Daniel Bélanger

Critique | Daniel Bélanger au Théâtre Corona

Daniel Bélanger et ses trois musiciens rockabilly étaient de passage au Théâtre Corona Virgin Mobile jeudi soir, pour la rentrée montréalaise de l’artiste. Non seulement la bande a offert plusieurs chansons du plus récent album Chic de ville, mais aussi quelques classiques de Bélanger à la sauce Chic de ville.  Tout cela devant un parterre assis, style cabaret, dans une ambiance peu commune pour le Corona…

Depuis le lancement de son nouvel album Chic de ville en mars dernier (et même un peu avant), Daniel Bélanger « poursuit son bonheur » en mode rockabilly.  La formule quatuor compte sur l’apport de trois musiciens experts du genre, soit Michel Dagenais à la guitare, Richard Gélineau au « contre-plaqué » (contrebasse) et « fin danseur » (il transforme carrément son instrument en partenaire de swing), et le batteur aux mouvements caricaturaux Ben Caissie, tous vêtus de vieux costumes.

Photo par Pascal Leduc.

Photo par Pascal Leduc.

La scène était dépouillée de tout artifice : décor évoquant subtilement le noir et blanc, éclairages suffisants, avec trois projecteurs vieil-école suspendus du plafond.

La salle, elle, n’avait pas grand chose de la folie qui habitait les lieux de spectacle à l’époque évoquée par le nouveau concept de Bélanger. Tous les spectateurs étaient assis. Ils devaient l’être, même. Une serveuse a même vilipendé un pauvre monsieur planté debout comme un piquet dans l’allée de côté du parterre.

On se serait cru à la Maison de la Culture d’une quelconque ville tranquille.

Fidèle à son habitude, Bélanger chantait bien, se dandinait joyeusement (pour empêcher que ses dynamiques musiciens ne lui volent la vedette) et déridait la foule avec ses fameuses interventions comiques. « Ce soir, il y aura des chansons. Et des histoires. Mais je vous avertis, il n’y aura pas de punch à mes histoires. S’il y avait des punchs, ce serait un show d’humour. Mais c’est un spectacle de chansons », lance-t-il, pince-sans-rire.

 

Beaucoup de nouveautés et quelques classiques réinventés

Le set était principalement constitué des chansons de Chic de ville, simples et entraînantes. Plusieurs de ses classiques ont été évincés de sa grille de chansons pour cette tournée, tout comme le contenu de L’échec du matériel (pourtant un de ses meilleurs albums) et pratiquement tout de Nous. C’est que l’esprit était davantage à la bonne humeur : rien de casse-couille ou de compliqué, si possible.

Mais lorsqu’il reprend Cruel (Il fait froid on gèle), Fous n’importe où ou Sèche tes pleurs en version rockabilisées, on constate avec étonnement que la rupture de ton du nouveau disque par rapport aux précédents n’est pas si marquée en spectacle.

Photo par Pascal Leduc.

Photo par Pascal Leduc.

Oui, vous avez bien lu : il a bel et bien déterré Sèche tes pleurs, son tout premier single de 1992, qu’il avait « quitté d’un commun accord », même si elle « avait été bonne pour moi ».

Juste avant le rappel, Te quitter, Rêver mieux et Le Parapluie ont aussi eu droit à des relectures country-rockabilly, moins réinventées que les deux mentionnées ci-haut, toutefois.

On a finalement retrouvé un Daniel Bélanger encore plus familier lors du rappel, alors qu’il est revenu seul avec sa guitare pour interpréter La folie en quatre, de tout son généreux coeur de poète, avant que la bande ne l’accompagne dans Tu peux partir. 

Bien que plutôt sage tout au long de la soirée, la foule a tout de même réservé une ovation plus chaude que prévue à l’artiste, même après que les lumières de salle furent allumées. Il faut dire qu’il était à peine 21h45 ; ce n’est pas une heure pour retourner tranquillement chez soi après un spectacle !

L’artiste ne s’est pas fait prier pour ajouter un deuxième rappel impromptu : Dans un sputnik, en solo.  À noter que depuis 2001, nous sommes désormais « sept milliards de solitude ». Ça fait encore plus beaucoup. À être seuls ensemble.

Belle soirée, dans l’ensemble, mais c’est à se demander si les habitudes pépères de son public ne l’empêchent pas d’aller au fond de ses envies évidentes de folies… La prestation s’est avérée étrangement plus posée et en retenue que les intentions des musiciens et du chanteur ne laissaient entrevoir…

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Photos en vrac
par Pascal Leduc


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Grille de chansons

Je poursuis mon bonheur
Domino
Béatitude
Cruel (Il fait froid on gèle)
Avec mes amis
Sa félinité
L’aube
Chacun pour soi
Sèche tes pleurs
Auprès de toi
Je t’aime comme tu es
Fou n’importe où
Te quitter
Le coeur en mille morceaux
Pour être heureux
Rêver mieux
Le parapluie

Rappel 1
La folie en quatre
Tu peux partir

Rappel 2
Dans un sputnik

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