Jeremy Dutcher au Théâtre Beanfield | Interprétation contemporaine de la tradition

Jeremy Dutcher, auteur-compositeur-interprète wolastoqey originaire de la Première Nation Tobique, est connu pour son engagement envers la culture autochtone et son désir de faire résonner les voix et les mélodies ancestrales dans le présent. Bien qu’il ait connu les grandes scènes du gala du prix Polaris et des Juno Awards, il semble favoriser les petites salles où il peut créer des ambiances intimes. C’est donc à notre plus grand plaisir qu’il s’est produit dans un Théâtre Beanfield rempli à pleine capacité, jeudi dernier.

Il règne un calme inhabituel dans la salle ce soir, loin de l’agitation habituelle d’avant-spectacle, le public semble heureux, calme et serein, en attente d’un artiste particulier, un artiste humble mais engagé, qui fait preuve de responsabilité sociale.

Dès la première pièce, Skicinuwihkuk, sa voix de ténor d’opéra remplit l’enceinte, ses doigts laissent s’envoler des notes légères qui forcent l’écoute, déjà le public est complètement hypnotisé.

Par la suite, Mehcinut fusionne harmonieusement les mélodies traditionnelles et le classique contemporain. D’ailleurs, tout le long du spectacle, l’utilisation d’échantillons sonores ayant été consignés par l’anthropologue William H. Mechling au tournant du 20e siècle sera particulièrement fascinante, ces voix d’ancêtres nous touchent viscéralement. Il en résulte une musique unique en son genre, comme si l’artiste entrait en dialogue avec ses ancêtres du siècle dernier, par-delà le temps et l’espace.

Un peu plus tard, Dutcher accueillera Basia Bulat pour un duo, il avouera avec émotion qu’elle l’a convaincu de ne pas abandonner sa carrière lors d’une période plus sombre.

Plus la soirée avance et plus c’est une évidence : Dutcher et sa musique fascinent. Vous auriez pu entendre une mouche voler tout au long de son set, la qualité d’écoute étant au rendez-vous. L’offre du virtuose est unique, audacieuse et émouvante, elle touche les gens de par son authenticité.

Cet enracinement nous donne envie de suivre son parcours alors, attendons la suite !