Piers Faccini

Entrevue | Piers Faccini : un artiste passionné

Ces jours-ci, Piers Faccini est au Québec pour offrir quelques prestations (Gatineau, Québec, Sherbrooke) en compagnie de la chanteuse brésilienne Dom La Nena. D’ailleurs, vendredi soir, l’Anglo-italien se produira au Club Soda dans le cadre de Montréal en lumière. Sors-tu.ca a donc profité du passage de Piers Faccini au Québec pour s’entretenir avec lui. Conversation avec un artiste passionné.

Ses premières années en tant que musicien

Bien que Piers Faccini ne soit pas connu d’une tonne de Québécois, cet artiste aux multiples talents roule sa bosse depuis plus de dix ans sur la scène internationale. Toutefois, avant de se lancer dans l’univers de la musique, Piers Faccini a fait des études aux beaux-arts (peinture) au prestigieux King’s College Lade of Eton : l’une des institutions rattachées à l’Université Cambridge en Angleterre.

Lorsque questionné au sujet de ses débuts en musique, Piers Faccini aborde le fait qu’en 1997, il a formé le duo appelé Charley Marlowe avec Francesca Beard. Selon Faccini, le groupe a connu un succès culte sur la scène londonienne. Plus tard, certains membres de son entourage l’on persuadé de poursuivre une carrière solo. À ce sujet, Faccini affirme : « J’avais une sorte de timidité et de réserve vis-à-vis de la scène et je préférais la solitude de l’atelier de peintre. »

Toutefois, en 2004, après avoir travaillé au sein de Charley Marlowe et d’avoir eu le goût de tout faire lui-même, Piers Faccini a fait paraître Leave No Trace : son premier disque solo. Au sujet de la sortie de cet album, l’artiste affirme qu’ « une semaine après la sortie de l’album, [le journal] Libération m’a mis carrément en couverture avec ‘sensation folk, disque de l’année’ une double page à l’intérieur. Les mecs étaient trop fans de l’album et je suis un peu devenu leur chouchou. Ensuite, tout le monde [(les journalistes)] a suivi derrière. »

Cela dit, le musicien nous a confié qu’avant cette page couverture, il n’était pas du tout habitué à l’attention médiatique. « Pour moi, sortir un album c’était faire quelques petits concerts et jouer. Je pensais juste continuer à développer ma peinture et je faisais des bandes-sons pour la télévision. C’était comme ça que je gagnais ma vie, mais pas du tout avec mes chansons. »

Grâce notamment à cette première page couverture, Piers Faccini a connu un certain succès en France et a réussi à en sortir avec son second disque, intitulé Tearing Sky, qu’il a enregistré au studio Sonora à Los Angeles. Un peu plus tard, il a eu la chance de partir en tournée avec nul autre que le duo Amadou & Mariam. Ainsi, il a parcouru l’Angleterre, l’Irlande et les États-Unis.

« Dans un concert, il y avait JP Plunier : le réalisateur des premiers albums de Ben Harper et le patron de la maison de disque Everloving. » Peu de temps après, Piers Faccini a fait une autre rencontre essentielle au développement de sa carrière de musicien, soit celle de nul autre que Ben Harper.

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Piers Faccini et la musique qui l’inspire

L’une des premières choses qui frappe à l’écoute d’un disque de Piers Faccini est l’aspect métissé de sa musique. On y retrouve notamment du folk, du rock et de la musique d’Afrique de l’Ouest. Lorsque je l’ai questionné au sujet de ses influences, Piers Faccini en avait beaucoup à dire.

« Ma passion pour les musiques du monde et de partout vient du fait qu’à 16 ans, en 1985, j’ai commencé à acheter des vinyles. C’est comme ça que j’ai découvert la musique brésilienne, africaine, indienne, le folk, le blues, etc. »

L’artiste, qui est visiblement passionné par la musique, enchaîne en déclarant ce qui suit : « Déjà, à 20 ans, j’avais repéré les trois piliers centraux de mes influences. Premièrement, la musique d’Afrique de l’Ouest, en particulier la musique du Mali et la musique mandingue. Deuxièmement, tout le folk britannique et irlandais. Donc, toute la tradition d’auteur-compositeur, mais aussi le traditionnel c’est-à-dire, des artistes comme John Martin et Nick Drake. Troisièmement, le country-blues : cette période extraordinaire dans la musique afro-américaine. Ce moment de créativité absolument remarquable qui a marqué les années 1920 et 1930. Je pense à des artistes comme Skip James, Sun House et Blind Willie Johnson. »

Avec un bagage de références et d’inspirations aussi riche et diversifié, Piers Faccini avoue qu’entre 20 et 30 ans, il a développé son écriture et qu’un défi de taille s’est imposé à lui.

