Entrevue avec Amélie Dallaire | Queue cerise, au-delà du conscient et de la raison

À la base, c’est une histoire bien simple : celle de Michelle, nouvellement employée dans un lieu de travail où elle est complètement déstabilisée parce qu’elle ne comprend pas son emploi. Amélie Dallaire, qui signe les textes, aime jongler avec l’inconscient et le réel et bascule dans l’absurde et l’humour pour surprendre le public en partant de ce court synopsis. Entretien avec l’auteure passionnée par l’univers du rêve, qui signe avec Olivier Morin la pièce Queue cerise présentée du 26 janvier au 13 février 2016 au Théâtre d’Aujourd’hui.

« Ce qui m’intéresse, c’est ce qui se passe sous l’acte social », explique-t-elle, en ajoutant que lors du quotidien avec nos amis ou en couple, par exemple, il y a souvent quelque chose qui nous habite dans l’inconscient et qui se révèle ensuite dans nos rêves. Amélie Dallaire s’est surtout laissé guider par son instinct. Elle évoque par exemple « les sentiments qui restent lorsqu’on fait un rêve marquant et un monde sous-terrain en nous ».

L’intriguant titre Queue cerise lui est venu en tête au beau milieu de la création, d’abord pour sa sonorité, l’image que ça crée, puis pour les nombreux sens des deux mots.

Je voulais que ça évoque les automatistes, qui ne faisaient pas appel à la raison. C’est difficile à expliquer, puisque ça n’a rien de raisonnable.

« Pendant l’écriture, j’essayais de me connecter à quelque chose de plus intuitif et pulsionnel. » Elle raconte même qu’à un certain moment, ça a été plus difficile pour la structure des scènes, parce qu’elle s’est beaucoup amusée avec le contenu et les images sans trop se soucier du reste. Le metteur en scène avec qui elle collabore lui a ainsi été d’une grande aide pour monter Queue cerise.

Olivier Morin a effectivement poussé Amélie Dallaire à écrire de façon moins « automatique », en développant davantage ses personnages. Tous deux comédiens dans la pièce, ils arrivent ensemble à créer une unité avec une histoire qui, comme le décrit l’auteure, ne contient pas réellement de fil conducteur.

Ceux qui verront la pièce devront donc faire preuve d’ouverture d’esprit pour faire leurs propres liens. Sans trop en dire, Amélie Dallaire a notamment laissé savoir qu’il n’y a aucun élément qui laisse deviner le nouveau lieu de l’emploi qu’occupe Michelle « afin que le public se projette là ou il le souhaite ».

À quelques jours de la première représentation, l’équipe est immergée dans l’univers de Queue cerise. Amélie Dallaire avoue ainsi avoir peu de recul face à la pièce et en parle avec fébrilité, mais souhaite surtout que « que tout le monde se laisse aller dans cet univers. Comme dans un rêve, on se transporte d’un endroit à l’autre sans savoir comment ni pourquoi. Je veux que les gens oublient la raison. »


* La pièce Queue cerise sera présentée du 26 janvier au 13 février 2016 au Théâtre d’aujourd’hui

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