Festif de Baie-St-Paul 2022 | De l’importance de faire des choix

Dimanche soir, le Festif! tirait le rideau sur sa 13ième édition, un rideau détrempé par le mauvais temps qui n’a décidemment pas épargné le populaire festival cette année… L’équipe aurait probablement dû skipper le chiffre 13 et présenter sa 14ième édition, comme on skip le 13ième étage des hôtels… Ou alors, aurait-elle dû annuler la 1ière édition du Festival des chats noirs qui se tenait au même moment dans les rues de Baie-St-Paul ? Nul ne le saura, les choix ont été faits, les dés ont été lancés, « y’est arrivé c’qui est arrivé ».

Qu’à cela ne tienne, nul besoin de tout jeter à l’eau… Ah ça non!

Encore une fois, la gang nous a servi une édition mémorable, sous le signe du plaisir, de la surprise, de l’inventivité, de la débrouillardise et du FOMO. Certes, quelques concerts ont dû être annulés, mais que sont quelques gouttes de silence dans l’océan de musique et de saltimbanquerie qui a submergé Baie-St-Paul ce weekend ? Qui peut voir des pleurs dans la pluie ?

Chaque jour, des concerts répartis littéralement aux quatre coins de la ville, du matin jusqu’au matin, empilés les uns sur les autres… Impossible de voir TOUS les artistes du Festif!

IM.PO.SSIBLE.

C’est même un peu le concept.

V’là 15 shows en même temps, un dans un pit de sable, l’autre au bout d’un quai, les autres cachés dans le bois… Arrange-toi, mon chum… J’espère que t’as amené ton hélicoptère ou ton hoverboard.

Des choix s’imposaient. C’est ce que j’ai dû faire tout le weekend : des choix. Des choix déchirants, des choix importants, des choix de Sophie (oui c’était dark par moment le Festif!)…

Des choix, des choix, des choix.

D’un côté, je devais couvrir le festival en échange d’un précieux all access, de l’autre, je devais aussi profiter de ma fin de semaine majoritairement « sans enfant » (mon père gardait ma fille) pour revoir mes bons amis et l’échapper allégrement.

Voici donc mes choix.

 

Les choix d’Éric K

Vendredi, j’ai débuté la journée en choisissant de me baigner dans la piscine d’un couple d’amis…

Déjà, un choix discutable parce que Lou-Adriane Cassidy, probablement L’ARTISTE que j’attendais le plus de cette édition, jouait au même moment. PAR CONTRE, son spectacle devait être retransmis en direct sur Facebook. Malheureusement, sans explication, le live a été annulé et j’ai dû me contenter de l’écho du spectacle, perceptible dans la piscine. En buvant mon bloody caesar sous les accords lointains de la merveilleuse chanson « Oui, le serpent nous guette », je me suis dit qu’il y aurait en masse d’autres occasions de prendre un bain de foule.

Fast forword à travers des événements hors de mon contrôle impliquant mon enfant qui n’avait rien à battre des spectacles… J’ai finalement été voir un artiste, en personne, à 18h15, dans la ruelle de la Maison Otis. Mike Shabb (programmé au même moment que Bon Enfant #choix).

Show hyper intime et sympathique. Shabbo a fait monter sa mère sur le stage et a aussi pris une shot de pompe de corticostéroïdes en lançant un shoutout aux asthmatiques. La jeune a un talent fou et ça demeure un grand mystère pour moi que son reach soit toujours aussi modeste.

Évidemment, on pourrait jaser longuement de l’attention médiatique données aux rappeurs blancs VS à ceux issus de la diversité… Déjà, les grosses scènes du festif étaient réservées à 20some, Larry Kid, Koriass, Manu Militari, Loud (et thank god Sarahmée et Connaisseur Ticaso). Je m’en tiendrai à un simple « come on les MÉDIAS, be better ».

Je me dirigeai ensuite vers le spectacle de Clay and Friends, mais fâcheusement je ne pus y accéder puisque j’avais oublié ma casquette Ciele et ma chemise aux motifs estivaux (joke, j’étais là. Pas vraiment mon jam. Encore une fois, du Bruno Mars/Anderson.Paak blanchi à la chaux, mais ils ont réussi à charmer la foule avec leur performance très ensoleillée, donc… Ma yeule, j’imagine).

Hubert Lenoir suivait. Sans surprise, une des meilleures prestations du Festif! Imprévisible, irrévérencieux, sur la mince ligne entre le « maitrisé » et le « fuck toute ». Ses musiciens étaient incroyables et il faut dire que Hubert, avec le temps, devient un solide screamer. Perso, j’attends son album death avec impatience.

 

Gros mené dans un pit apocalyptique

À peine Fille de Personne II terminé, une navette nous attendait. Direction pit de sable pour voir Gros Mené. Direction artistique à couper le souffle, digne d’un croisement entre Mad Max, Titane et Métal Hurlant

Des petits feux répartis çà et là illuminaient notre chemin jusqu’à la scène, placée entre deux 18 roues éclairés de nombreux faisceaux bleus.