« Comment je peux marier la langue anglaise avec des rythmes africains ? C’est ça qui m’a pris un peu de temps parce que ce n’est pas évident. Et, en fait, c’est ça qui a créé mon style parce que je me suis acharné pour trouver une façon de créer une musique d’auteur qui rejoignais ces trois routes-là ».

Piers Faccini enchaîne en affirmant qu’il se fait souvent demander quels sont ses auteurs-compositeurs encore vivants préférés. Sans qu’on ait le temps de lui poser la question, l’artiste nomme Leonard Cohen et Joni Mitchell.

Quelques secondes plus tard, Piers Faccini admet qu’il ressent aussi beaucoup de complémentarité avec certains artistes de sa génération dont Lhasa, Bonnie ‘Prince’ Billy et Bill Callahan.

 

Beating Drum : Piers Faccini se donne carte blanche

L’année 2013 de Piers Faccini a été marquée par la fondation de Beating Drum, sa propre maison de disque. Mais qu’est-ce qui a motivé l’Anglo-italien à fonder sa propre étiquette? « Deux choses m’ont motivé à fonder ma maison de disque. Premièrement, la crise du disque. Deuxièmement, le développement des réseaux sociaux et de toute la démarche communicationnelle de la musique par les voies d’Internet. »

Depuis quelques temps, il constatait que les maisons de disque étaient en décalage avec la réalité de l’industrie. Selon Piers Faccini, les maisons de disque ne savent pas trop comment gérer la nouvelle démarche qu’impose le nouveau modèle d’affaires de la musique. Cela dit, il ajoute ce qui suit : « La raison principale pour laquelle j’ai fondé ma propre maison de disque est que je voulais prendre toute les décisions créatives, pouvoir assumer tous les choix créatifs. »

De plus, en fondant Beating Drum, Piers Faccini savait qu’il ne voulait pas répéter le modèle communicationnel préconisé par les maisons de disque traditionnelles.

« Le peu de gens qui veulent acheter des disques aujourd’hui, veulent avoir un échange direct avec l’artiste. Souvent, ces gens-là, ce qui les encourage encore plus à investir de l’argent, c’est le fait de savoir qu’ils peuvent avoir cet échange direct avec toi, qu’ils savent que c’est ta maison de disque. Avec Beating Drum, Je voulais créer quelque chose de personnelle qui privilégie l’échange et le partage entre la personne qui aime ma musique et moi. »

2014 : une année bien chargée

Ses plans pour l’année 2014 commencent à se préciser. « Dans deux mois, on va sortir le premier EP de Jenny Lysander. » Il s’agit d’une musicienne suédoise de 21 ans et c’est Piers Faccini qui a réalisé le disque. Il s’agira du premier album  à sortir sur Beating Drum qui n’est pas de Piers Faccini. L’artiste affirme désirer garder l’esprit familial de Beating Drum en ne signant que ses plus grands coups de cœur.

De plus, à la rentrée 2014, Piers Faccini lancera un disque avec le violoncelliste Vincent Segal. Ensuite, il fera paraître un EP numérique qui sera en quelques sortes la suite de Between Dogs and Wolves. « Ce EP sera composé de chanson écrites pour Between Dogs and Wolves, mais, qui pour une raison ou une autre, ne se sont pas retrouvées sur le disque. » Finalement, Piers Faccini a annoncé qu’un nouvel objet sera créé pour le Record Store Day. « Cet objet aura deux faces A : une chanson de moi et une chanson de Jenny Lysander. »

Pour plus d’information, visitez le site Internet de Piers Faccini : http://www.piersfaccini.com/

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