crédit photo: Sasha Onyshchenko

Roméo & Juliette à La Place des Arts | Malheureux décalages

Les Grands Ballets Canadiens ont fait un pari risqué en reprenant Roméo et Juliette, histoire oh combien célèbre ces deux jeunes tourtereaux véronais aux familles belliqueuses et à l’amour impossible. Malheureusement, une mise en scène outrageusement colorée et un potentiel manque de rodage ne furent pas à la hauteur de la sensibilité et de la technique des danseurs.

Le rideau se lève, le corps de ballet et les personnages principaux entrent en scène. Dès les premiers instants, il est complexe de déceler qui appartient à quel clan, alors que ces deux familles, les Capulet et les Montague, sont généralement si bien dissociées.

Roméo, Mercutio et Benvolio, respectivement ami et cousin de Roméo, sont déjà tous trois sur scène, faisant des simagrées qui détonnaient du ballet classique, ce qui était déjà très agréable comme ouverture. Mercutio et Benvolio étaient indubitablement les personnages les plus attachants et les plus vivants de la pièce. Leur dynamisme et l’aisance de leurs cabrioles parfois complexes et acrobatiques rendaient leur performance délectable. Dès qu’ils étaient sur scène, il n’y avait plus aucune longueur, chose qui n’était pas toujours vraie lorsque certains duos foulaient les planches.

Crédit : Sasha Onyshchenko

Un peu plus tard, Juliette fait son entrée. Kiara DeNae Felder était le choix parfait pour interpréter ce rôle. Ses lignes, sa grâce et l’agilité de ses sauts donnaient l’impression qu’elle flottait sur scène. En plus de ces prouesses techniques, la sensibilité et la vérité qu’elle a réussi à mettre dans l’interprétation de Juliette étaient justes et efficaces. Malheureusement, cela détonnait parfois avec son Roméo. Bien que le jeu de Hamilton Nieh soit juste et sans fioritures, l’aspect technique de son interprétation ne semblait pas égaler celui de sa partenaire, ni celui de certains de ses comparses.

Au-delà de la danse en elle-même, la première chose qui frappe le regard de plein fouet est la couleur des costumes. Une palette de couleurs tape-à-l’oeil, mais douteuse, qui comprend des verts néon, des fuchsias pétants et des motifs géométriques comprenant une pléthore d’autres couleurs trop vives. En plus de ne pas faciliter la distinction entre les différents personnages, d’un point de vue esthétique, les costumes ne mettaient pas les danseurs et les danseuses particulièrement en valeur.

Crédit : Sasha Onyshchenko

Pour ce qui est de la scénographie, la scène était par moments transformée en une sorte de clairière, tantôt en place publique. Le décor était assez chargé, mais pas trop encombrant visuellement, sauf pour une guirlande passant de part et d’autre de la scène en hauteur. Les éclairages marquaient bien les changements d’ambiance et rendaient les transitions entre les différentes scènes intéressantes.

Certaines parties de groupe, bien qu’elles soient intéressantes à regarder de par leurs déplacements et la difficulté des mouvements exécutés, ne semblaient pas parfaitement rodées. Sans être désastreux, certains enchaînements étaient très inégaux parmi les danseurs, et ce, à plusieurs reprises. Certains sauts étaient faits à des hauteurs et des intensités gravement différentes et certains mouvements manquaient de synchronisme.

Crédit : Sasha Onyshchenko

L’habileté des danseurs et la qualité de leur formation ne sont pas à remettre en question, mais la mise en scène ne les a certainement pas aidés à mettre de l’avant leur sensibilité artistique et leurs prouesses techniques. Pari risqué, à demi réussi.

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