Zone Homa 2016 | Géolocaliser l’amour : Ouverture sous forme de lecture échevelée
Pour une huitième année consécutive, tout le quartier Hochelaga-Maisonneuve vibre au rythme de Zone Homa, un festival multidisciplinaire qui offre une rampe de lancement au jeune talent en théâtre, en danse, en musique et en multimédia. Pas moins de 44 créations réparties sur six semaines et regroupant quelque 200 artistes seront présentées au cours de cette édition 2016 de ZH qui sévit jusqu’au 27 août.
L’ouverture s’est plutôt démarquée hier soir à la Maison de la culture Maisonneuve (voisine de la belle Bibliothèque Maisonneuve de style beaux-arts), non pas par du théâtre mais par une lecture à trois de Géolocaliser l’amour, un texte échevelé de Simon Boulerice qui en signe une non mise en scène.
Trois lutrins font office de décor. Trois comédiens, Lucien Bergeron, Tommy Lavallée et Jocelyn Lebeau, assurent à tour de rôle cette lecture annoncée comme poétique et qui sera rendue pratiquement sans aucune interprétation. De toute façon, il n’y a rien à jouer. Le texte n’a ni queue ni tête.
Casquettes à l’envers, bottines punk archi usées et barbe épaisse, jeans écourtés, sandales de femme à rayures bleues et blanches, t-shirt rouge avec l’inscription I can’t keep calm, I’m a guy, les trois comédiens déballent au «je» le texte de Simon Boulerice qui va dans toutes les directions, c’est-à-dire nulle part.
Rarement aura-t-on vu un tel amoncellement pêle-mêle de lieux communs, supposément pour illustrer la quête incessante d’un jeune gai sur les médias sociaux, appuyé dans son parcours qui fait du sur place par un discours superficiel inspiré des nouvelles technologies, comme si elles avaient en soi un ressort dramaturgique. Voilà plutôt une aventure 2.0.
Netflix, YouTube, Facebook, Twitter, texto, cell, Streetview, Google Alert, Tinder, Grindr, Siri, Swipe right, It’s a match et le dieu iPhone font partie de ce qui ponctue le vocabulaire d’un texte dépourvu, c’est évident, de toute portée poétique. À certains moments, on a l’impression que Marguerite Duras est invitée au Banquier.
Le meilleur est à venir
Mais, il ne faut pas s’arrêter au ratage de cette soirée d’ouverture de Zone Homa 2016, car des choses en apparence intéressantes suivront au programme. C’est le cas de Corps de rechange, un théâtre multimédia qui prend sa source dans la poésie de Claude Péloquin. Un homme et une femme cherchent désespérément un moyen pour que la nature nous donne un corps de rechange et nous rende éternels.
C’est le cas aussi pour L’intime, des productions T3 : Théâtre de Trois, où les concepteurs se concentrent cette fois sur les inédits de Marie Cardinal, une battante pour sa propre survie, dont les mots revendicateurs et libérateurs continuent de marquer les esprits. Élisabeth Locas est la co-auteure et l’interprète de cette quête sensuelle entre Alger et Montréal d’une grande écrivaine.
Et puis encore, des propositions pour lesquelles nous n’avons aucun repère, comme l’intrigant Hexakosioïhexekontahexaphobie, qui se veut un laboratoire théâtral à la recherche d’une certaine perfection, mené par six interprètes dans un espace-temps en accéléré.
Aussi, des résidences à la Fondation Guido Molinari, comme le laboratoire de Pauline Schwab, Aujourd’hui je paresse, qui questionne le rapport au temps que personne ne peut retenir, et la place qu’occupe l’humain dans l’univers.
Ou encore Le chemin que nous avons parcouru, par le performeur et metteur en scène Thomas Duret, avec un opus qui s’inscrit dans un processus de recherche de sens, soit dans la notion du «contemporain» en première partie, soit dans la notion des «dispositifs» en seconde partie.
Le logo de Zone Homa représente un perroquet dont la queue est une main. Cette main tendue se veut un lien exceptionnel de rencontre et de diffusion pour les jeunes créateurs en exploration de leur art. Il faut oser aller y voir de plus près.
Et participer aux événements extérieurs, comme la Rue de la poésie et La Criée, les installations et les performances comme Le fil par La Grande Chasse, et le déambulatoire La Catherine, qui font que c’est tout l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve qui nous invite dans sa Zone Homa.
- Artiste(s)
- Simon Boulerice, Zone Homa
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Maison de la culture Maisonneuve
- Catégorie(s)
- Festival, Poésie,
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