Odezenne

Francos 2025 – Jour 6 | Odezenne à la SAT : Foule conquise, résultats plus nuancés

Après une absence d’un peu plus de 8 ans, la formation rap bordelaise était finalement de retour à Montréal dans le cadre d’une tournée axée sur l’album DOULA (des couloirs des portières), paru plus tôt ce mois-ci. Si la foule attendait le groupe avec impatience, le spectacle en soi, présenté hier, le 19 juin, aura pu en décevoir certains au final malgré la table bien mise en première partie par Super Plage.

Pas que tout était mauvais, loin de là! Certains éléments de la performance auront toutefois exacerbé des aspects prépondérants du groupe et sa musique pour le meilleur ou pour le pire, créant quelques défis tantôt bien relevés, tantôt tassés du revers de la main pour les mauvaises raisons.

Le groupe entre un peu tardivement sur scène sous les acclamations de la foule, presque une minute d’un des accueils les plus chaleureux que le groupe n’aura probablement jamais vu. Montréal avait hâte! La performance débute aussitôt sur les chapeaux de roue avec Hardcore, l’un des singles les plus connus et apprécié du groupe.

Celui-ci est en formule full band pour l’occasion d’ailleurs. Un percussionniste tient le fort en fond de scène, tout près d’un mur de synthétiseurs et de samplers en tous genres, alors que des guitares seront également utilisées ça et là. Les promesses sont grandes à la vue de cet appareillage, mais se feront quelque peu attendre. On peinera à bien tout entendre jusqu’à la quatrième chanson du spectacle. Dommage puisque l’instru de Hardcore, encore celle-là, est l’une des plus belles du repertoire du rap en France à mon humble avis, alors que le groupe est aussi généralement reconnu pour la grande qualité de ses compositions.

Quand on réussit enfin à bien tout faire sonner, le portrait change drastiquement par contre. Ça donne un angle nouveau, très intéressant, aux pièces qui nous sont présentées. Hey Joe, du dernier album, sera certainement celle qui bénéficiera le plus du traitement, alors que le dernier opus du trio semble avoir été conçu pour le live. Houston sera l’un des autres points forts de cette revisite live des récentes chansons de Odezenne, pendant que l’ajout de guitares sur Je veux te baiser ajoutera un groove bien pertinent à la chanson.

L’autre éléments qui aura fait la notoriété du groupe, c’est le côté très flegmatique de l’interprétation vocale en général et du caractère tragi-comique de certains titres. Ce sera l’un des risques de la prestation évoqués plus haut : comment bien insuffler une dose d’énergie à des chansons plus contemplatives sans s’épuiser? Les solutions sont nombreuses : on fera volontairement (du moins j’espère) peaker certains micros, on viendra sauter d’un bord et de l’autre de la scène, on ponctuera le spectacle d’éclairages survoltés et, surtout, on écoutera la performance. Avec un peu moins d’une heure au compteur, on aurait certainement espéré plus.

L’effet immédiat sera toutefois pas si mauvais non plus, celui de condenser le nombre de bangers au maximum, au plus grand plaisir de plusieurs. Ça n’empêche pas que certains enchaînements tomberont un peu à plat, avec des moments de flottements autour de nouveaux titres que la foule n’aura visiblement pas encore assez écoutés dans les trois semaines écoulées depuis la parution du dernier opus du groupe. À l’inverse, des chansons comme Caprice, Géranium, Bleu fuschia et, surtout, la magnifique Souffle le vent seront toutefois acclamées plus que bruyamment, alors que le rappel de trois pièces commençant sur Bitch aura le même effet. Il ne manquait au final que Candi sur cette setlist cinq étoiles.

Performance satisfaisante, donc, mais dont on aurait pu espérer un peu plus. Les fans seront tout de même heureux d’apprendre que le groupe sera de retour chez nous en février prochain, pas besoin d’attendre autant cette fois-ci.

Super Plage

Le montréalais avait la lourde tâche d’ouvrir la soirée et de réchauffer une foule plutôt composée de Français expatriés venus voir l’artiste principal de la soirée (bien que l’on croise tout de même certaines personnes qui ne se seront procuré des billets que pour lui, un bel honneur!). Qu’à cela ne tienne : bien qu’il soit seul sur scène, Super Plage met toute la gomme, présentant majoritairement des titres de son tout récent album GROSSE MAISON avec une présence scénique exemplaire. Pour l’avoir vu à de très nombreuses reprises, et ayant même travaillé au sein de son équipe, je peux me permettre de mentionner que c’est certainement l’une des performances les plus habitées et énergiques de sa carrière.

Le DJ, remixeur et musicien jongle avec ses instruments, entouré de claviers, d’une guitare et même d’un theremin qu’il jouera d’un main en le tendant à bout de bras. Le résultat démontre bien sa versatilité et permet de mieux percevoir la qualité des instrumentations de ses productions, qui passent trop souvent en second plan de sa production artistique à l’écoute. Il sera aussi rejoint par Vanille l’espace d’une chanson, eux qui font ensemble partie de la cohorte 2025 de La traversée. Très bonne première partie, qui saura somme toute assez bien rejoindre le public présent, surtout pendant sa désormais traditionnelle reprise drum’n’bass live de Deux par deux rassemblés de Pierre Lapointe.

Setlist complète

  1. Hardcore
  2. Houston
  3. Caprice
  4. Au Baccara
  5. Hey Joe
  6. Géranium
  7. Je veux te baiser
  8. Bleu Fuchsia
  9. Aïe aïe aïe
  10. Vodka
  11. Gadoue
  12. Babines
  13. Souffle le vent
  14. Bitch
  15. Bb
  16. Faute de mieux

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