Dissidents

Critique théâtre: Dissidents à l’Espace Go

En cette période d’évident soulèvement au sein de la population et de grogne générale,  le Théâtre PÀP s’interroge sur la révolte pacifique des Dissidents de ce monde, sur les dangers du progrès et sur l’action citoyenne. Avec Marilyn Castonguay, Sébastien Dodge, Patrice Dubois, Évelyne Gélinas et Benoit Côté ou Gaël Lane Lépine, la pièce est présentée jusqu’au 31 mars à l’Espace Go.

 

Photo par Yves Renaud

Ce spectacle, issu d’un essai de l’auteur Philippe Ducros en collaboration avec le metteur en scène et acteur Patrice Dubois, nous amène au coeur du sujet ; le mouvement. Celui qui nous mène en avant, en haut, mais qui ne prévient pas contre la chute.

« La dissidence est bien une attitude qui n’est pas nécessairement dirigée contre quelque chose, mais qui implique un désaccord ou une distance prise avec un pouvoir ou une autorité politique. »  (Wikipédia)   La langue française nous offre cette nuance à la révolte, car civilisé et posé l’Homme est devenu (!). En s’intéressant à l’histoire du progrès de l’humanité, Dubois et Ducros soulèvent des interrogations en abordant plusieurs facettes de la médaille, mais sans attaquer, sans pourfendre. Tout en dissidence.

D’un côté, la masse. La foule qui est entraînée par un mouvement de contestation à cause/grâce à un homme. Un homme qui a agi seul, mais qui à lui seul déterre l’indignation. D’un autre côté, encore la foule, cette fois victime de la violence née de la contestation. Et après, la famille, le système judiciaire, la consommation, la société, donc, l’humanité. Et ce mouvement perpétuel qu’est le progrès et ses conséquences néfastes et irréversibles, malgré l’indignation.

 

Beaucoup de questions, peu de réponses

Photo par Yves Renaud

Dans cette pièce extrêmement forte en questionnement, peu de réponses sont satisfaisantes. Particulièrement quand la réponse ne fait pas le poids face à son interrogation : « C’est quoi que vous préférez? La banalité qui accouche du monstre, ou la monstruosité qui se perpétue? » Le personnage incarné par Dubois nous est d’abord étranger, pour devenir rapidement détestable et finalement, incarné, semblable, vivant. Ne sachant jamais trop quoi lui reprocher, on finit par lui pardonner de n’avoir été que ce qu’il peut être : lui.

Dissidents est un spectacle d’une grande qualité visuelle et scénographique. Les jeux de lumière et la mise en scène surprennent et intéressent grâce aux ellipses temporelles que le spectateur doit interpréter, grâce au noir total qui garde éveillé. D’autres surprises nous attendent dans le détour et le jeu impeccable des acteurs à la fois guide et mêle les cartes, si bien qu’on ne sait plus qui croire. La morale : Je me révolte, donc nous sommes, et la progression des uns fait régresser les autres. À voir avec son carré rouge.

Vos commentaires