Derrière la scène, des voitures scraps cordées ensemble et sur le top de la carrière, un immense logo Solotech rouge baignés par les éclats orange de deux autres feux de joie.

Vraiment, chapeau pour la conception du décor.

Le spectacle était à la hauteur du paysage apocalyptique. Du gros rock extrêmement pesant sous un étouffant nuage de boucane. Beaucoup de chansons du nouvel album, beaucoup de solos viscéraux qui suintaient de partout. Fred Fortin et Olivier Langevin semblaient fort heureux d’être là et nous l’étions aussi.

La navette nous a ramené au centre-ville de Baie-St-Paul à 2h30 du matin, alors que le party se terminait. À ce moment, on s’est demandé, mon ami Samuel et moi, si on avait fait le bon choix de passer notre soirée au pit de sable, loin de toute l’action du centre-ville. Chassez le FOMO et il revient au galop comme on dit. On a mangé un snack à la roulotte proche du Maxi en se convainquant qu’il y aurait en masse d’autres occasions de faire le party le lendemain.

 

Samedi

Samedi, de retour à la piscine de mes amis. Parle parle, jase jase, bois bois, baigne baigne… Le temps file et next thing you know, 16h sonne et on n’a pas encore vu un maudit show. Direction Microbrasserie pour Le Couleur. Belle ambiance frenchou-bleu nuit qui se mariait parfaitement à l’humidité ambiante. Encore là, l’offre était diversifiée pour la suite, mais on a choisi mon ami et moi de manger un délicieux poulet général tao et de se faire caricaturer par un sympathique monsieur. Cue Choices de E-40 et shrug emoji.

 

À peine eûmes-nous le temps de rigoler de nos jolis minois déformés sur le papier que le ciel s’est fendu pour la deuxième fois en trois jours. On a trouvé refuge dans ma Prius et on a attendu que ça passe en écoutant du Garbage, heureux dans l’adversité météorologique. I’m only happy when it rains ne pouvait mieux coller à situation.

Après l’orage, le ciel est demeuré obscur pour la performance du band de black métal majoritairement charlevoisien, Beholder. Clairement le plus gros rassemblement de « gens de la place » de tout le weekend. J’avais l’impression d’être à mon conventum de secondaire.

Beholder a tout arraché et les gens s’en sont donnés à cœur joie dans le mosh pit. Un bon blast d’énergie en pleine face doublé d’une petite montée d’anxiété alors qu’on pouvait encore apercevoir quelques éclairs au loin.

Le reste de la soirée est flou. Ayant fait le choix de suivre ma bande d’amis, les jasettes autour du pick-up à Dave étaient nombreuses, tout comme les cannettes de bière qui jonchaient la boîte du véhicule.

J’ai vu le show de Mononc’ Serge et les Crosmonautes. Je me rappelle avoir bien rigolé, Mononc’ Serge en show, c’est une valeur sure.

Je me rappelle aussi avoir regarder Lary Kidd à travers les trous de la tente Sirius XM et d’avoir crié fort pendant les refrains d’On my life de Loud, venu rejoindre son ancien comparse avec 20Some. Je me rappelle du slam des Schizophonics… Du moins mon corps de papa overweight de 37 ans s’en rappelle… Je me rappelle m’être couché à 4 heures du matin…

J’ai quitté Baie-St-Paul le dimanche, assez tôt. J’avais choisi d’aller jouer à la balle-molle à 16h, manquant ainsi la dernière soirée. Dans l’auto, alors que ma fille faisait une sieste, j’ai pensé à mon weekend. Finalement, avec le peu de show auxquels j’avais assisté, ma mission journalistique était comme qui dirait, échouée. Je craignais de décevoir Marc-André du Sors-tu?… Il ne m’avait certainement pas dispatché à Baie-St-Paul pour recevoir un compte rendu très niché et longuet de mon weekend entre chums…

Cela dit, après mûres réflexions, j’ai apporté un peu de répit à mon auto-flagellation.

Oui, le Festif! se présente d’abord comme un « festival de musique ». Mais comme son nom l’indique, c’est aussi le festival de la fête. Devant l’IMPOSSIBILITÉ de voir tous les shows, on réalise que le Festif!, c’est surtout un mood. Un gros « festival dont vous êtes le héros », où tous les choix, aussi illogiques puissent-ils être, finissent par mener indubitablement au party, au bonheur. C’est ÇA, la grande réussite du Festif! La ville est à vous pour le weekend, faites-en ce que vous voulez (c’est à peine si la police était là), pis on vous jure que vous allez retourner à la maison avec des souvenirs impérissables.

C’est ce que je garde de ce weekend, de beaux souvenirs, surtout entre amis. Peut-être que Marc-André du Sors-tu? ne m’enverra plus couvrir de spectacle, j’ai raté pratiquement toutes les têtes d’affiches et j’ai choké le dimanche pour jouer à la balle…

Mais d’un autre côté, mon coach était super fier de moi parce j’ai frappé 3 coups sûrs… Est-ce que ça a valu la peine? Nul ne le saura, les choix ont été faits, les dés ont été lancés, « y’est arrivé c’qui est arrivé ».

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