne.

« Ça a tout changé, ça m’a fait écrire plein de morceaux. J’en ai gardé cinq », détaille David Numwami sur son EP au nom de I Love You, déjà finalisé.

D’abord autodidacte dans sa manière de créer, David Numwami a préféré s’entourer d’autres personnes dans la conception de ses projets futurs, avec un premier album actuellement en gestation.

« Quand tu es un seul homme à essayer de composer un morceau, il n’y a rien à faire, tu es fatigué à un moment. L’énergie que tu as mise dans trouver ton son de kick, tu ne sais plus la mettre dans trouver une mélodie, par exemple, explique Numwami. Avoir plusieurs cerveaux dans le studio, ça change tout », poursuit l’artiste, rajoutant que ses prochains projets seront plus poussés, « mieux », de ses mots.

Alors que la notion de la gloire est abordée par Sors-tu?, David Numwami tricote de longues minutes sur le concept, avant d’en retenir : le succès ne le préoccupe pas forcément.

« La question du succès, de savoir si un morceau va marcher ou pas, je n’y pense pas, d’une part parce que je n’ai pas vraiment de contrôle dessus, lance Numwami. Ça ne me fait pas peur, parce que je sais pas du tout ce qui m’attend. Peut-être que ce qui m’attendra, c’est qu’il n’y ait jamais spécialement de succès. Peut-être que ce sera qu’il y ait beaucoup de succès, et puis plus du tout. Peut-être que c’est qu’il y aura du succès quand j’aurai 50 ans, lâche à répétition l’artiste. La destination des morceaux ne me concerne pas. »

Ce ressenti de détachement de David Numwami envers l’industrie musicale se traduit par les décisions commerciales du musicien. Après avoir lancé son propre label, le Bruxellois a signé dans ses rangs Mathieu Teissier, un collègue et ami, l’aidant également dans le visuel de son propre univers musical, en plus de tenir une boîte d’édition appelée I Love Everybody.

Remettant en question cette phrase énoncée durant une autre entrevue, ayant d’abord collé au personnage, David Numwami y trouve une alternative moins radicale.

« Ce serait dur de vraiment aimer tout le monde. Il faudrait vivre 100 milliards d’années, consacrer du temps à tous. « I like most people » peut-être [rires]. »

Bruxelles, ma belle

David Numwami habite dans la capitale de la Belgique depuis son enfance. Les mots du musicien envers sa ville tiennent de la douceur d’une brise de printemps.

« Quand je vois la lumière de Bruxelles qui se reflète sur les bâtiments, qui est une lumière jaune, parfois rose, c’est un peu comme regarder ma maman dans les yeux. C’est un sentiment d’amour assez profond, c’est un sentiment de connaître un endroit, et puis une ville aussi qui fait qu’on s’y sent bien. Il y a des musiciens tellement talentueux, avance l’artiste. Tu peux faire la musique que tu veux, il y aura toujours quelqu’un qui t’écoutera. Tu peux organiser un concert, il y aura toujours des gens qui viendront. Tu sens un peu son cœur qui bat », remarque David Numwami, faisant également un rapprochement entre le caractère chaleureux des Bruxellois et des Montréalais.

À la manière d’Angèle, son frère, de Jacques Brel, Damso ou Dick Annegarn, David Numwami a dédié l’un des titres de son premier EP à sa ville, Bruxelles-Sud.

Un autre Bruxellois pas encore nommé avec qui Numwami rêverait de collaborer un jour : Hamza. « J’adore, je trouve que ses mélodies sont trop belles », informe-t-il à propos de l’auteur de 1994.

* Photo par Leonhard Niederwimmer.

 

Une nécessité

Si un grand nombre des morceaux de David Numwami n’ont pas (encore) trouvé le chemin des plateformes, le musicien bruxellois n’arrête jamais une seule seconde de composer.

« Pour moi, [faire de la musique] est aussi évident que de respirer. Je ne pourrais jamais m’en empêcher. Même quand je serai vieux, même si je perds l’audition ou quoi, j’essaierai de trouver un moyen », explique David Numwami, quand on ne lui souhaite pas une fin de parcours à la Beethoven non plus. « Je me réveille le matin, et vraiment je pense à de la musique direct. Et pendant la nuit je rêve de musique aussi », renchérit l’artiste.

Dans le courant de l’entrevue, David Numwami entend le morceau Sylvia Says, de Charlotte Gainsbourg, dans les enceintes du café Tabac Villeray. Les souvenirs ressurgissent, puisque le musicien a accompagné la créatrice du morceau à la basse pendant des mois en tournée. « À l’époque, je préférais accompagner. Mais j’ai eu l’impression que j’ai un peu fait tout ce que je pouvais faire. Je pense que j’étais arrivé à un stade où une tournée de plus ne m’aurait pas fait plaisir. Quand tu accompagnes quelqu’un, ça donne tellement d’idées, [tu ne peux qu’avoir] envie ensuite d’enregistrer tes propres trucs. »

 

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David Numwami informe qu’il n’avait pas tenu d’entrevue depuis des mois, heureux que la cadence recommence. De fait, un simple paraîtra dans le courant du mois, d’après l’artiste.

« Let’s go, on se rejette dans le vide. Après deux ans et demi, c’est marrant. »

Pour retrouver David Numwami en concert, il reste encore des billets pour ce soir en cliquant ici!

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