crédit photo: Gab Girout

Metro Metro 2022 – Jour 3 | Un gros dimanche avec 50 Cent, Loud, DaBaby, Lil Tecca

Troisième journée à faire trembler Hochelaga pour Metro Metro 2022, et aucun signe de ralentissement. On entend les vrombissements de basse dès qu’on passe le viaduc sur Ontario. Rendu coin Davidson, on jurerait même entendre les cris de la foule. Arrivés sur Pie-X, on croise des Rolls Royce et on entrevoit des jeunes profiter du chantier à proximité pour voler une échelle et escalader les remparts du Stade, question d’entrer sans billet au festival. « Faut se grouiller, Lil Tecca commence bientôt. » Ça va être un gros dimanche.

 

Un succès rapide

Il serait facile d’oublier, à voir son ampleur, que Metro Metro n’en est qu’à sa deuxième édition. Rares sont les évènements qui attirent autant les foules après si peu d’années derrière la cravate, et encore plus rares sont ceux qui sont capable de les contenir.

* Là, on ne dit pas que y’a pas eu d’accrocs au cours de cette fin de semaine. Juste dimanche, on a vu notre lot de bagarres, de conneries et de gens qui défoncent des grilles de parking pour entrer par effraction. Mais overall, ce n’est pas le négatif qu’on retient.

Et c’est sûr que quand tu reçois des artistes de la popularité de Lil Tecca, DaBaby (ben oui, y’est encore populaire ça a l’air), Loud et *petit ajout* 50 Cent, faut s’attendre à ce que ça bouge un peu.

Ce dimanche accueillait aussi des artistes locaux très bien choisi·es, dont Tyleen, DJ Kelly et 5sang14 (moins White-B, pour cause de y’est en tôle, mais ils ont invité Souldia pour compenser), mais concentrons-nous sur les 4 têtes d’affiches, parce que sinon on va être icitte toute la journée.

 

LIL TECCA

Lil Tecca est la preuve vivante que le concept de « la tête de l’emploi » est désuet. On parle ici d’un jeune homme à lunettes, assez chétif (selon nos calculs, il rentre environ cinq Lil Tecca dans un 50 Cent), mais capable de rivaliser en énergie et en attrait avec n’importe lequel des rappeurs les plus épeurants. 

Parlant d’épeurant, à un certain moment, l’artiste a simplement arrêté de performer et a passé un bon moment à regarder, dans le silence, les yeux béants et l’air incrédule, la foule se déchaîner. Et par « se déchaîner » on veut dire que les gens tombaient dans les pommes en grand nombre et que les moshpits commençaient à avoir des allures de désastres. 

On est sûrement pas les seuls à avoir eu une pensée pour Astroworld à ce moment-là. Lil Tecca inclus. Mais à notre connaissance, tout est resté vaguement sous contrôle. 

« Yo, tear up responsibly. » de lancer le rappeur en guise de mise en garde.

C’est sûr que s’il voulait ne pas jeter d’huile sur le feu, peut-être que d’inviter BabySantana à le rejoindre et à se lancer dans la foule pour performer un verse, c’était pas son meilleur flash.

En tout cas.

Au-delà de ces quelques accrocs, reste que c’est cette performance qui a réchauffé le public et a mis la table pour le reste de la soirée.

Ah et, Lil Tecca portait un plaster à la joue. Peut-être s’était-il réellement coupé à cette endroit, mais on préfère y voir un hommage à Nelly. Parce que y’a pas assez d’hommages à Nelly en ce bas monde.

 

DABABY

Juste mentionner, d’entrée de jeu, que fuck DaBaby et ses propos homophobes.

*Il a tenté de se rattraper hier, en lançant des « I love you, whether you’re straight or gay », mais trop peu trop tard.

Bref ça c’est dit. 

De tout façon, peu importe ce que nous on en pense, ce sentiment n’était clairement pas partagé par beaucoup de membres de l’assistance, à voir à quel point l’artiste a été adulé dès son entrée sur scène. Les cris fusaient de toute part, et ce, même avant qu’il ne se dénude (assez tôt dans la performance il a enlevé sa cagoule, qu’il a lancé dans la foule, puis son soulier droit, qu’il a lancé dans la foule, puis le gauche, puis le shirt, puis les pantalons, avant de juste se rhabiller dans un nouveau kit).

