Gotye

Critique album: GOTYE – Making Mirrors

Gotye - Making Mirrors Gotye Making Mirrors

L’artiste Belgio-Australien Gotye nous revient avec son troisième album, « Making Mirrors ». Bien ficelé, cet album pop à la facture quelque peu rétro nous entraîne dans un univers coloré, sans le moindre temps mort. 42 minutes en bien belle compagnie…

Les claviers sont à la base de la plupart des pièces sur ce disque, et c’est ainsi que s’ouvre celui-ci, avec la pièce titre où la voix éthérée survole des claviers lancinants. On enchaîne ensuite avec Easy Way Out, sur laquelle basse, batterie et guitare créent un son très entraînant qui vous obligera à taper du pied.

La pièce qui, pour bien des gens, fut la porte d’entrée sur le monde de Gotye est Somebody That I Used to Know. Succès mondial instantané, cette collaboration avec la jeune chanteuse néo-zélandaise Kimbra est une jolie chanson de détresse amoureuse, combinant mélodie qui deviendra rapidement un ver d’oreille dont vous ne pourrez plus vous débarrasser, et des paroles touchantes, sans oublier les voix de Gotye et Kimbra qui se marient à merveille. Un petit bijou pop, rien de moins. La sonorité rétro, très 60’s, vient agrémenter le tout.

Eyes Wide Open est une pièce au rythme effréné qui raconte un échec amoureux. La voix de Gotye est empreinte d’un mélange de désespoir et de frustration. Gotye, qui signe lui-même la réalisation de l’album, crée des sons très intéressants. Pour cette pièce en particulier, il s’est servi d’une clôture, appelée la Winton Musical Fence, lui donnant accès à différentes sonorités, surtout au niveau des percussions et de la basse. L’ensemble est très accrocheur.

La réalisation de Gotye rappellera à l’auditeur québécois celle de Martin Léon sur son plus récent album. On y retrouve le même genre d’univers sonore très riche, où les différents bruits, « samples », instruments et autres remplissent la totalité de l’espace sonore. Un petit grain vintage est ajouté à l’ensemble, conférant à l’album une esthétique sonore des plus alléchantes.

I Feel Better, inspirée de la pop des années soixante, aurait tout aussi bien pu être chantée par Cee Lo Green, ou n’importe quel artiste de l’écurie de Phil Spector. Cette chanson a tout du succès potentiel.

L’un des moments les plus intéressants de l’album est State of The Art, où Gotye transforme sa voix avec Auto-Tune (ou un quelconque logiciel) pour la rendre méconnaissable. Celle-ci est apposée sur une musique qui donne, à prime abord, l’impression d’avoir été créée avec de vieux synthétiseurs des années 80, utilisant tous les sons les plus étranges que ces claviers ont à offrir. Mais un avertissement à la toute fin de la chanson nous apprend que, malgré ce que l’on peut penser, aucun clavier ne fut utilisé pour cette chanson, « seulement le pressage occasionnel de quelques boutons ».

Parmi les dernières pièces, on retient surtout Save Me, écrite lors de moments de dépression (comme la majorité de l’album). Une belle mélodie, des percussions frappantes et intéressantes, un groove de basse et une pincée de claviers, ainsi que le chant sensible de Gotye, font de cette chanson un des moments pivots du disque.

En somme, l’album Making Mirrors ne réinvente pas la roue, mais devrait jouir d’un bon succès. Il s’agit du premier disque de Gotye à susciter réellement de l’intérêt en Amérique du Nord. Cet album est une bonne carte de visite, démontrant bien le potentiel de l’artiste, ainsi que l’étendue de sa sensibilité et de son talent d’auteur.

À noter que bien des gens auront déjà entendu Somebody That I Used to Know car celle-ci fut l’objet d’une reprise très populaire sur Youtube par le collectif Canadien Walk Off The Earth. Jetez-y un coup d’œil ci-bas: leur vidéo est du pur bonbon et la raison même de leur succès.

De plus, le vidéo officiel de Gotye pour la même pièce, mettant en vedette le chanteur et Kimbra, est également d’une beauté remarquable et empreint d’une grande poésie.

* Gotye sera de passage au Théâtre Corona de Montréal le 30 mars prochain.

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