Festif! de Baie-Saint-Paul 2023 – Chapitre 1 | …c’est rien qu’un début

La 14e édition du Festif! de Baie-Saint-Paul débutait ce jeudi, prenant place dès l’après-midi jusque dans la nuit. Des pointures québécoises des années 1990 et 2000 étaient mises à l’honneur à la Place Desjardins dans le courant de la soirée, au nom de Dumas et Daniel Bélanger, de même que les formations indie pop et funk Milk & Bone et Valaire, par la suite.

Sans remuer le couteau dans la plaie, on rappelle que la ville de Baie-Saint-Paul ressort à peine d’une période d’inondation, alors que la rivière du Gouffre connaissait une crue notable en mai dernier.

Le récent et mauvais souvenir est mentionné ici, seulement pour partager que… bien on le remarque à peine, voire pas du tout, la municipalité de Charlevoix semble entretenue à la perfection, à permettre de complètement oublier les événements.

 

Une soirée achevée

Suivant une performance honorable de Marilyne Léonard, lauréate de la révélation Radio-Canada 2023-2024, s’étant permis notamment durant son segment une reprise atypique de La bohème, de Charles Aznavour, l’auteur-compositeur-interprète de Victoriaville Dumas monte sur scène vers 19h45, dans un concert célébrant les 20 ans de son album phare, Le cours des jours.

Et quel concert le musicien nous présente!

Pas spécialement loquace au cours de son segment, l’énergie de Dumas paraît pourtant contagieuse, l’artiste transforme le parterre de la Place Desjardins en une « piste de danse » à grande échelle, de ses propres mots.

Le musicien s’offre régulièrement de longues séquences musicales accompagné de son groupe, de nombreuses envolées techniques à la guitare, également, suggère à la foule de chanter ses refrains.

Dumas interprète durant plus d’une heure des habituels de sa discographie, entre autres Linoléum, Miss Ecstasy ou encore Ne me dis pas, avant de confesser l’influence que Daniel Bélanger a pu exercer sur lui par le passé, il y a presque 30 ans, alors que le musicien composait ses premières chansons dans son sous-sol à Victoriaville durant la fin de son adolescence.

Il cède sa place à l’auteur de Rêver mieux, quelques minutes ensuite.

Comme un passage du flambeau, mais du côté inverse.

Plus réservé dans l’attitude que Dumas, Daniel Bélanger entre sur les violons enregistrés d’Apertura, avant d’enchaîner sur Soleil levant, tiré de son dernier album, Mercure en mai, paru l’année dernière.

Sobre, casquette et guitare sèche à la main, Bélanger alterne entre classiques et nouveaux morceaux témoignant d’une diversité dans sa longue carrière, toujours doté d’une voix exemplaire pour son âge, à mentionner également.

Le public connaît les paroles chantées sur le bout des doigts, accompagne sans arrêt celui que l’on peut qualifier sans gêne de figure majeure de la musique québécoise des années 1990 et 2000.

L’auteur-compositeur-interprète montréalais joue aux alentours d’une heure sur scène, interprète le populaire Les deux printemps sous les acclamations de la foule, avant de terminer tranquillement cette première soirée à la Place Desjardins, laissant la place aux scènes plus modestes l’environnant.

 

Jusqu’au bout de la nuit

En simultané étaient présentés à 00h45 Milk & Bone et Valaire.

Des deux concerts nocturnes, celui du quintette jazz-R&B-funk-hip-hop sherbrookois aura pourtant été préféré!

Un choix de Valaire de se faire plutôt discret semblait être posé depuis ces derniers temps : aucun album depuis 2016, jusqu’à Jazz futon, paru il y a à peine six mois.

Une occasion en or pour retrouver cette sensation qu’est celle de fouler les planches!

Tous munis de lunettes de soleil, la formation parvient à transformer en moins de deux le chapiteau de la Scène Sirius XM en une grande fête collective.

Valaire danse, Valaire chante, Valaire a le sourire aux lèvres, toutes ces actions reproduites par le public presque sans qu’il en décide autrement.

Chaque membre est mis en valeur à un moment ou un autre de la performance, un solo endiablé permettant de caractériser le plein potentiel des instruments de tous et d’assimiler que, oui, Valaire ça groove, mais Valaire, c’est avant tout une technicité musicale hors de la norme.

Le clou du spectacle : la longue interprétation de By My Side, agrémenté par l’énergie surprenante pour l’heure de la formation, mais surtout par la voix enregistrée du regretté Karim Ouellet, disparu il y a de cela déjà 18 mois.

À plus petite échelle

La programmation de cette première journée du Festif! de Baie-Saint-Paul traduit sans doute un désir de diversité assumée dans la musique, et la disposition du site du festival n’en témoigne pas le contraire.

Si l’espace alloué à la Place Desjardins se révèle relativement grand, les scènes Hydro-Québec et Sirius XM peuvent faire office de variantes à échelle moyenne, tandis que la Scène Loto-Québec, quant à elle, tire parti d’une disposition intime pour les concerts à tendance plus acoustique.

Le talentueux auteur-compositeur-interprète Philippe B était invité ce jeudi 17h sur les planches de cette dernière afin de présenter son plus récent opus, Nouvelle administration.

L’esthétique de la scène s’avère magnifique, les branches de bois arrangées dans le dos de l’artiste permettent de poser cette touche « rustique », alors que la performance du musicien, aux textes réfléchis et sincères, agit comme une entrée en matière charmante et accueillante.

À donner envie de découvrir ce que le reste du festival nous réserve avec hâte!

 

Photos en vrac

Daniel Bélanger

Dumas

Marilyne Léonard

Philippe B