Donc force est d’admettre que le gars a quand même beaucoup d’aisance sur scène. Pour tous ses défauts, il reste un solide animateur de foule avec plusieurs gros hits dans son catalogue. Hits comme Rockstar et BOP qu’il a enfilé tout au long de son set, au grand plaisir du public.

Il a aussi passé une grande partie du spectacle debout sur les grilles au niveau de la foule, d’où il prenait le temps d’interagir avec ses fans et de poser pour eux. 

Mais reste que fuck DaBaby et ses propos homophobes.

 

LOUD

Samedi, on a vu Loud à Santa Teresa. On a dit qu’il était là le point fort de la soirée et que l’emprise qu’il avait sur la scène musicale de la province était indéniable.

Dimanche, on a vu Loud à Metro Metro et ça nous a fait remettre en question pas mal tout ce qu’on avait dit la veille.

Pas que le spectacle était moins bon, au contraire c’était encore plus tight, et en plus d’inviter Lary Kidd à le rejoindre, il a aussi amené avec lui Souldia et 5sang14. Sa performance était béton, Ajust était bon, leur drummer était bon, toute.

Mais là où notre vision s’est rajusté, c’est que s’il est vrai que Loud est au top à Santa Teresa, devant une foule un peu plus vieille et pas mal entièrement caucasienne, à Metro Metro, devant une horde plus jeune et plus cosmopolite, c’est pas la même game.

Ici, Loud n’est pas un inconnu, mais… pas loin tsé.

Y’a pas de foule en délire pour Loud à Metro Metro. Y’a pas vraiment de pit. Y’a pas tant de gens qui scandent les paroles.

C’est fou comment les médias traditionnels québécois brouillent la réalité, hein. À lire le Devoir et écouter la radio, on croirait que Loud est le plus gros artiste hip hop dans la province et qu’il définit le son de la jeunesse. Sauf qu’en vrai de vrai, la culture n’est pas shapée par des trentenaires qui travaillent en publicité et qui s’ennuient de LLA, mais bien par les jeunes qui étaient là hier à Metro Metro à ne pas trop savoir pourquoi y’a un gars qui leur chantent doucement que toutes les femmes savent danser.

 

50 CENT

Savez-vous combien de hits 50 Cent a?

Énormément, est la réponse.

Et c’est clairement le point que l’artiste était là pour prouver hier. Il était là pour donner un bon spectacle, of course, mais on sentait qu’il était surtout là pour rappeler au monde à quel point il a dominé une époque entière et à quel point il a façonné un moment musical à lui tout seul.

Pour vous donner une idée de combien de hits il a, y’a une partie de la performance où 50 ne faisait que commencer quelques secondes d’une chanson avant de passer à la prochaine. Et il a fait à répétition. 

Comme pour dire « j’ai fait celle-là itou ».

« How We Do? C’était moi ça. » 

« 21 Questions? Moi. »

« Just A Lil Bit? Moi avec. »

« Te souviens-tu de Disco Inferno? C’était moi. »

« Window Shopper? Moi moi moi. »

Un feu roulant de chansons qui ont marqué une génération au grand complet. Et on est même pas encore dans la catégorie des classiques, là.

Candy Shop. Many Men. P.I.M.P. In Da Club.

In Da Club. Jouée live. Par 50 Cent lui-même. À Hochelag. 

Si ça c’est pas un moment charnière, je sais pas ce que c’est.

Autre point positif, on s’attendait à un 50 rapidement essoufflé, vu toutes les jokes de cardio que son apparition à la mi-temps du Superbowl de cette année avait engendrées, mais finalement, il tient le coup, le gars.

Bon, il s’est fait longtemps attendre avant de commencer et a pris une petite pause mi-spectacle, mais il pouvait facilement prétexter le changement d’outfit à ce moment. Et de toute façon, si on voulait une performance plus physiquement intense, on pouvait se concentrer sur ses hypemen et danseuses.

50, lui, n’avait qu’à être là et à nous rappeler qui il est.

 

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