Tao: Drum Heart

Drum Heart par TAO à la Place des Arts | La surpuissance des tambours japonais

C’est à Montréal que la troupe japonaise TAO débute son imposante tournée nord-américaine de 60 villes sur le continent en cinq mois avec son tout nouveau spectacle Drum Heart. Depuis sa fondation en 1993 au sud de Tokyo, l’énorme machine artistique qu’est TAO a émerveillé quelque 7 millions de spectateurs dans pas moins de 24 pays à travers le monde. Et pour cause, car le collectif nippon nous en met plein la vue, et les oreilles, en mariant l’art ancestral des tambours japonais à une mise en scène résolument moderne qui soulève le public partout où il passe.

Le mot tao, tirant son origine de la philosophie chinoise, signifie chemin. L’instrument traditionnel du tambour appelé taiko vient d’ailleurs de Chine et de Corée depuis des temps immémoriaux. Ayant traversé la Mer du Japon pour venir rythmer la vie des simples pêcheurs et des courageux fermiers japonais, autant que marquer la fin des guerres ou encore implorer les dieux pour de bonnes récoltes, le taiko a ensuite évolué vers le gagaku, mot caractérisant la musique de la cour impériale.

Aujourd’hui, on estime à plus de 8 000 le nombre de groupes pratiquant le taiko au Japon. TAO se démarque toutefois en jumelant à merveille cet art séculaire à une mise en scène résolument moderne qui fait s’alterner le déferlement des tambours soulevant la foule, à des moments intimistes lui permettant de reprendre son souffle en faisant connaître des instruments de musique traditionnels, comme le shamisen aux cordes pincées, ou le shakuhachi, une petite flûte aux notes fines et ensorcelantes venue aussi de Chine.

Crédit photo : TAO Entertain Crédit photo : TAO Entertainment

Le résultat, avec une précision et une vigueur difficiles à égaler, est rien de moins que spectaculaire. TAO rassemble sur la vaste scène du Théâtre Maisonneuve une vingtaine de musiciens, percussionnistes et instrumentistes, qui sont à la fois danseurs et athlètes soumis à une discipline d’entraînement très stricte à sa base, quasi-militaire, comme pour la pratique des arts martiaux.

Tao_Drum Heart_6_crédit TAO EntertainmentCrédit photo : TAO Entertainment

La résonance des tambours, du plus petit jusqu’à ceux de dimensions gigantesques, est souvent accompagnée de cris tribaux lancés avec force par les exécutants qui dégagent une sorte d’animalité primitive. L’adrénaline est aussi répandue que la testostérone est dans le plafond, avec un juste alliage entre les costumes aux accents modernes, les torses laissés presque nus, et le côté sacré séculaire de ce grand art.

On y retrouve deux artistes féminines aussi, pour équilibrer un tant soit peu la bombe d’énergie exacerbée de leurs comparses. Elles sont toutes les deux comme évanescentes dans tout ce tumulte, apportant grâce et beauté avec leurs numéros dansés, mais se déchaînant tout autant que les hommes avec leurs battements de tambours bien sentis, entre les pôles poétiques du yin et du yang.

Tao_Drum Heart_2_crédit TAO Entertainment

Crédit photo : TAO Entertainment

Jamais assourdissante, jamais rendue pareillement grâce à une mise en scène inventive, la rythmique explosive des tambours japonais de TAO est une réelle déferlante à laquelle il est impossible de résister. Entre la volupté d’une longue robe rouge sang et la puissance virile des instruments de musique en cascade, Drum Heart est plus qu’un bon spectacle, c’est une véritable expérience sensorielle.

La troupe, qui remet ça ce soir encore à la Place des Arts, sera à Québec demain soir le 2 février, et à Sherbrooke le 5 février. On a peine à imaginer l’ampleur de la coordination du transport des 17 artistes, des très nombreux instruments de musique fragiles, des décors, de l’orgie des costumes et des accessoires pendant ces cinq mois de pérégrinations en sol nord-américain. Mais, assurément, la preuve en est, les Japonais savent y faire.

 

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