FTA (Festival)

Festival TransAmériques 2017 | La danse mènera le bal au FTA

Pour sa 11e édition, qui se tiendra du 25 mai au 8 juin 2017, le Festival TransAmériques présentera pour la première fois plus de danse que de théâtre, soit 11 spectacles de théâtre et 16 de danse, venus de partout et d’ici. Son directeur artistique, Martin Faucher, a annoncé mardi soir les 27 spectacles de cette année, une programmation hétéroclite, comme en ont l’habitude les fervents et fidèles festivaliers du FTA.

Je revendique la notion d’élite artistique comme est acceptée par tous la notion d’élite sportive.

Martin Faucher a lancé cette phrase au début de sa présentation, l’affiche du FTA 17 illustrant un haltérophile qui arbore des chaussons de danseur de ballet.

Pendant 15 jours, dans une vingtaine de lieux culturels à Montréal, seront offertes pas moins de 9 premières mondiales et 11 premières nord-américaines, dont 10 coproductions qui sauront ravir les fans les plus bigarrés, avides de sensations fortes et d’émotions troubles. En plus des créateurs québécois, Martin Faucher a ratissé large en invitant des bataillons d’artistes d’avant-garde venus de Barcelone, Berlin, Bruxelles, Copenhague, Grenoble, Lausanne, Paris, Séville, Tokyo, Vancouver, et même de Vratislavie.

La future édition se veut un hommage à Montréal, à commencer par le spectacle d’ouverture avec le collectif berlinois Rimini Protokoll et sa pratique de théâtre documentaire pour 100% Montréal où se retrouveront pêle-mêle sur la scène du Théâtre Jean-Duceppe 100 citoyens montréalais de toutes origines, couleurs de peau, religions ou athées, et de tous âges. L’événement s’inscrit d’ailleurs dans la programmation officielle du 375e anniversaire de Montréal.

Photo par David Baltzer

Photo par David Baltzer

 

L’une des plus belles prises est sans aucun doute la pièce Times Journey Through a Room de Toshiki Okada, figure de proue du nouveau théâtre japonais qui explore ici, à travers une sonate spectrale où morts et vivants dialoguent, la catastrophe nationale autant que tragédie intime de l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima en 2011.

 

Autre morceau de choix, la première visite en Amérique du Nord de la troupe du maître polonais de 73 ans Krystian Lupa, avec Des arbres à abattre. Lui qui continue d’être une inspiration pour deux générations de metteurs en scène d’Europe centrale, s’attarde à travers la parole acidulée de l’auteur autrichien bien connu ici Thomas Bernhard, à l’infinie complexité de la nature humaine. La pièce, qui dure 4 heures 40 avec entracte, sera jouée dans sa langue polonaise d’origine, avec des surtitres français et anglais.

Photo par Natalia Kabanow

Photo par Natalia Kabanow

Une curiosité en danse cette fois, 7 Pleasures, de la chorégraphe danoise Mette Ingvartsen, avec ses 12 danseurs dont les corps nus forment une masse humaine qui interroge les stéréotypes sexuels par des percussions hypnotiques, des convulsions, des râles et des jeux sensuels, sans jamais tomber dans la pornographie. Sommes-nous maîtres de nos corps et de nos désirs ? Une tentative de réponse à cette question brûlante sera donnée sur la scène de l’Usine C.

Autre étrangeté, Monument 0, fruit du monumental travail de dépistage d’archives guerrières sur quatre continents par la chorégraphe hongroise Eszter Salamon. Danses populaires et tribales, physiques à l’extrême et hautes en couleurs dessinent une forme conflictuelle d’archéologie vivante, élevant un anti-monument qui emprunte à l’expressionnisme et au fantomatique.

Photo par Ursula Kaufmann.

Photo par Ursula Kaufmann.

Les créateurs québécois ne seront pas en reste pour ce 11e FTA, avec des perles en danse comme Runaway Girl de Jocelyne Montpetit qui nous invite dans sa maison privée, Lifeguard de Benoît Lachambre, une performance intimiste où se révèle la charge magnétique que porte le corps, Some Hope for the Bastards de l’enfant terrible du festival, Frédérick Gravel, avec ses neuf danseurs et ses deux musiciens électrisants.

Enfin, trois incontournables : Pôle sud : documentaires scéniques par Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier, avec huit personnages écorchés du quartier Centre-Sud, dont une ex-effeuilleuse, un sculpteur-soudeur et une ancienne toxicomane. La fureur de ce que je pense où Marie Brassard, une autre habituée du FTA, traverse l’œuvre troublante de Nelly Arcan avec six actrices et une danseuse. Et Exhibition – L’exhibition, spectacle hybride au Monument-National où le comédien Emmanuel Schwartz invite ses deux cobayes, Benoît Gob et Francis La Haye, à faire l’essai de sa « Machine à extraire la pensée pure ».

Comme les adeptes du FTA le savent bien, une foule d’activités, de rencontres, de festivités, de classes de maître, de terrains de jeu et d’événements gratuits se tiendront pendant tout le festival à son QG et ailleurs.

Pour clore en beauté ce grand happening annuel, la danseuse de Séville Rocio Molina viendra mêler en les transgressant flamenco et musique rock. Et hors dates officielles, soit du 15 au 17 septembre, le traditionnel continental du chorégraphe Sylvain Émard, prenant de l’ampleur à chaque édition pour devenir Le super méga continental rassemblera symboliquement 375 Montréalais (tous auditionnés) sur la Place des Festivals.

Avec un budget global frisant les 3 millions de dollars depuis plusieurs années, et sensiblement le même support du gouvernement du Québec, le FTA n’est pas loin de crier au loup, selon son directeur artistique interrogé après la présentation.

« Bien sûr que le budget est serré. Les coûts de production et de transport ont augmenté considérablement au cours des trois ou quatre dernières années, mais pas le financement. Il y a au Québec une richesse qui est mal partagée. Mais, le premier ministre Couillard a parlé d’espoir pour son prochain budget. Alors, on espère…, en continuant de célébrer l’art, la liberté et la vie dans une ville forte, curieuse, ouverte, fière et créative », de conclure Martin Faucher.

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