Miley Cyrus

Critique et photos | Miley Cyrus au Centre Bell

Miley Cyrus s’amenait finalement au Centre Bell de Montréal avec son controversé Bangerz Tour samedi soir, avec le duo Icona Pop en première partie qui a su bien réchauffer la foule . 

Et est-ce si choquant ce spectacle qui fait tant jaser depuis le début de sa tournée? Oui et non. Il faut dire qu’à force d’en voir passer des extraits et des photos un peu partout sur le web, l’effet de surprise n’y est plus. On sait à quoi s’attendre. Mais ce qu’on constate surtout, c’est qu’on ne parle que des gestes et des segments insipides et gratuitement vulgaires et pas de ceux qui nous montrent réellement l’étendue du talent de la jeune starlette.

La première partie du spectacle de Miley Cyrus, oui, c’est choquant. C’est vulgaire, sexuellement explicite et surtout, injustifié. Contrairement à une Madonna qui provoque pour dénoncer des sujets tabous et politiques, Cyrus le fait purement pour faire parler d’elle et ça parait (et ça marche, aussi). Quel message cherche-t-elle à communiquer? Parmi les mascottes, les projections cartoonesques et les cheerleaders qui twerk, c’est difficile de la prendre au sérieux. Surtout après une entrée en scène ratée, alors qu’elle émerge de sa propre bouche immense, glissant sur une langue-toboggan, qui refusait de se déployer.

Miley Cyrus, par Karine Jacques

Miley Cyrus, par Karine Jacques

Mais tout ça, ce n’est que pour le « show ». Et c’est malheureusement ce que les gens souhaitent voir. Il faut entendre les jeunes filles s’époumoner lorsque Cyrus exhibe son derrière frétillant, pour le constater. Pourtant, outre la controverse et le tape-à-l’oeil, on retrouve du bon, du très bon même, dans ce concert avec le bloc acoustique où Miley revient à la base, à ses racines.

Se déplaçant sur une toute petite scène à l’arrière de la console de son, vêtue d’une longue chemise carreautée et pailletée, boutonnée jusqu’au cou et entourée de ses musiciens, Miley Cyrus propose des reprises de vieux et récents succès à saveur plus dépouillée, acoustique. De Dylan à Parton en passant par Lana Del Rey et Coldplay, c’est ce segment qui nous fait réaliser à quel point le talent brut de Cyrus est mal exploité. Elle possède une bonne voix, assez puissante qui n’est pas mise en valeur dans ses pièces pré-fabriquées (genre Love Money Party, SMS (Bangerz), Do My Thang).

Mention honorable aussi à la présence des musiciens, d’un live band sur scène, ce qui n’est pas coutume pour ce genre de spectacle pop. On constate d’ailleurs souvent les influences musicales de la chanteuse, qui est la fille d’un chanteur country (Billy Ray Cyrus). Même si elle livre un show excessivement pop, elle trouve le moyen d’y intégrer beaucoup d’éléments country (les bottes, les chorégraphies, le banjo), mais verse également souvent dans la soul (avec My Darlin’ entre autres, bien réussie).

Miley Cyrus, par Karine Jacques

Miley Cyrus, par Karine Jacques

Mais ce segment terminé, on retourne rapidement dans le monde décousu de Miley. Pour elle, s’empoigner l’entrejambe est un geste aussi banal que de se gratter le nez, et il semble bien normal de laisser une version animée d’elle-même enfourcher un sea-doo pour lancer des doigts d’honneur à un bébé-soleil (Télétubbies style) qui vomit des lasers ou de quitter la scène à dos de hot-dog géant. Ça c’est lorsqu’elle ne crache pas l’eau qu’elle boit sur ses fans ou qu’elle ne chante pas étendue sur une rutilante voiture les jambes bien écartées. Trash vous dites? Éclectique aussi. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le malaise est souvent au rendez-vous.

Et le pire dans tout ça, c’est que malgré le caractère non-censuré du spectacle, on sent la formation Disney de l’artiste, dans son ton, dans sa manière de s’adresser à la foule, de la saluer telle une mascotte adulée sur un char allégorique. Ça manque même de spontanéité parfois. C’est rodé au quart de tour, chaque mouvement est calculé, mais ça demeurera toujours plus naturel qu’un concert de Britney Spears, à laquelle elle fait d’ailleurs un clin d’oeil en début de prestation.

Et toute cette foire sans queue ni tête se conclut dans le plus grand cliché – la profusion de confettis, les feux d’artifices, le retour des mascottes – qui ne pourrait pourtant être plus pertinent dans la situation. « Welcome to the land of fame excess » qu’elle nous dit, avant d’entonner le fameux refrain »It’s a party in the USA« .

Et au fond, il n’y aurait pas moyen de mieux résumer la soirée.

Grille de chansons

1. SMS (Bangerz)
2. 4×4
3. Love Money Party
4. My Darlin’
5. Maybe You’re Right
6. FU
7. Do My Thang
8. #GETITRIGHT
9. Can’t Be Tamed
10. Adore You
11. Drive
12. Rooting For My Baby (acoustique)
13. You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go (reprise de Bob Dylan, acoustique)
14. Summertime Sadness (reprise de Lana Del Rey, acoustique)
15. The Scientist (reprise de Coldplay, acoustique)
16. Jolene (reprise de Dolly Parton, acoustique)
17. 23
18. On My Own
19. Someone Else

Rappel
20. We Can’t Stop
21. Wrecking Ball

Rappel 2
22. Party in the U.S.A.

Photos en vrac
par Karine Jacques

miley cyrus_centre bell_2014_01

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