Annette

Critique théâtre: Annette à La Licorne

Armée de ses aiguilles à tricoter,  Anne-Marie Olivier nous accueille à bras ouverts sur la scène de la Grande Licorne jusqu’au 3 mars.  Sa pièce Annette, écrite et jouée en 2009 à Québec, glisse sur les planches avec grâce et désinvolture, soutenue par le musicien-homme à tout faire Mathieu Girard.  Celle qui nous avait charmé en 2005 avec son monologue Gros et Détails, récidive en sol montréalais, lance… et conte!

Sur sa patinoire qui patine pour «de vrai», Anne-Marie Olivier rayonne déjà de bonheur et attise l’intérêt.  L’aisance de cette fille à la poésie rafraîchissante et sensible déteint instantanément sur le spectateur, à peine le spectacle entamé.  C’est l’histoire d’Annette,  nom inspiré du cornichon dont sa mère s’est rassasiée après l’accouchement, qui un jour tombe dans le coma en allant s’acheter de la laine à tricoter.  On suit dès lors le fil (de laine) de sa vie, en commençant par la rencontre brève de ses parents, en passant par son enfance, ses misères, ses joies, jusqu’au match ultime qu’elle jouera contre les «zombies» durant son incident cérébro-vasculaire.

 

Bouillon de poulet pour l’âme de québécois

Évidemment raconté avec beaucoup d’humour et d’intelligence,  le texte d’Anne-Marie Olivier est soutenu par plusieurs trames: l’une historique, avec entre autres la première parade du premier Carnaval de Québec et le référendum de 1980, l’autre musicale, avec laquelle on voyage de fil en aiguille et enfin, l’odeur d’un patriotisme tranquille parfume chaque paragraphe, comme un air frais et salin qui nous rappelle qui nous sommes.  Comme pour ne plus que ça sonne tambour de guerre, mais air joyeux sifflotant.  Et l’air de rien, ça s’immisce droit au coeur et s’y colle pour un autre tit bout.  Beaucoup de nous dans ces souvenirs, dans ces patins, dans ces parties de hockey hivernales.  Nous Québécois, nous familles, nous humains.

 

Annette devrait être une lecture obligatoire en cours d’Histoire du Québec secondaire IV.  Le texte écrit est d’ailleurs disponible à la sortie de la pièce.  « […] on a tué des centaines d’Amérindiens !…  à moins que ce soit eux qui nous aient sauvé la vie… »  Tant de réflexions et autre philosophies touchantes dans ce spectacle sublime de par son originalité et son charme désarmant.  À quand le prochain Madame Olivier ?

Vos commentaires