Martha Graham Dance Company

Retour réussi de la Martha Graham Dance Company au Théâtre Maisonneuve

La Martha Graham Dance Company présente au Théâtre Maisonneuve une soirée en deux parties, où les pièces des années 30 créées par Martha Graham côtoient celles de chorégraphes contemporains du 21e siècle. Superbe soirée en compagnie de danseurs de talent.

Depuis le décès de son illustre chorégraphe en 1991, la Martha Graham Dance Company (MGDC) agit comme plateforme de la danse contemporaine actuelle. Loin de se limiter au seul répertoire des chorégraphie de Martha Graham, la MGDC agit tel un musée vivant. Poursuivant la philosophie de sa créatrice, la compagnie reprise par Janet Eilber en 2005, perpétue la voix de sa créatrice en poussant à l’innovation. Que ce soit par l’invitation de chorégraphes en avance sur leur temps (Mosaic), ou en faisant renaître des œuvres disparues (Ekstasis), la MGDC offre une plateforme à la danse contemporaine.

Coup de cœur pour PeiJu Chien-Pott

Quatre pièces forment le programme de cette visite de la MGDC à Montréal. La soirée commencera en force avec le classique Chronicle. Dans cette pièce à la thématique ouvertement politique, les danseurs réagissent à la montée du fascisme dans l’Europe des années 30. Impossible de détacher notre regard de la charismatique danseuse PeiJu Chien-Pott. La danseuse au corps sculpté par la technique Graham occupe à elle seule la scène du Théâtre Maisonneuve au complet. Après l’entracte, on la retrouvera en solo dans Ekstasis. Habillée d’un tube de tissu près du corps, la danseuse apparaît telle une statue qui se met à bouger en maintenant une tension musculaire presque palpable par le public. C’est un magnifique travail technique et d’interprète.

PeiJu Chien-Pott et Leslie Andrea Williams. Crédit photo: Brigid Pierce.

PeiJu Chien-Pott et Leslie Andrea Williams. Crédit photo: Brigid Pierce.

Lamentation Variations et Mosaic sont les deux autres œuvres qui composent la soirée proposée par la MGDC. Dans Mosaic, difficile de prime abord d’identifier le lien entre la pièce du belge Sidi Larbi Cherkaoui et le répertoire de Martha Graham. Aux mouvements saccadés de la technique Graham, succèdent la fluidité de la chorégraphie de Charkaoui. Le lien est ici plus thématique qu’esthétique.

Finalement, les Lamentation Variations (trois sont présentées à Montréal) sont la réponse de chorégraphes actuels à l’incontournable solo Lamentation (1930). La variation de la chorégraphe canadienne Aszure Barton sera celle qui nous aura marqué. Sur une musique angoissante, les interprètes installent une ambiance inconfortable. Une belle performance ici encore.

Martha Graham, génie de la danse

Martha Graham (1894 – 1991) d’abord danseuse, puis rapidement chorégraphe à partir de 1926, reste 27 ans après sa mort, encore et toujours une référence incontournable de la danse contemporaine. Sa contribution aux arts du XXe siècle est indéniable. Martha Graham est une artiste qui aura su rester en avance sur son temps et ce, pendant presque 100 ans. À une époque où le ballet classique est l’unique référence, Martha Graham réinvente une manière de se mouvoir qui deviendra à l’instar du ballet classique, la première technique de danse moderne codifiée, la Technique Graham.

La Technique Graham est caractérisée par le cycle de contraction/décontraction (contraction and release). Cet élément emblématique de la danse moderne américaine connecte le corps et les émotions. Utilisant le mouvement comme langage, elle formalise les émotions en éléments visualisables. Les contractions intenses du plancher pelvien, initiatrices de mouvement, sont suivies d’une relâche. À l’expiration brutale suit l’inspiration. Cette technique expressive, fut utilisée jusque dans le cinéma en raison de sa capacité à connecter viscéralement le danseur (ou l’acteur) à ses émotions.

Que l’on aime ou non son style, Martha Graham a révolutionné le monde de la danse. Assister à ce spectacle, c’est voir l’histoire de la danse moderne se dérouler devant nos yeux. Présenté du 22 au 24 février au Théâtre Maisonneuve.

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