Céu

Critique Album: CéU – Caravana Sereia Bloom

Céu - Caravana Sereia Bloom Céu Caravana Sereia Bloom

Maria do Céu Whitaker Poças, dite simplement Céu, rapplique avec un troisième album qui s’impose, avec ses touches psychédéliques et groovy, plutôt que de se glisser subtilement en musique d’arrière-plan agréable et décontractée.

Visiblement, la reconnaissance engendrée par Vagarosa, petit bijou de musique brésilienne suave et envoûtante paru en 2009, n’a pas incité la belle chanteuse de São Paulo à jouer de prudence sur ce nouveau disque, disponible depuis mardi sous l’étiquette Six Degrees.

Évoquant davantage l’héritage du tropicalisme que la sage bossa nova mille fois entendue, Céu puise son inspiration autant (sinon plus) dans les explorations de Os Mutantes que dans la mélancolie de Jobim (tout de même présente dans des titres comme Palhaço).

Dans Contravento, la samba prend des airs rafraîchissants par le biais d’arrangements inventifs, de synthés qui détonnent avec la simplicité du chant de Céu.  Plus tard, on s’imaginerait bien Baile de Ilusão faire partie d’une trame sonore d’un film de Tarantino par son aspect cool, vaguement rétro et ses arrangements ludiques. Le premier extrait, Retrovisor, dispose des mêmes qualités, jusqu’à ce qu’une audacieuse rupture de ton (et de rythme) nous plonge dans un soudain spleen chimérique.

Les influences jamaïcaines trouvent aussi leur chemin sur le reggae ensoeillé You Won’t Regret It. Dans le même registre, Asfalto E Sal exploite davantage le volet ska des mêmes influences, comme l’autre côté d’une même pièce de monnaie.

Bien que la majorité d’entre nous peinent à capter les thématiques des chansons proposées ici (à moins de maîtriser le portugais ou de faire confiance à Google Translate pour saisir l’esprit d’un texte de chanson), on raconte que Caravana Sereia Bloom est né sous le signe du voyage. Avec une telle variété de parfums, difficile d’en douter.

L’auditeur aussi voyage, d’un pays à l’autre, d’un paysage à son contraire.

Impossible de passer sous silence certaines ressemblances avec Bebel Gilberto, qui avait grandement contribué à mousser l’intérêt nord-américain pour la musique populaire brésilienne au cours des années 2000. Céu fait toutefois preuve d’un esprit un peu plus aventureux et d’une plus grande variété de tons et d’approches.

Une belle réussite, exotique et étonnante, qui amalgame tradition et imagination.

Céu sera de retour à Montréal le 30 juin 2012 afin de présenter le contenu de ce nouveau disque. Le concert se tiendra au Club Soda dans le cadre du Festival de jazz de Montréal.

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