crédit photo: Tam Lan Truong
Orchestre FILMharmonique

Les Quatre Saisons de Vivaldi et de Piazzolla par l’Orchestre FILMharmonique | Du tango au baroque, de la neige aux bourgeons

L’Orchestre FILMharmonique, sous la direction de Francis Choinière, présentait vendredi et samedi à la Maison symphonique l’immense Quatre Saisons d’Antonio Vivaldi, avant de s’attaquer au penchant de l’œuvre d’Astor Piazzolla, compositeur contemporain argentin. La virtuose Isabella d’Éloize Perron s’est brillamment démarquée dans son rôle de concertiste. Une soirée aux allures pas forcément conventionnelles, mais qui a le mérite d’apporter un regard rafraîchissant sur le répertoire dans son intégralité.

L’ensemble à cordes et le clavecin s’attardent avant tout au classique de Vivaldi, débutant naturellement avec le Concerto no 1 en mi majeur, dit Printemps. Le grand orgue Pierre-Béique reçoit des projections rosées, qui changeront de couleur selon la saison interprétée (rose pour le printemps, donc, mais aussi vert pour l’été, rouge-orange pour l’automne et bleu pour l’hiver).

Le danger avec une œuvre comme Les Quatre Saisons : un regroupement d’airs aussi célèbres oui attire le grand public, mais ne laisse particulièrement pas place à l’erreur. Tous connaissent l’Allegro du Printemps, tous connaissent aussi le Presto de l’Été ou l’Allegro non molto de l’Hiver.

Après la naïveté du Concerto no 1 en mi majeur, place à l’oppressant Concerto no 2 en sol mineur. Le deuxième concerto permet à Isabella d’Éloize Perron, 24 ans, d’étaler toute sa palette technique, mais aussi de faire remarquer son interprétation parfois un peu plus libre de l’œuvre. Un glissando par-ci, un rallentando par-là : la version des Quatre Saisons de Vivaldi par l’Orchestre FILMharmonique ne colle pas à 100% à la partition originale. La direction est assumée, mais ne plaira pas forcément aux férus du baroque pur et dur, aux amateurs de la rigueur d’un Ensemble Caprice, par exemple. Perron affirmait d’ailleurs dans les pages de My Scena qu’elle « cherche à garder le répertoire frais chaque fois qu[‘elle] le joue ». Ça se ressent. Au point où le jeu passionné de la violoniste viendra écorcher quelques cordes de son archet.

* Photo par Tam Lan Truong.

« Ces temps-ci, on vit pas mal toutes les saisons en une semaine », lance Francis Choinière dans sa seule intervention parlée de la soirée, quelques secondes après la fin de l’entracte qui marque la séparation entre les deux œuvres du programme. Il est vrai que le mois d’avril ne semble réellement vouloir se positionner sur une température nette, et que les pièces présentées s’accordent particulièrement bien à cette étrange période climatique.

Choinière détaille la variation des Quatre Saisons par Piazzolla, avant de laisser place à une Isabella d’Éloize Perron maintenant vêtue d’une belle grande robe rouge, rappelant le style des danseuses de flamenco. Parce qu’après avoir titillé l’expressivité italienne, il est temps de prendre l’avion sans traverser l’océan, mais en se rendant plutôt en Argentine, à Buenos Aires, plus précisément.

La suite Las Cuatro Estaciones Porteñas a été écrite il y a une soixantaine d’années, et la composition semble être un choix approprié pour le style lyrique de la violoniste soliste et de l’Orchestre. L’œuvre de tango nuevo s’aventure autant dans le jazz que le contemporain, intégrant brillamment des airs des Quatre Saisons de Vivaldi entre les lignes des compositions. La deuxième partie est, d’un avis personnel, encore plus marquante et réussie que le premier segment du spectacle.

Les Quatre Saisons de Vivaldi et de Piazzolla par l’Orchestre FILMharmonique et Isabella d’Éloize Perron tourne actuellement à travers diverses salles d’Amérique du Nord. Les musiciens se produiront notamment au mythique Carnegie Hall dans deux semaines.

La Maison symphonique recevra une supplémentaire du spectacle le 19 mai prochain. Détails et billets par ici.

Vos commentaires