Dave Fenley à la salle Albert-Rousseau | Un spectacle aussi vibrant qu’un câlin à l’âme

Il y a des soirs où le temps suspend son souffle, où chaque note vibre comme une confidence, chaque mot touche une corde sensible, et chaque silence dit plus que mille phrases. Hier soir, 9 mai 2025 à la salle Albert-Rousseau, Dave Fenley a offert bien plus qu’un spectacle. Il a ouvert grand son coeur, et le public y est entré comme chez un vieil ami. Le Texan au sourire tendre et à la voix rocailleuse a rempli la salle d’humanité, de chaleur, et d’une dose d’émotion sentie qui réconcilie avec le monde.

Avant que la tête d’affiche ne prenne place, la scène s’est d’abord animée sous les pas de Brent Michael Wood, ami de longue date de Fenley. Sa voix, chaude, éraillée, enveloppante, a saisi l’espace comme un vieux vin qu’on déguste lentement. Seul avec sa guitare et beaucoup de coeur, il a donné les premiers frissons de la soirée.

Puis est arrivé Dave Fenley, et avec lui, une dose d’humanité désarmante. Entouré de Gabriella Laberge, et de John Anthony Gagnon Robinette, guitariste de la formation Kain, il a plongé dans l’instant avec la générosité d’un homme qui ne sait faire autrement que donner. Il a présenté plus tard sa conjointe et leur fille au public, radieuses et complices, et c’est la fillette qui lui a demandé d’interpréter Stand By Me. Ce moment de tendresse, partagé devant une salle attentive, a fait naître un sourire sur tous les visages. Mère et fille ont ensuite dansé joyeusement, puis sont retournées en coulisses, laissant dans leur sillage un doux partage.

Mais c’est avec Une chance qu’on s’a que la magie a véritablement explosé. Comme une prière collective, la chanson a soulevé la foule dans un élan d’unité. Les cris ont jaillis, les applaudissement ont duré de longues secondes, et les coeur se sont ouverts sans retenue. Québec était conquise, séduite, heureuse.

Dave Fenley, humble et ému, a raconté que c’était grâce à Lise Dion et sa fille qu’il se retrouvais ce soir sur scène au Québec. Dans un moment aussi touchant qu’inattendu, Lise Dion est apparue à son tour, accueillie comme une reine par une salle ravie. Elle a pris le micro quelques minutes, avec l’humour et la chaleur qui lui sont propres, avant de chanter deux chansons avec la tête d’affiche, dont Stuck On You, bouleversante de simplicité et de sincérité. Deux univers qui s’épousent sans effort, portés par une tendresse mutuelle palpable.

Fenley, avec sa voix qui semble venir d’ailleurs, de ce lieu flou entre la peine, l’amour et la rédemption, a enchainé les pièces avec une intensité sans faille. Il chante comme on respire quand on a trop retenu son souffle. Ses guitares, tantôt douces, tantôt percutantes, accompagnaient chaque émotion avec une justesse désarmante.

À plusieurs reprises, la salle s’est levée comme un seul corps pour applaudir, touchée par la force tranquille de cet homme au talent colossal. Les ovations étaient longues, sincères, bruyantes, comme si le public cherchait à lui redonner un peu de tout ce qu’il venait de recevoir.

Et comme s’il ne s’avait pas comment s’arrêter de donner. Dave Fenley a annoncé qu’il irait à la rencontre de son public dans le hall après le spectacle, pour y chanter deux chansons choisies parmi celles proposées par ses fans sur son site web. Une attention rare, presque d’un autre temps, mais tellement à son image.

Il y a des artistes qui performent, et il y a ceux qui vivent chaque chanson comme une offrande. Dave Fenley fait indéniablement parti de cette seconde catégorie. Sa voix, peut-être l’une des plus belles au monde, traverse les chairs, fait vibrer les os, réchauffe les esprits. Il est aussi un guitariste exceptionnel, au jeu senti et maitrisé. Il est de ces artistes qui n’ont pas besoin d’artifice pour marquer une vie, pour semer quelque chose qui dure. Un battement, un souvenir, un peu d’espoir.

Hier soir, la salle Albert-Rousseau a vécu un de ces moments précieux, rares, où la musique rassemble, guérit, et laisse dans son sillage une douce lumière.