Tycho

Tycho au Metropolis | Un chef-d’oeuvre en deux actes

Scott Hansen, alias Tycho, était de passage dimanche soir à Montréal dans le cadre de sa tournée nord-américaine. Sur fond visuel d’un soleil toujours ardent à l’image de la pochette d’« Epoch », l’Américain confirme toujours plus sa réputation de producteur hors-pair en offrant aux spectateurs du Métropolis un concert en deux actes rondement bien mené.


Avec cinq albums à son actif, Tycho n’est pas à son premier essai loin de là. De toute évidence, sa maîtrise artistique se ressent à mesure que le concert progresse puisque le natif de Sacramento s’occupe à la fois de jouer, de composer mais aussi programmer tout un arsenal visuel décapant.

Sur scène, Scott Hansen s’entoure aussi depuis sept ans d’autres musiciens que ce soit à la batterie, à la basse, à la guitare ou aux synthétiseurs. Pour cette tournée nord-américaine, ils sont donc trois à le soutenir dans ce spectacle de chillwave saisissant rappelant certains artistes du genre tel que Washed Out.

 

Un maigre public bien chanceux

Malheureusement rempli à moitié, le Métropolis est tout de même chanceux d’accueillir un artiste de cette trempe pour clôturer son mois d’avril. Et si dehors la pluie était de la partie, passer une heure et demi en compagnie de Tycho réchauffait résolument les esprits.

Parce que oui, Hansen est un esthète : sa musique soyeuse et délicate s’accompagne de vidéos aux couleurs chaudes. Les éléments naturels (feu, ciel, nuages, vagues), les paysages du monde (montagnes, déserts, océans) ou encore l’omniprésence des images de surf nous font voyager avec lui, et ce dès les premières notes de Glider en ouverture.

Chacun des musiciens est à son affaire et aucune bavure ni imprécisions ne viennent écorcher les morceaux de Tycho. Puis s’enchaînent les excellentes Dive et Source où les notes étouffées de la guitare murmurent aux oreilles de l’audience, tel un vent soufflant sur les dunes de sable en arrière plan. Une poésie visuelle qui s’arrime parfaitement à celle auditive puisque la variation des ambiances, passant du downtempo à la dance, est fluide. Cela démontre toute l’étendue des qualités d’arrangeur chez Tycho.

Durant le concert, les musiciens n’hésitent pas à inter-changer leurs instruments, le guitariste récupérant la basse pendant que le claviériste se charge de la basse. On ne sait plus qui fait quoi initialement. Mais c’est là la beauté de ce concert qui ne baisse pas de rythme, sauf entre les morceaux où là les musiciens prennent tout de même leur temps pour s’installer. Rien de grave lorsque l’on considère cette musique comme remède au stress.

tycho-montreal-2017-001

Un spectacle en deux actes

Se poursuit A Walk avec ses sonorités très apaisantes toutes en transitions qui aboutissent vers un rock progressif à la sauce chillwave. Ceci avant la venue sur scène de Thomas Mullarney, chanteur du groupe Beacon qui a performé en première partie. Un duo formé avec Jacob Gosset fonctionnait sans être transcendant, la faute peut-être au profil du chant qui s’insère mal dans ce style musical où la gestion harmonique supplante tout le reste. En s’invitant sur le titre See, Mullarney a finalement confirmé que le chant se doit d’être peu distinctif afin de conserver tout le jus de la force auditive que déploie Tycho.

Cette force auditive, elle se poursuivra après un procédé inhabituel d’un entracte. Dix minutes plus tard, le retour sur scène du quatuor se fait parfaitement avec Ascension puis plus tard Apogee. Des noms courts dont les symboles sont forts. L’apogée est vraiment palpable puisque le public s’enivre sur la connue Awake dont la précision rythmique est chirurgicale. Ça danse ensuite sur Horizon avant de succomber pour le rappel aux arpèges de Hansen sur Daydream.

Tout de blanc vêtu, l’artiste basé à San Francisco orchestre enfin Montana, sublime titre de l’album Awake sortit en 2014. Sur un rythme dance, le batteur (très bon techniquement ce soir-là) se déchaîne avant que la seconde partie du morceau libère une série d’accord tous plus atmosphériques les uns que les autres. Une finale fantastique donc pour un chef-d’oeuvre qui laissera sans doute son empreinte dans les entrailles du Métropolis.

 

Liste des chansons

  1. Glider
  2. Dive
  3. Source
  4. PBS
  5. Rings
  6. A Walk
  7. L
  8. See
  9. Hours
  10. Epoch
  11. Ascension
  12. Receiver
  13. Apogee
  14. Awake
  15. Horizon
  16. Division
  17. Daydream
  18. Montana

Vos commentaires