Wardruna

Wardruna au Corona | Le Cri de la Terre

C’est dans une salle comble que des spectateurs arborant des peintures de guerre, habits médiévaux et buvant dans des cornes se sont rassemblés. Vision peu étonnante pour un concert de Wardruna, étant donné l’imagerie à laquelle ils sont associés. Spectacle qui s’est avéré être mémorable en tous points de vue. S’approchant davantage de l’expérience mystique que de la simple sortie en ville.


Le groupe fondé par Einar Selvik, ancien batteur du groupe de black métal norvégien, Gorgoroth, s’est entre autres fait connaître du grand public par sa collaboration à la série Vikings. Puisant dans le folklore et la mythologie scandinaves, Selvik a su créer au fil des ans un univers particulier, loin de la parodie et des clichés et le concert de dimanche dernier en fut un remarquable exemple.

La soirée démarra de façon sombre et solennelle avec la pièce Tyr, caractérisée par ses trompes vrombissantes, évoquant une atmosphère martiale. Le ton était donné. L’ambiance allait rester sérieuse et emplie de mystère, à la fois méditative et stimulante. Cela dû notamment au charisme du leader et son interprétation poignante. Selvik inspire le respect par son seul aplomb. Multi-instrumentiste (comme la plupart des autres membres du groupe) il passe aisément des percussions aux cordes, des vents au chant. D’ailleurs, les arrangements contribuent énormément à la richesse du son de Wardruna, faisant de cette formation de six personnes une entité encore plus large.  Il est clair également que l’utilisation d’instruments traditionnels et inusités pour plusieurs, contribue à créer une identité sonore singulière. Même si Selvik est la figure centrale du groupe, il est fort à parier que cette formation n’aurait pas le même impact sans la voix de Lindy-Fay Hella, chanteuse au timbre éclatant, complémentant parfaitement le style de Selvik.

Avec trois albums à leur actif, les Norvégiens ont puisé dans l’ensemble de leur catalogue alternant entre des morceaux aux allures guerrières et les pièces plus mélancoliques, sans jamais diminuer en intensité. D’ailleurs, l’éclairage sobre et efficace y est aussi pour quelque chose. Quelques longs moments de stroboscopie étaient peut-être superflus mais cela reste une question de sensibilité.

La prestation de Wardruna fut une réussite et le public l’a bien fait savoir avec une ovation tonitruante suite au dernier morceau. Deux rappels ont suivi mais plus important que ces derniers, fut l’intervention du leader. Il a tenu à rappeler la vision derrière le projet. Ce n’est pas un élan nostalgique visant à ramener les coutumes de l’ère viking mais plutôt une invitation à bâtir du nouveau sur des bases primordiales, qui dans ce cas sont issues de la culture nordique. Wardruna n’est pas uniquement de la musique mais également un appel à la noblesse de l’esprit humain.

À (re)voir ce mercredi 7 février au Théâtre Corona.

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