J.I.D et Smino au MTELUS | Gros dimanche de hip-hop

Dimanche soir, J.I.D, Smino et Jordan Ward s’arrêtaient à Montréal dans le cadre de leur tournée conjointe, The Luv Is 4Ever Tour. Les trois nous ont livré une dynamique performance allant du R&B au rap.

La ville de St. Louis bien représentée

Pour lancer la soirée, c’est le chanteur R&B originaire de St. Louis, Jordan Ward, qui monta sur scène en premier.

Étant l’artiste le moins connu des trois, il a su, malgré tout, animer la foule de façon très divertissante. En effet, pour chacune de ses pièces, il demandait aux gens de faire les « back vocals » ce qui permettait de garder la foule concentrée. Cette partie de la soirée était la plus relaxe, dû au style R&B de ce dernier. D’ailleurs, il vient tout juste de sortir son deuxième album en carrière, Forward (excellent jeu de mots avec son nom Ward et forward).

Un savant mélange

Pour la suite des choses, c’est Smino qui a pris le relai avec ses musiciens et sa choriste. Originaire, lui aussi, de St. Louis, son style est un savant mélange de rap et de R&B. Sa voix polyvalente lui permet d’explorer plusieurs facettes sonores et d’utiliser une voix parfois grave et, par moment, très aigüe comme sur Klink (album Noir sorti en 2018) en ouverture de son set. Vers le milieu de sa performance, il a demandé à la foule de se diviser de moitié par rapport aux deux cœurs projetés derrière lui. Ensuite, il a fait une sorte de compétition avec les deux bords à savoir qui criait le plus fort.

Quelques morceaux plus tard, il a laissé la place à son guitariste pour qu’il nous fasse un solo de guitare électrique digne d’un show de rock. Il a conclu sa part du spectacle avec No L’s tirée de l’échantillon de la populaire chanson Knock Knock de la chanteuse R&B Monica. Ce sample très connu avait aussi été repris par Tyler The Creator et A$AP Rocky sur l’excellente Potato Salad. On voit donc très bien les influences R&B de Smino dans sa musique.

Finalement, il a bien équilibré sa performance avec un répertoire issu de ses trois albums, Blkswn (2017), NOIR (2018) et son dernier sorti en 2022, Luv 4 Rent. Le titre de la tournée (Luv Is 4ever) vient d’ailleurs du mélange entre le titre du dernier album de Smino (Luv 4 Rent) et du dernier album de J.I.D ( The Forever Story).

JID, J.I.D ou Jay eye Dee ?

Vers 21h50, J.I.D monte sur scène très lentement avec l’intro (Galaxy) de son plus récent album.

Le rappeur de 32 ans originaire d’Atlanta n’a pas chômé depuis le début de sa carrière. Ayant trois albums à son actif, The Never Story (2017), DiCaprio2 (2018) et The Forever Story (2022), il a pu nous livrer une multitude de chansons parfois relaxes et parfois très trap, aussi propices aux « moshpits ».

Il fait aussi partie de deux collectifs raps : Spillage Village fondé par EarthGang et Dreamville fondé par nulle autre que J.Cole. J.I.D. collabore donc par-ci par-là sur les albums en commun de ces deux boites de productions.

Après trois morceaux issus de chacun d’un de ses trois albums, il a enchainé avec six pièces de son plus récent opus dont les plus populaires, Dance Now, Bruddanem et Raydar sur laquelle on entend des bruits de sifflets et des commentateurs de football. Petit clin d’œil à sa carrière de footballeur universitaire de l’époque. Il portait aussi sur scène un chandail de baseball, ce qui ne cache pas son amour pour le sport.

Ensuite, le bout calme du spectacle est arrivé avec le morceau aux tendances jazzy (Stars) produit par le groupe canadien BadBadNotGood. Lors de cette séquence, l’entièreté de la foule avait sa lumière allumée. Sur cette chanson J.I.D a pu nous montrer son côté plus relaxe et son débit (flow) beaucoup plus lent, lui qui est habitué avec un style de rap très rapide qui flirt parfois avec le mumble rap (un rap où il est presque impossible de comprendre les paroles).

C’est d’ailleurs vers cette direction que la tête d’affiche s’est dirigée pour la fin de son spectacle. En effet, il a terminé avec ses créations les plus entrainantes et les plus dures à rapper dont Off Deez, Surround Sound et 151 Rum. Ce qui était impressionnant lors de cette partie, c’est qu’il rappait l’entièreté de ses paroles, même si le rythme devenait presque impossible à suivre.

Un des problèmes qui arrive souvent lors d’un show de rap c’est que l’artiste va trop se fier à la chanson en fond ce qui fait en sorte que l’on voit qu’il ne chante pas complètement les paroles. Dans le cas de J.I.D, c’était tout le contraire comme expliqué plus haut.

De plus, une des facettes du spectacle, qui était bien pensée, c’était la projection de vidéos et d’images en lien avec chaque morceau pour aider le spectateur à mieux comprendre les propos véhiculés.

Finalement, le clou de la soirée est lorsque la foule c’est mise à scander « STICK, STICK, STICK », pour qu’il interprète une des chansons les plus motivantes sorties dans les dernières : Stick du collectif Dreamville. Cette ode aux « mosh pits » a fait exploser le Métropolis.

Les cris de Sheck Wes et la voix entrainante de DJ Drama, ainsi que la partie de J.I.D donnait un tout parfait pour clore la soirée qui a été réussie dans son ensemble.

Cependant, les spectateurs n’ont pas pu avoir la réponse à la question existentielle suivante : comment prononcer le nom de J.I.D? Beaucoup de gens le prononce « JID» en un mot, d’autres y vont avec une pause entre chaque lettre (J.I.D) et j’ai même entendu du monde le dire de cette manière, «Jay Eye Dee». J.I.D lui-même ne nous aide pas, puisque dans ses chansons, il utilise plusieurs terminaisons pour prononcer son nom. Bref ce mystère restera en suspens longtemps.