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Critique | 2014 Revue et corrigée au Théâtre du Rideau Vert

En ce début de décembre frisquet, le Théâtre du Rideau Vert ajoute une dixième bougie à sa tradition des fêtes avec 2014 Revue et corrigée. C’est le moment tant attendu pour mettre en scène les dernières frasques de nos vedettes et politiciens. Mais est-ce que le déplacement en vaut la dixième chandelle?

Il est déjà temps de troquer manteaux et bottes d’automne pour se balader bien emmitouflé sous les éclairages féeriques de la rue St-Denis. Vin chaud à la main et bilan en tête, voilà: la saison des revues de l’année est officiellement lancée. Le pèlerinage est enfin terminé, après s’être emparé des rues du centre-ville en marchant contre l’austérité, on peut maintenant prendre du recul et s’offrir de rire un bon coup en exutoire. Comme première revue de l’année, pourquoi ne pas choisir un classique, celle du Rideau Vert, dont la mise en scène est signée par Alain Zouvi pour une seconde fois.

Le talent et jeu des comédiens fut pratiquement sans faute. Chacun d’eux brille dans un numéro ou dans un autre, y compris Julie Ringuette, qui s’est nouvellement joint à l’équipe après le départ de Véronique Claveau. Sensiblement dans le même casting, elle se fond bien à l’équipe spécialement dans ses imitations de Brigitte Boisjoli et Marjo. D’ordre général, leur jeu a réussi à nous divertir, mais n’en tient que 2014 Revue et corrigée n’était pas assez drôle pour nous faire rire aux larmes.

Très axés sur la politique, plusieurs sketches tombaient à plat ou faisaient preuve de redondance : les libéraux sont dépeints comme des bandits à cravates pendant que les couteaux volent bas chez les péquistes ; Julie Snyder est incapable de tenir en place alors que le maire de Saguenay nous récite la prière. Beaucoup de déjà vu et d’inégalité. On sort très peu des sentiers battus, comme si on se collait un peu trop à l’actualité et pas assez à la comédie.

Dommage, car certaines idées auraient pu être géniales, pensons aux Recettes pompettes d’Éric Salvail en compagnie du premier ministre Harper. Mais on a malheureusement raté l’occasion de le cuisiner. Il y avait aussi quelques flashs intéressants comme la reprise de la publicité d’assurance automobile Je note ! mélangée aux plus grands succès de Claude Dubois ou bien l’arrivée de Jean Airoldi dans l’Unité 9, le temps de prêter les pensionnaires au jeu de l’émission Quel âge me donnez-vous? Bons concepts. Or, les textes n’étaient pas assez soutenus pour rester accrocher jusqu’à la fin.

Certains numéros sont tout de même sortis du lot, notamment le brillant hommage à Gilles Latulippe. Arrivé aux portes de St-Pierre, il y retrouve ses amis chers, les plus grands du Vaudeville que sont Rose Ouellet (la Poune), Olivier Guimond et Amanda Alarie. Un numéro drôle, intelligent et surtout très touchant. Frissons garantis pour les nostalgiques.

S’ensuit d’un sketch où Charles Tisseyre, interprété par Benoit Paquette, nous explique de façon très scientifique le défi Ice Bucket Challenge. Du bonbon, un pur délice! Tout comme le retour très attendu de Pauline Marois, une deuxième peau pour Suzanne Champagne. Peu importe ce que réserve l’avenir de 2015, on fait secrètement voeu que l’actualité lui fasse une petite place pour pouvoir la retrouver sur scène l’année prochaine.

 

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