
Un hommage aux « Classique(s) » à la sauce Soleymanlou
Depuis mardi, les Classique(s) de Mani Soleymanlou débarquent au Théâtre du Nouveau Monde avec une proposition singulière et rafraîchissante : s’attaquer au grands classiques du Théâtre avec un grand T, leur donner un nouveau souffle ou encore les écorcher au passage. Avec une gang pas piquée des vers et Fanny Britt comme complice, le comédien s’est offert une réflexion publique sur le monde à travers les récits de l’humanité… rien de moins.
Alors que les messages d’avertissements s’arrêtent, rideau fermé, Mani Soleymanlou s’immisce au centre au tissu, en s’excusant presque. Il raconte une fabulation sur un gorille qui se gratte les couilles pour faire rire ses amis autour du feu et invente le théâtre sans le savoir. Le ton est donné, par une citation de Robert Gravel, père de l’improvisation à la québécoise.
Aucun quatrième mur ne se dresse entre les interprètes et le public ; ils s’adressent à nous, taquinent, questionnent, sont baveux même. D’emblée, ils avouent que certains « classiques » du répertoire théâtral peuvent être poussiéreux, mal traduits et ennuyants. Surtout, il peut intimider de se retrouver face à une de ses oeuvres que « tout le monde connait » mais qui est plate à mort. Force est d’admettre que j’ai moi-même délaissé le TNM à cause de certaines pièces disons… ampoulées, et qui me laissait de glace. Tout comme Mani Soleymanlou, qui admet avoir créé ce spectacle en réaction à cette absence d’émotions lors de certaines représentations de pièces acclamées en tant que classiques.
Cette fois-ci, il a voulu utiliser que les meilleurs bouts, ceux qui lui paraissaient les plus pertinents, qui faisait écho à son ressenti d’aujourd’hui, d’homme de théâtre québécois qui n’aime pas Molière mais trippe sur l’Incendie à Rio. Vous avez bien lu, c’est vraiment comme ça que cette soirée se déroule : on passe de Médée qui veut tuer ses enfants à Hamlet qui gosse, on bifurque sur un procès loufoque contre l’humanité, on tue Benoît McGinnis dans un En direct de l’univers endiablé, pour finir avec des répliques poignantes d’Oncle Vania. C’est le devoir d’histoire du théâtre que tous les cégépiens en arts et lettres rêvent de remettre.
Je reviens beaucoup à Mani, mais on sent que c’est vraiment sa réflexion qui est derrière le spectacle, avec toute sa folie bienveillante et son intelligente sensibilité. Il a su s’entourer bien sûr, avec l’appui des mots et des adaptations de Fanny Britt et son acuité touchante. Chaque interprète apporte sa touche personnelle et son grand talent : Madeleine Saar avec son applomb dans un charme de velour, Kathleen Fortin déchirante et irremplaçable; Jean-Moïse Martin tout vulnérable dans sa masculinité ; Benoît McGinnis avec sa verve et son timing implacable ; Julie LeBreton intense et sournoise dans le bon sens ; Martin Drainville comique et touchant tout autant ; et Louise Cardinal, fougueuse et investie. Mais Mani reste la cerise sur le sundae sur cette scène, avec une authenticité désarmante et une lucidité inspirante. Beaucoup de plaisir se dégage dans l’ambiance générale de ce show finalement très punk pour le TNM.
Au-delà de ses questionnements nichés sur le théâââtre, Classique(s) nous laisse avec des moments de grâce et se veut une preuve que le rassemblement autour du feu est nécessaire, inspirant et salutaire, même si vivre c’est souffrir. Merci Hamlet. On le savait.
Classique(s) est présenté jusqu’au 10 avril 2025. Billets et infos au https://tnm.qc.ca/
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