Allah-Las

Allah-Las au Rialto | Retour vers le passé

C’est un retour soyeux vers les belles années des sixties qu’ont offert mardi soir les Californiens de Allah-Las. Déjà présents à la Tulipe en septembre dernier, les Américains récidivent en présentant une nouvelle fois aux Montréalais leur dernière monture Calico Review. Mais tels des cow-boys de l’Ouest, ils dégaineront aussi leurs anciens morceaux. Le magnifique Rialto sera ainsi le cadre d’un spectacle envoutant. Un vrai régal.


Nouvelles stars du rock psychédélique, la formation californienne n’a pas mis longtemps à se trouver des aficionados. Car depuis 2012 et la sortie de leur premier disque sobrement intitulé Allah-Las, le quatuor s’est taillé une sacrée réputation. D’abord aux Etats-Unis, puis un peu partout… et particulièrement en Europe. Écumant les festivals et autres salles de concerts à une vitesse effrénée, cela en est presque paradoxal tant leur musique calme nos rythmes cardiaques. On pourrait se lasser de les revoir si vite mais nul doute que certaines personnes ayant fait le déplacement à la Tulipe en septembre dernier sont de ceux qui ont fait leur retour au Rialto ce mardi soir.

 

Le Rialto comme cadre parfait 

Reconnu monument historique par Montréal mais aussi par les gouvernements québécois et canadiens, le Rialto est splendide comme à son habitude. Le théâtre de l’avenue du Parc laisse transparaître à travers ses ornements de style néobaroque un retour dans le passé suintant la paix et l’amour. Ce rêve éveillé est initié par les resplendissants Anemone et leur décor fleuri. Puis ce seront les énergiques The Babe Rainbow qui prendront la relève, laissant à Allah-Las un public enthousiasmé dès les premiers concerts déjà. La pyschédélie sera ensuite toujours au rendez-vous, parfaitement encouragée par Allah-Las durant une bonne heure et demi.

 

L’esprit du voyage est là

On traverse ce concert comme on traverserait la Big Sur en van, les cheveux au vent et lunettes de soleil sur le nez. L’auto qui cracherait la playlist concoctée avec soin commencerait avec l’enthousiasmante Follow You Down. Et plus ça continue, moins on veut la modifier…  surtout quand l’introduction de Busman’s Holiday s’affirme progressivement. Le chanteur Miles Michaud s’avance vers son micro et pas besoin pour lui de motiver la foule : le public s’invite massivement sur les premières paroles que sont « Spent two years of my life in a foreign land ». L’esprit du voyage est bel et bien là.

Se poursuivront ensuite quelques pépites dont 501-415, 200 South La Brea ou Famous Phone Figure où s’inviteront respectivement au chant le guitariste Pedrum Siadatian, le bassiste Spencer Dunham et enfin le batteur Matthew Correia. Il y aura aussi la fameuse entame « Time after time, girl » sur la chanson Sandy, reprise avec enthousiasme par les spectateurs et qui lancera concrètement le concert. Et malgré un petit passage en deçà par rapport à l’entame du concert, surviendront tout de même les magnifiques instrumentales Sacred Sands et Ferus Gallery où les percussions s’affirmeront dans une ambiance folle. Ce sera juste avant une envoutante prestation de No Voodoo plus énergique que la version studio, ce qui n’a pas l’air de déplaire la foule. Elle se prend au rythme, initiant même des pogos dans la foule.

Un fait étonnant d’ailleurs à l’écoute des sons d’Allah-Las mais qui le paraît moins au vu de l’ambiance sensationnelle qui règne au Rialto. Même le groupe est impressionné. Pas étonnant d’ailleurs, voyant certains terminer le torse-nu ou s’élancer en crowdsurfing.

 

Une expérience sensationnelle

Un rappel assourdissant fera revenir les Californiens pour quatre chansons, dont deux superbes prestations des géniales Tell Me (What’s On Your Mind) et Catamaran. Concluant ce concert avec la visite de deux membres de The Babe Rainbow, le constat au terme de ce généreux concert est que malgré la qualité de leurs plus récents albums Worship The Sun (2014) et Calico Review (2016), aucun d’entre eux n’arrivent à la cheville de la claque spontanée que l’on a découvert sur leur premier album homonyme d’Allah-Las en 2012.

Finalement, l’expérience d’un concert d’Allah-Las vaut bien plus qu’un simple déplacement au Rialto. C’est littéralement un trip dans le passé auquel on se joint, un voyage vers ces belles années d’insouciance où l’on espérait que les armes seraient des guitares et que les tirs militaires seraient de simples coups de caisse claire.

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