Les Vulgaires Machins

Vulgaires Machins et Anti-Flag | Une soirée punx en quatre temps

Si la tempête de neige a eu raison des punx d’Anti-Flag il y a quelques jours – ils avaient dû annuler leur présence au Théâtre Palace Arvira de Saguenay –, c’est en pleine forme qu’ils ont débarqué avec Vulgaires Machins au MTELUS à Montréal hier soir. Sachant qu’Anti-Flag n’avait pas prévu les pneus d’hiver, on est d’autant plus heureux de recevoir les groupes au grand complet – et à guichets fermés, s’il vous plaît –, pour la clôture de cette tournée, qui avait également rempli l’Impérial Bell à Québec et le Cabaret de l’amphithéâtre Cogeco à Trois-Rivières.

Un coup d’œil dans la salle permet d’observer plusieurs – vraiment plusieurs ! – parents accompagnés de leurs enfants, venus perpétuer les traditions. Il n’est jamais trop tôt pour commencer les bonnes habitudes, et c’est toujours un plaisir de voir que les shows de punk et de métal attirent une foule hétéroclite et intergénérationnelle.

« Je suis née objet sexuel »

Première surprise de la soirée avec l’arrivée de Chârogne, groupe punk rock féministe et militant, à qui revient le rôle de chauffer la salle. C’est d’ailleurs la seule soirée de la tournée qui aura vu quatre groupes sur scène, aux dires de Rej Laplanche de 123Punk qui jouait le rôle d’animateur ce soir-là. Et qui, soulignons-le entre parenthèses nostalgiques, a fait applaudir la foule en rappelant l’ancien nom du MTELUS, le Métropolis, cher au cœur des Montréalais.

Chârogne a offert une prestation pleine d’énergie avec sa chanteuse Catherine Jeanne-D’Arc qui, selon ses propres dires, « réalisait un rêve d’enfant » en se produisant devant le parterre rempli du MTELUS. Mention spéciale au morceau Je peux pas montrer mes seins, et au paroxysme de roulades à terre pour Féministe Frustrée, de l’album Mange-moi. Au gré des chansons, la chanteuse alterne paroles parlées et rythmées, accents sombres quasi new wave et vocalises non identifiées. Des paroles cinglantes et engagées, des accords souvent simples, un retour à l’essence du punk qui ne se targue pas de proposer une performance musicale, mais une performance, tout court.

Mudie, « la légende vivante la moins connue du monde entier » 

C’est Rej Laplanche qui l’a dit : Hugo Mudie serait la « légende vivante la moins connue du monde entier ». Chanteur de la formation The Sainte Catherines qui avait signé son dernier spectacle en 2012, Mudie a continué la route du punk rock en solo. Pour ne rien gâcher, il est également cofondateur du Pouzza Fest de Montréal ; décidément plus d’une flèche acérée à son arc musical.

Sans surprise, donc, que Mudie ait été désigné pour suivre la tournée auprès d’Anti-Flag et de Vulgaires Machins. Un mélange punk-garage, blagues entre les chansons – dont plusieurs private jokes, on aurait aimé pouvoir rire nous aussi – ponctuées de références au temps qui passe, on est dans le thème. Hugo Mudie, non sans humour, déclarera d’ailleurs : « Je pensais qu’il fallait mourir jeune ou devenir con ». On sent les sourires dans la salle.

Anti-Flag chez les « Québec Punx »

Les degrés ont monté d’un cran à l’arrivée d’Anti-Flag. Le groupe originaire de Pittsburgh, Pennsylvanie, s’est fait accueillir par une clameur immédiate, et un mosh pit tout aussi prompt, dès ses premières notes. En fait, dès sa sortie de rideau. Justin Sane, Chris Head, Chris #2 et Pat Thetic ont tenu leur promesse avec un show délirant, des poings levés et des paroles militantes, témoins de leur implication politique et sociale. À noter, le record de nombre de doigts d’honneur levés au ciel du MTELUS par le parterre, tout le monde en même temps, et un You’ve Gotta Die for the Government renversant, au sens propre du terme pour les énervés de l’avant-scène dont nous faisions partie.

Quand Anti-Flag quitte les planches, on se demande honnêtement où la foule va puiser son énergie pour l’heure et demie suivante. Mais il ne faut visiblement pas sous-estimer la vigueur de Vulgaires Machins, ni, surtout, celle de la scène montréalaise.

Vulgaires Machins : un engrenage qui roule

Parce que Vulgaires ne souhaitait pas reprendre la tête d’affiche les micros vides – il fallait proposer des paroles et des refrains inédits – le groupe est revenu en brandissant Disruption, son album fraîchement sorti des presses et baptisé à l’Esco avec un lancement intimiste en octobre dernier.

VM a fait cohabiter une bonne dose d’anciens et de nouveaux riffs, avec Vivre, chantée par Marie-Ève Roy, Liberté pour ouvrir le bal, le nouvel incontournable Obsolète qui reste dans la tête jusqu’au lendemain et Pistache pour la chanson de chat. Je lève mon verre a été dédiée à un couple de fans dans la salle, pour une demande en mariage officielle ce soir-là. On ne fait pas les choses à moitié.

Petite déception pour Parasite toutefois, une oubliée de la programmation, mais que l’on pardonne à VM qui a entraîné la foule dans un mosh pit pour Cocaïnomane… avec laquelle VM aura quand même réussi l’exploit de composer une comptine universelle – et de presque deux minutes ! – avec quatre lignes de paroles : « J’fais d’la poudre / Pour travailler plus / Pour faire plus d’argent / Pour faire plus de poudre. »

Les quatre acolytes, Marie-Ève Roy, Pat Sayers et Guillaume et Maxime Beauregard donnent tout pour ce dernier spectacle – et à la question « Est-ce qu’il y en a dans la salle qui nous suivent depuis 30 ans », l’effervescence témoigne d’un retour très attendu par de nombreux fans, et qui l’espèrent durable cette fois.

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