Moby Dick

Moby Dick au Théâtre du Nouveau Monde | Adaptation maladroite mais visuellement épatant

La baleine géante mythique d’Herman Melville, Moby Dick, débarque au Théâtre du Nouveau Monde cet automne, dans une adaptation de Bryan Perro, soutenue par une mise en scène de Dominic Champagne. Retour.

On retrouve ici l’histoire mythique, devenue presque légende, de Moby Dick, ce cachalot titanesque ayant défiguré et mutilé le capitaine Achab, chef du baleinier le Péquod.  Entêté à venger son orgueil et son équipage, il se lancera à la poursuite du monstre, à sa perte.

Il s’agit là d’une épopée ambitieuse et bien sûr, la plus grande qualité de cette adaptation est la mise en scène, imaginée par Dominic Champagne. Il n’est pas réellement surprenant que le visuel soit impressionnant et surtout astucieux: c’est la force de Champagne. Son inventivité est inépuisable et il arrive, par des décors imposants, des projections judicieusement disposées ou des assemblages insoupçonnés d’éléments de décor, à rendre le sens de l’aventure et du danger de la mer, à travers les trois murs limitant d’un théâtre.

Photo de courtoisie par Yves Renaud

Photo de courtoisie par Yves Renaud

Ainsi, le contenant est magnifique, mais le contenu, un peu moins. On s’y perd, on se questionne. Difficile, parfois, de simplement se laisser emporter par l’histoire ou les émotions. Celles-ci sont parfois d’une violence et d’une intensité presque barbares, à un point tel qu’elles ne touchent pas le spectateur, mais le laisse le sourcil froncé, incertain. Les élans de rage ou de folie sont souvent mal justifiés. L’oeuvre se voulant pourtant une métaphore au monde moderne, au capitalisme et au combat constant que mène l’Homme contre la nature – au détriment de cette dernière – elle semble rater la cible.

 

Adaptation maladroite

Le problème réside peut-être au niveau du texte, qui saute constamment du narratif au dialogue, tel un roman. On nous fait la lecture. Les passes narratives du jeune Ishmael, protagoniste de l’histoire, sont agaçantes, voire maladroites.

L’idée de faire parler la baleine à travers les cris et les élucubrations d’une voix stridente est intéressante et fait planer sur la pièce un sentiment de danger imminent constant. On sent la présence de Moby Dick du début à la fin, tel un esprit survolant la scène. Mais l’interprétation de Frédérike Bédard est parfois agressante, voire déconcertante, laissant le spectateur perplexe.

Le jeu le plus marquant revient bien sûr à Normand D’Amour, dans le rôle du capitaine Achab, dont la capacité à transmettre une rage remplie d’amour et d’orgueil est toujours aussi puissante. Mention aussi à Jean-François Casabonne, dans le rôle de Queequeg, ce prince « sauvage » cherchant à rentrer sur son île, dont la force de caractère était rendue avec grâce.

Même si elle est visuellement impressionnante, Moby Dick ne marquera pas particulièrement l’imaginaire. Pour les amateurs du roman de Merville, il peut être intéressant de le voir prendre forme sur scène, mais on n’en ressort pas chamboulé ou concerné par l’enjeu.

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Moby Dick est présenté au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 17 octobre 2015.

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