Québec Redneck Bluegrass Project

Entrevue avec Québec Redneck Bluegrass Project | Quand ça va ben…

Le Québec Redneck Bluegrass Project, les champions du « Hard drinkin’ music for hard drinkin’ folks », débarqueront au Club Soda ce jeudi, dans le cadre de « C’est à ton tour 2015 », leur tournée de décembre.

Ce qui rend leurs neuf spectacles plus atypiques qu’à l’habitude, c’est qu’ils y présenteront leur documentaire La route de la soif. Jean-Philippe Tremblay, la voix et la guitare du groupe, a passé un coup de fil à Sors-tu.ca, histoire de se jaser en bon joual de leurs périples chinois.

 

De la Chine à icitte

Ce groupe-là, c’est l’histoire de quelques gars du Lac qui ne se connaissaient pas et qui se sont rencontrés dans le sud de la Chine en 2007, pour y former un groupe de folk-bluegrass. C’est l’unisson des textes imagés de J-P, de la mandoline rythmée de Nick The Flame, de la contrebasse puissante de François Gaudreault et du violon maîtrisé de Charles Hudon (mais pas le joueur de hockey).

Tout a commencé alors que JP était allé se virer en Asie du Sud, pour ensuite aller se virer en Chine. Il avait un ami qui vivait là, qui était coloc avec des futurs QRBP. Alors qu’il n’y a à peu près pas de scène bluegrass en Chine, les gars prennent plaisir à créer leur propre scène. Ils font des spectacles, plein de projets. Tout marchait bien, ils organisaient même des festivals.

Tout de même, dans un empire communiste, les autorités locales se mêlaient à leurs projets : « L’armée s’était pointée, mais on leur a payé une bière. Ça a passé dans le journal, l’armée qui trashe ». JP mentionne aussi avoir joué en Birmanie, en plein dans le triangle d’or, dans un karaoké de bourgeois avec l’armée Wa. Comme quoi leurs anecdotes de voyage nourrissent notre envie d’écouter attentivement leur documentaire.

En Chine, ils ne s’attendaient pas nécessairement à une grande visibilité québécoise : « Les gars se sont dit qu’on devrait aller faire l’album à Québec, mais moi je serais pas nécessairement parti », soutien-t-il.

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Par chez-nous

Pourtant, de par chez-nous, leurs spectacles sont complets et remplis de fans finis : « Je me rappelle encore à la première shot qu’on est arrivés ici, et à notre deuxième show tout le monde connaissait les paroles, le poil m’avait levé ben raide. C’est une chance qu’on a, c’est vraiment cool. »

Ils aiment ça quand ça se passe entre la foule et eux. D’ailleurs, leurs besoins de provoquer l’ambiance festive est une habitude qui date de la Chine, à force d’essayer de crinquer des Chinois qui ne comprenaient pas ce qui se passait. Tout de même, « on focus sur l’enchainement, à force de boire entre chaque toune, tu perds un peu le momentum ».

Côté composition, c’est J-P en personne qui se charge de la base. Alors que c’est sur la route qu’il s’empare des sujets, c’est vraiment quand il se retrouve seul qu’il compose : « Je suis allé me réclure dans le bois, dix jours en ermite, dans un petit camp pas d’électricité. C’était impossible partir de là, quand ben même que je voulais aller prendre une bière, je pouvais pas ». C’est dans ce contexte qu’il s’est retrouvé à écrire quelques chansons, ou arranger les paroles d’autres artéfacts. C’est après qu’ils se rencontrent tous ensemble, pour que les arrangements prennent forme, ce qui explique l’habitude des instruments qui roulent les uns par-dessus les autres.

Le groupe s’unit surtout au travers de sujets qui les accrochent, en particulier « les machines, les brosses et le voyage ». Selon J-P, on peut même mettre « les brosses » avant « les machines »… Dans le but d’embarquer la foule, le groupe fait typiquement de la musique dite de brosse : « J’ai de la misère à me lancer complètement dans le plus engagé, le but de la musique c’est pas nécessairement de faire passer un message. Juste crisser le party dans’ place, c’est déjà une belle mission. Je me retiens, faut pas que ça devienne lourd ».

 

La route de la soif

Le documentaire auquel on aura droit s’avère être une version censurée d’un de leurs périples en Chine, lors du nouvel an. Censuré, puisque le caméraman partait aussi sur la brosse, donc « il serrait quand même sa caméra quand c’était trop trash. Le gars est un bon chum. Il sait ce qu’on veut qui soit là et ce qu’on veut pas qui soit là, donc on a quand même quelque chose de présentable ». Il s’agit d’un de leurs amis du Lac qui était allé passer trois semaines à leurs côtés, pour filmer leur quotidien en tournée chinoise et autres choses surréalistes. « C’est filmé dans 85 villes, ça représente bien ce qui se passait, sobre et efficace ».

Tourné en 2011, c’est quatre ans plus tard que le documentaire fait surface, « parce qu’on est des branleux », rit-il. Reste que ce sera pertinent de voir leur évolution, question d’élucider le mystère de leurs débuts: « Il y a un besoin de nous voir en Chine, la question se répète souvent ».

 

Et après ?

Post-décembre, chaque membre du groupe sera en Irlande, Thaïlande, ou n’importe où sauf au Lac. C’est en mars qu’ils se retrouveront pour finaliser le quatrième album : « C’est pas un travail de tout repos, le travail de la création », nous confie-t-il.

Advenant la possibilité de nouveaux projets, JP se dit ouvert à l’électrique : « J’vais peut-être re-décoller un projet plus rock, l’hiver laisse place à du nouveau stock ».

Pour avoir déjà vécu l’expérience de multiples soirées aux côtés de Québec Redneck Bluegrass Project, on peut s’attendre à un moshpit rempli de rednecks en devenir, de la broue, et des cordes à 120BPM. Alors qu’une grande partie de leurs spectacles affichent complets, le groupe espère qu’il y aura assez de place pour tous les adeptes montréalais au Club Soda le 10 décembre. Aux côtés des Deuxluxes, ça risque d’être tout en sueur.

Reste que QRBP sont ben plus cool su’a brosse :

 

 

 

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