Tommy Crane

Montréal Anti-Jazz Police Festival – Jour 3 | Une belle prestation de RJ Leblanc et Bellbird, suivi de l’expérimentation du duo Angell & Crane

Pour ce troisième jour du festival Montréal Anti-Jazz Police à l’Ursa, on commence avec le jazz moderne de l’excellent bassiste Rémi-Jean Leblanc, avec une formation de haut niveau doté d’une très belle connivence. C’est ensuite Bellbird qui revient jouer les titres de son album, mais en trio. Et la soirée se termine avec le duo expérimental Angell & Crane, qui pousse les limites du jazz un peu plus loin et termine avec une poignée d’invités sur scène.

 

Rémi-Jean Leblanc avec sa formation Heyday : très soudé et musical

C’est toujours un plaisir d’entendre le bassiste et contrebassiste Rémi-Jean Leblanc, que ce soit avec sa propre musique, comme avec l’album Heyday sorti fin 2022 (voir notre entrevue), ou à travers ses multiples collaborations avec des membres de la scène montréalaise (Éveline le mois dernier, Jacques Kuba Séguin, l’ONJ, the Dears, Klaus…)

Après une tournée à travers le Canada pour promouvoir Heyday, la formation revient plus forte et plus serrée avec Nic Ferron à la guitare et le complice Kevin Warren à la batterie. Erika Angell, au chant, n’était pas présente sur toute la tournée, ainsi que le claviériste Jonathan Cayer qui jouait cette musique pour la première fois. Mais ça n’a pas paru, Cayer offrant de belles envolés de claviers sauvages.

Le groupe présente une cohésion certaine avec une prestation notable d’Erika Angell qui fitte parfaitement et des solos d’un jazz moderne regardant un peu vers le rock. On retiend notamment Into the Sun avec ses changements de rythmes et Chanson pour Marguerite, qui reste un titre très attachant à l’exécution originale. Quelques nouveaux morceaux nous sont présentés, sans titre définitif, tel que the F# song sur un texte d’Angell.

Un concert de très bon niveau qui a su rallier davantage de monde à la musique de RJ Leblanc et aux talents incontestables de ses musiciens.

 

Liam O’Neil et une approche déconstruite de la batterie

La deuxième partie de la soirée commence par une courte interlude de percussion moderne avec Liam O’Neil, le batteur de Suuns, qui monte sur scène avec un procédé sonore qui n’est pas sans rappeler celui de Ben Shemie, le chanteur et guitariste de Sunns, entendu lors du Taverne Tour en février dernier.

O’Neil se sert d’un micro comme d’une baguette, le tape et le frotte sur les peaux de ses tambours. Le son passe par un traitement complexe et en sort une sonorité altérée et particulière. Le tout donne une approche très originale des percussions avec un résultat déstabilisant, mais intéressant.

 

Bellbird en trio

Bellbird est une formation montréalaise de grand intérêt avec la rythmique d’Eli Davidovici à la contrebasse et de Mili Hong à la batterie. Il y a également les excellentes saxophonistes Claire Devlin au ténor et normalement Allison Burik à l’alto, qui était absente car malade ce soir.

Ce n’est cependant le genre de mésaventure qui va perturber la formation, même si Devlin se retrouve à condenser les belles lignes mélodiques imbriquées des deux saxophones des titres de leur album Root in Tandem.

La prestation de l’ensemble est restée d’un très bon niveau avec une contrainte qui semble les avoir poussé davantage.

 

Angell & Crane : une exploration sonore contemporaine

Le duo entre le guitariste Simon Angell (Thus owls) et le batteur Tommy Crane, aussi programmateur du festival, s’officialise! On avait déjà eu un avant goût du duo avec en juin 2022. Et après une quarantaine d’heures d’enregistrement du duo entre Montréal et New-York, un album va paraître à l’automne.

Simon Angell est assis derrière son long pédalier pour triturer le son de sa guitare et faire des boucles aux textures perverties. Tommy Crane est à la batterie et parfois au clavier pour quelques boucles à saveur ambient dont lui seul a le secret. Le tout est saupoudré de sons de craquement ou de percussion électronique pour un voyage improvisé, qui navigue entre le son d’une guitare fuzz sur le point de mourir et des mélodies en son clair malmené par des effets de retard avec une batterie farouche.

Dans ce festin sonore, le bassiste new-yorkais Greg Bryant est venu poser son groove pour un titre et est revenu pour le final avec Paul Horton au clavier et au mélodica. Il est à noter que Greg Bryant et Paul Horton forme Concurrence avec Tommy Crane, que l’on retrouve ce vendredi à l’Ursa pour clôturer le festival.

Alors que la jam était bien prise entre les quatre musiciens, le saxophoniste David Binney et la chanteuse Sarah Rossy sont montés sur scène pour clore la soirée de manière festive et inattendue.

Angell & Crane propose une offre originale, une exploration sonore contemporaine qui demande une ouverture d’esprit pour être appréciée, mais qui se révèle fort gratifiante.

 

Photos en vrac

Rémi-Jean Leblanc avec Erika Angell, Nic Ferron, Jonathan Cayer et Kevin Warren

 

Bellbird

 

Angell & Crane avec Greg Bryant, Paul Horton, David Binney et Sarah Rossy

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