crédit photo: Jean-Charles Labarre
Salvatore Adamo

Salvatore Adamo à la Salle Wilfrid-Pelletier | Grande Salvatore!

Peu oseraient se targuer d’avoir mené une carrière aussi longue et aussi riche que celle de Salvatore Adamo. De passage à Montréal pour la première fois depuis 2010, l’auteur-compositeur-interprète italo-belge présentait mardi soir son dernier spectacle Adamo, c’est ma vie à la Salle Wilfrid-Pelletier, devant un public charmé par l’idée de retrouver leur romantique fétiche.

Dès son entrée en scène accompagnée des premières notes de C’est ma vie, le chanteur de 79 ans se mérite une ovation de la part des spectateurs, essentiellement composés de personnes de l’âge d’or.

Vêtu d’un complet bleu foncé dénotant une élégance qui lui est propre, Adamo a interprété plus d’une trentaine de titres durant deux heures et demie, piochant dans de vieilles chansons qui lui ont procuré la gloire durant les années 1960 tout comme dans un répertoire plus récent, révélant sa nouvelle manière de créer.

De la douce et mélancolique ballade sicilienne Tombe la neige, la chanson préférée de ses parents Concetta et Antonino, à des morceaux plus entraînants, notamment le presque rock La vie encore, tiré de son album de 2010, De toi à moi, Adamo ne fait pas seulement voyager la foule entre les époques, il l’amène tout autant à voguer entre les styles, à l’aide de ses huit musiciens.

La voix aiguë et distincte de sa jeunesse n’est plus, mais sa douceur, sa fragilité et sa bienveillance sont quant à elles bel et bien restées. Si Jacques Brel surnommait son compatriote belge « le tendre jardinier de l’amour », ce n’est pas sans raison : Salvatore Adamo chante l’amour comme on ne le chante plus aujourd’hui, et comme une poignée ont su le chanter avant lui.

* Photo par Jean-Charles Labarre.

À l’aise sur scène — et c’est en minimisant le propos — l’expérience du chanteur est incomparable. Il est nécessaire de rappeler que Salvatore Adamo, c’est avant tout 60 ans de carrière, des chansons enregistrées dans une dizaine de langues et des milliers de concerts à travers le globe. Mais Salvatore Adamo, c’est aussi 100 millions de disques vendus, plus que n’importe quel autre artiste en Belgique, le plaçant indéniablement au rang d’idole francophone du siècle dernier.

Cette prestance lui permet d’échanger avec naturel et assurance : il fait chanter son public, il le fait taper des mains, danser, il crée une réelle connexion.

L’un des clous de la soirée : la référence d’Adamo à Claire Trudeau, dame de 101 ans présente dans la salle et pour qui le chanteur a adapté en français le morceau de Gilbert O’Sullivan Clair dans son dernier album In French Please!, paru au début de l’année.

Tout n’apparaissant pourtant pas rose, il faut avouer que la logistique n’était pas au top au courant de la soirée. Les transitions techniques parfois peu maîtrisées entre les titres d’Adamo ont créé des séquences de flottements maladroits, au point que le chanteur dû en plaisanter avec la foule : « C’est le premier concert, on n’a pas encore les automatismes donc je fais le ménage », lance-t-il sous les éclats de rire.

Énergique, Salvatore Adamo s’accordait tout au long de la représentation quelques petits pas de danse sous un air presque espiègle, alors que l’artiste soufflera ses 80 bougies en novembre prochain.

Si Adamo est avant tout un sentimental, c’est aussi un artiste engagé et conscient. Il dénonce à travers le concert la situation des migrants dans un titre éponyme, partageant en connaissance de cause la « douleur de quitter son pays », tout en rendant hommage à l’ambition de Martin Luther King dans le titre Un Rêve ou en interprétant son succès de 1967, Inch’Allah, le texte de ce dernier qui fantasme sur une paix israélo-palestinienne.

* Photo par Jean-Charles Labarre.

Encore une fois, Adamo est avant tout un sentimental : une guitare à la main, le chanteur italo-belge a offert à la Salle Wilfrid-Pelletier un medley de ses plus belles odes à l’amour de la décennie 60, combinant entre autres À demain sur la lune, Quand les roses ou encore Sans toi ma mie, réalisée alors qu’il était âgé d’à peine 19 ans.

* Photo par Jean-Charles Labarre.

Terminant le concert en rappel par les classiques Vous permettez, Monsieur? et Les filles du bord de mer, comportant pour les oreilles les plus attentives une brève référence au rockeur flamand Arno, mort l’année dernière, qui avait repris la chanson dans son album de 1993, Idiots Savants (« Je l’ai refilé à mon pote Arno, qui l’a emmené danser là-haut. Salut l’ami »), Salvatore Adamo a dit au revoir à la Place des Arts et au Québec de la plus belle des manières, avec une version acoustique de La Manic, de Georges Dor.

Encore une fois, ce n’était qu’un au revoir à la Place des Arts et au Québec pour Salvatore Adamo, ses admirateurs l’espèrent. Suivant son passage à Montréal, Adamo restera encore dans la province jusqu’au 14 mai, pour neuf autres dates.

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