Klô Pelgag

Critique album | Klô Pelgag – L’Alchimie des monstres

Klô Pelgag - L'Alchimie des monstres Klô Pelgag L'Alchimie des monstres

À une époque où l’hyper-réalisme est omniprésent en chanson québécoise, où le quotidien ordinaire fait loi, ça fait un bien fou d’entendre une proposition comme celle de Klô Pelgag. Écriture surréaliste sur musique rococo, la jeune dame a trouvé sa voix sur son premier album L’Alchimie des monstres et apporte au milieu de la chanson un vent de fraîcheur louable.

Depuis plusieurs mois déjà, on la suivait du coin de l’oeil, cette excentrique chanteuse aux cheveux montés en toque sur le coco. Fille à l’imagination débordante qui fait dans la chanson éclatée, en s’accompagnant au piano et parfois à la guitare, elle nous rappelait une sorte de Tori Amos sur l’acide, ou une Marie-Jo Thério de la nouvelle génération. Certains diront « une Pierre Lapointe, version féminine », ce qui n’est pas tout faux, mais pas totalement exact non plus.

Jusqu’à récemment, ses idées semblaient un peu éparpillées : tous les éléments étaient là, mais il manquait un peu de cohérence dans ce bazar, la colonne vertébrale de son oeuvre n’avait pas encore pris forme.

En écoutant L’Alchimie des Monstres, le constat s’impose : tout semble avoir trouvé sa place, en partie grâce aux sublimes orchestrations du frérot Mathieu Pelgag. Ses arrangements baroques, qui reposent sur des instruments classiques (cuivres, cordes, clarinettes, flûtes, charango, alouette), épousent parfaitement l’univers de Klô Pelgag et lui donnent du lustre.

Sa voix aussi – qui agacera peut-être ceux que Coeur de pirate ou Fanny Bloom irritent – a pris du galon, de l’assurance. Ses hautes voltiges vocales ne relèvent pas de la virtuosité juste pour épater : sa voix virevolte dans les hautes fréquences pour suivre des mélodies improbables, totalement à l’image de son écriture.

Parlons-en, justement, de sa plume. Les formules creuses n’ont pas leur place sur cet album. Klô Pelgag prend une approche plus surréaliste, s’affranchit de la raison pour aboutir à des tournures de phrases très imagées, ce qui lui permet d’aborder des thèmes comme la maladie, la décomposition du corps, les monstres ou les animaux de façon très colorée. Comme elle se plaît à le dire en entrevue, elle cherche à transformer la laideur en beauté, et elle le fait avec panache.

Le mariage entre ces textes étonnants, cette voix libre et touchante, et la musique aux mille-et-un détours fonctionne à merveille, et donne lieu à treize chansons foisonnantes, créatives et riches en rebondissements.  Le tout illustré par une très belle pochette signée Stacey Rozich, artiste visuelle américaine à qui Klô a commandé une oeuvre exprès pour son album.

Quelle agréable surprise ! Sans doute l’un des meilleurs albums québécois francophones de la rentrée, voire même de l’année.

* Lancement ce mercredi 17h à la Chapelle Historique du Bon-pasteur, à Montréal, puis à la même heure le lendemain (jeudi) au Cercle, à Québec.

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