crédit photo: Marie-Claire Denis
Jungle

Jungle à la Place Bell | Les rois de la j.

Le collectif funk londonien Jungle se produisait ce samedi à Laval, devant une Place Bell malheureusement pas assez remplie à la hauteur de son talent. Dix ans après sa formation, le groupe parvient encore et toujours à esquisser les sourires et les pas de danse des plus timides.

Jungle, dans sa facette studio, préfère se retirer et laisser place à la musique seulement : des jaquettes d’albums similaires et épurées à chaque édition, des vidéoclips ne dévoilant habituellement pas les visages des membres du groupe et des débuts sous les mystérieux pseudonymes de « J » et « T » (avant d’être un collectif à grande échelle, Jungle ne comptait dans ses rangs qu’un duo).

Un reflet de sa performance sur les planches, dans une formule sans interruption et comptant sur des visuels grandioses détachant également l’attention de la foule sur leurs personnes.

 

Braver la jungle

Un énorme rideau rouge.

Le logo de JFC Worldwide, sa compagnie de production, projeté dessus.

Et puis, le mystérieux morceau Cristo Redentor diffusé en guise d’introduction une minute entière.

La sauce monte peu à peu.

Avant que le rideau ne tombe.

Le concert commence.

Débutant avec l’ouverture de son plus récent album, Us Against the World, Jungle joue essentiellement des morceaux de ce projet paru en août dernier dans le courant de la soirée. Ne laissant paraître d’abord que leurs silhouettes à contre-jour, les membres du groupe installent dès lors une ambiance festive particulièrement constante.

En jetant un rapide coup d’œil aux alentours, il s’avère presque impossible d’apercevoir quelqu’un d’assis, ou même ne se dansant pas au gré des morceaux.

Le collectif existe depuis 2013, même si la cadence de production semble avoir fort accéléré depuis les dernières années, comme, d’après les entrevues des membres, cette liberté qui leur est davantage accordée maintenant que Jungle évolue en tant que groupe indépendant.

Enchaînant sans pause sur Candle Flame, l’écran derrière les musiciens expose le rappeur américain Erick the Architect durant son couplet, collaborant sur le titre.

Si Jungle s’inspire essentiellement des codes de la musique funk du siècle dernier, cela n’empêche pas la formation d’aller voir plus loin.

Une manière merveilleuse de continuer à faire vivre le groove de James Brown ou de Stevie Wonder en y incorporant des dérivés actuels, comme le hip-hop ou l’électronique.

 

En symbiose

Articulé au départ autour de ces deux amis d’enfance, Josh Lloyd-Watson et Tom McFarland, Jungle a engraissé ses rangs en accueillant des musiciens de talent à travers le fil des années.

Un choix somme toute logique quand on se rend compte à quel point la musique proposée par le collectif londonien peut s’avérer riche.

Tout comme la ville les ayant vus éclore.

The Clash, Rod Stewart, Led Zeppelin, Amy Winehouse, la liste continue.

D’abord connue pour sa scène rock du siècle dernier et sa scène drill de l’actuel, on comprend que Londres révèle une ardeur artistique encore plus impressionnante qu’on ne pourrait l’imaginer.

Si les titres de l’album Volcano sont principalement mis à l’honneur dans le concert, Jungle n’hésite pas à se replonger dans son vieux répertoire : Casio, Happy Man, Heavy, California, entre autres. La balance parfaite.

Proposant des interprétations plus longues que les versions studio des morceaux, les membres s’amusant sur les planches, la fête atteint son paroxysme sur Coming Back : des ballons clignotants lumineux sont lancés dans la foule, celle-ci les laissant rebondir des minutes durant.

Des chansons pour danser, cette façon de chanter avec sa voix de tête, une manie de parfois s’effacer derrière sa musique pour laisser place aux superbes éclairages?

C’est bel et bien du Jungle devant nous.

Un tel amas de positivité, un aspect qui manque souvent cruellement à ce monde.

« Thank you for having us tonight », énonce Tom McFarland, avant d’enchaîner sur leur classique par excellence, Busy Earnin’.

Une clôture en beauté, surtout pour les nostalgiques du jeu FIFA, la chanson ayant permis entre autres de faire connaître le groupe en 2014 dans la bande sonore du jeu.

Après avoir quitté la scène, le public réclame évidemment encore du Jungle : que la fête continue.

Regagnant les planches peu de temps après, le collectif termine son passage québécois avec l’excellent Keep Moving.

Jungle salue la foule, avant de quitter la scène sous l’adaptation de Walter Murphy de la Symphonie No. 5 de Beethoven diffusée dans les enceintes. Funky jusqu’au bout.

Il est dommage d’apprendre que l’entièreté des places de l’endroit n’ait trouvé preneur. En soi, Jungle mériterait le Centre Bell, et ce à guichet fermé, deux, trois soirs de suite. Mais on le sait, le succès ne revient pas toujours à ceux le justifiant le plus.

Après une heure et demie à écouter une musique aussi vivante, puissante, positive, on ressort de la Place Bell épuisé, mais ravi.

Jusqu’à ce que la jungle s’installe en ville une nouvelle fois.

 

Grilles de chansons

1 – Us Against the World

2 – Candle Flame

3 – Dominoes

4 – The Heat

5 – Heavy, California

6 – Beat 54 (All Good Now)

7 – Problemz

8 – I’ve Been in Love

9 – Back on 74

10 – Casio

11 – Romeo

12 – Cherry

13 – Happy Man

14 – You Ain’t No Celebrity

15 – Coming Back

16 – Don’t Play

17 – Holding On

18 – Good Times

19 – Busy Earnin’

Rappel

20 – Keep Moving

 

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