Messe des Morts XI – Psaume II | Ceci est du black metal satanique

Le festival se terminait ce samedi avec une dernière soirée aussi mémorable, voyant notamment une véritable leçon de black metal norvégien par Urgehal, un set majestueux de Dødheimsgard, un retour aux sources d’Enthroned par Sabathan, ainsi que de remarquables performances de Gorgon, Svarttjern, Trépas et Morbid Romance. Dans des styles et univers encore variés, et des performances uniques et exclusives, ce Psaume II aura encore rassemblé des centaines de fidèles et passionnés, célébrant une grande messe du black metal.

L’ancienne église se remplit timidement alors que de grands chandeliers sont allumés pour le rituel de Morbid Romance. Les Américains livrent une performance envoûtante, jouant dans un registre true black metal, avec un son très cru et arraché. Un univers sombre, romantique et dépressif, non sans rappeler la veine vampirique de Celestia, dont leur nom est d’ailleurs une référence. Dommage pour la basse aiguë qui perce un peu trop le mix, mais l’atmosphère dégagée par Morbid Romance nous transporte dans un style sorti des caves oubliées du black metal underground.

Trépas prend la suite avec son métal noir, se démarquant par la qualité d’arpèges et mélodies imprégnées de ce style de black metal, aujourd’hui propre au Québec, et encore plus à la ville de Québec. Le groupe était de retour au festival pour présenter son dernier effort, Les Ombres Malades, sorti cette année chez Sepulchral Productions. Les pièces se révèlent efficaces en concert, par leurs changements de dynamiques et passages mid-tempos, leur donnant cet aspect atmosphérique assez envoûtant.

La Messe des Morts c’est aussi l’occasion d’entendre des exclusivités déterrées des profondeurs de l’histoire du black metal. Les Français de Gorgon prennent d’assaut la scène du Paradoxe, présentant notamment des pièces de The Lady Rides a Black Horse, album sorti en 1995, dans une grande époque du genre. Mené par un chanteur-guitariste qui défend chaque note avec une intensité bestiale, Gorgon impressionne par la qualité de ses riffs et morceaux, joués avec une hargne à la Impaled Nazarene, et il est vraiment étonnant que le nom de ce groupe soit resté si underground. Une solide prestation, un groupe qui mérite plus de reconnaissance, avec l’efficacité redoutable de titres comme Blood Of Sorcerer, du plus récent album Traditio Satanae.

Place à la Norvège, et à une autre première avec la horde de Svarttjern, où on retrouve plusieurs membres de la formation actuelle de Carpathian Forest. Le groupe ne fait pas dans la dentelle, nous emmenant directement dans les abysses froids et sombres d’un black metal très classique, dense, rapide et hargneux à souhait, non sans rappeler la puissance crue de certains Ragnarok. Défendant leur récent Shame is Just a Word, Svarttjern ne réinvente pas le genre, mais le pratique extrêmement bien.

Un moment très attendu des die-hard fans de Enthroned, la performance de Sabathan. Le groupe est mené par Lord Sabathan, membre fondateur du groupe belge culte, qui tourne encore mais sans aucun des membres originaux depuis le départ de Lord Sabathan, en 2006. Presque vingt ans plus tard, voici l’occasion d’entendre des morceaux des premiers albums de Enthroned comme Prophecies of Pagn Fire et Towards The Skullthrone of Satan. Le groupe commence d’ailleurs le concert par l’excellent The Ultimate Horde Fights, emportant une foule de passionnés aux sons des classiques comme Evil Church, un autre titre qui se transcende lors de ce concert dans une ancienne église.

Mais ce qui allait se passer ensuite défierait le titre de meilleure prestation du festival. C’est une véritable leçon de black métal norvégien qui est allé s’abattre sur le Théâtre Paradoxe avec la première apparition de Urgehal au Canada, pour une prestation unique. « This is Satanic Black Metal! » hurle le chanteur avant d’ouvrir les hostilités avec Goatcraft Torment, titre homonyme d’un album largement représenté ce soir. Si Nattefrost – qui saute sur scène pour apporter un drapeau norvégien au chanteur – avait rappelé hier l’aspect punk du black metal à l’ancienne, Urgehal porte ce flambeau à un autre niveau, peut-être le juste milieu entre le côté mid-tempo presque rock’n’roll. Ces riffs  fracassent tout et font headbanguer jusqu’à l’arrière de la salle, et la brutalité sans détours fait exploser le mosh-pit. Urgehal, qui annonçait ce concert comme une première et dernière, arbore un fond de scène hommage à Trondr Nefas, fondateur du groupe décédé en 2012, et alterne entre deux chanteurs. L’énergie que dégage le groupe et l’efficacité des morceaux de Urgehal enveloppe la totalité du Théâtre Paradoxe, rempli à craquer, emporté par cette tempête black métal.

Dur de prendre la suite après le déluge de Urgehal, mais Dødheimsgard relève le défi pour conclure en beauté cette Messe des Morts XI avec un set remarquable. C’était la première fois que ce groupe, actif depuis 1994, se produisait au Canada. Les Norvégiens captivent la foule en naviguant dans leur univers plus théâtral et avant-gardiste, parfois progressif, à travers de longues pièces comme Et Smelter ou Interstellar Nexus. Le groupe se démarque définitivement avec un style unique, une musicalité impressionnante, des atmosphères variées avec quelques samples et éléments industriels. Dødheimsgard réussit à garder la tension et l’attention en alternant son côté avant-gardiste avec des morceaux et passages plus violents, rappelant qu’ils sont Norvégiens et font du black metal. Une performance particulièrement remarquable du chanteur qui donne de tout son être, appuyé par des musiciens irréprochables dans un style pas évident à jouer : une conclusion originale et de grande qualité pour cette onzième Messe des Morts.

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Morbid Romance

Trépas

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Svarttjern

Sabathan

Urgehal

Dødheimsgard

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