Marketa Irglova

Critique album: Marketa Irglova – Anar

Marketa Irglova - Anar Marketa Irglova Anar

La chanteuse et musicienne tchèque Marketa Irglova profite d’une pause dans la carrière de son groupe The Swell Season, dont elle fait partie avec Glen Hansard, pour nous proposer ce premier disque solo, intitulé Anar. Celui-ci contient une douzaine de chansons très intimistes, empreintes de nostalgie, de tristesse, et de cette touche magique que seule possède cette jeune musicienne à la vieille âme.

Anar est le mot persan pour « pomme grenade » qui, pour Marketa Irglova, représente quelque chose de très simple à l’extérieur, mais dont l’intérieur se révèle riche et merveilleux.

Le disque a été réalisé par Irglova et son mari Tim Iseler dans la ville de Chicago. Bien que les compositions – toutes signées Marketa Irglova, excepté la chanson traditionnelle Dokhtar Goochani – portent la marque de la musicienne et rappellent ce qu’elle nous avait offert sur les albums de The Swell Season (la même mélancolie, la voix douce et affectée), Anar marque une évolution dans le style de Marketa Irglova.

Par exemple, le premier extrait du disque, Go Back, est d’inspiration soul et met en vedette les cuivres de Jake Clemons (sax), Jaimie Branch (trompette) et Jeb Bishop (trombone), ainsi que la basse de Tim Iseler qui domine sur la pièce et lui donne son groove entraînant. S’ajoutent à cela les chœurs (Aida Shahghasemi et la documentariste Zohreh Shayesteh), ainsi que la voix de Marketa Irglova.

Ceci dit, la totalité des chansons est menée par le piano. Lancinantes, douces, ses envolées nous transportent ailleurs. L’intro de Crossroads rappelle un peu les premières notes de la pièce intitulée The Swell Season sur l’album du même titre en 2006. Un piano d’une grande vulnérabilité, juxtaposé au jeu subtil du batteur de jazz Frank Rosaly, qui se complémentent parfaitement.

Parmi les meilleurs moments du disque, notons également la chanson d’ouverture, Your Company, déchirante de beauté, et For Old Times’ Sake, sur laquelle le bon dosage de piano, de batterie et de cuivres élève cette chanson vers des sommets de magnificence.

 

Passé riche pour une jeune musicienne

À seulement 23 ans, Marketa Irglova, possède une feuille de route plutôt impressionnante. En 2006, elle s’associe à un musicien irlandais dans la trentaine nommé Glen Hansard, avec lequel elle forme le duo The Swell Season et enregistre un album portant le même nom. S’ensuit un film indépendant, Once, dans lequel Irglová et Hansard tiennent les rôles principaux en 2007 et qui prend la critique et le public par surprise.

Viennent ensuite les prix Grammy pour la bande sonore du film, un Oscar pour la désormais célèbre chanson Falling Slowly, des tournées mondiales, une apparition dans The Simpsons, une chanson sur la bande sonore du film I’m Not There, ainsi qu’un autre album avec The Swell Season en 2009, Strict Joy, qui reçoit également de bonnes critiques.

Et maintenant ce disque, Anar, son premier effort solo, qui marque un jalon de plus dans cette carrière qui a débuté en grand.

Sa musique n’en est pas une qui est formatée pour les radios commerciales; cette soul mélancolique n’est pas pour tous les publics. Et la voix de la chanteuse, quoiqu’adaptée à son propre matériel, ne possède pas la puissance ni l’attrait mercantile d’autres chanteuses plus à la mode. Difficile d’imaginer la jeune femme acquérir un large public grâce à ce premier album.

Celui-ci risque de plaire aux fidèles amateurs de The Swell Season, et peut-être gagner quelques personnes de plus, mais Marketa Irglova a du chemin à faire encore avant d’atteindre les sommets des ventes de disque.

Ceci dit, si vous êtes en quête d’une musique somptueuse, accompagnée de textes matures et réfléchis, et interprétée par des musiciens talentueux, ne cherchez plus; Anar est pour vous.

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