Radiohead

Coachella 2012 : Radiohead et Bon Iver visent l’état de grâce

Samedi 14 avril 2012 – Empire Polo Club (Indio, Calfornie)

Radiohead et Bon Iver figuraient hier soir en tête d’affiche d’une soirée où les choix étaient difficiles à faire, au Empire Polo Club de Indio, dans le désert de la Californie. Mais avec deux pareilles pointures se succédant sur la même scène, difficile d’opter pour autre chose…

 

Bon Iver

La popularité récente de Bon Iver est difficile à expliquer. On pourrait simplifier en disant que le talent trouve toujours son chemin, mais avouons que ce que Vernon et ses acolytes  proposent ne tient pas des chansons fédératrices faciles à apprivoiser.

La complexité des compositions, qui transcendent le format pop habituel, devrait en rebuter plusieurs, l’auditeur se trouvant un peu sans repère. Mais l’intensité des émotions procurées par Bon Iver rend son charme pratiquement universel.

Si ce constat s’applique sur disque, c’est encore plus vrai sur scène, alors que les musiciens concernés affinent leur art et ne cessent d’améliorer la prestation offerte. On se rappelle du passage de Bon Iver à Montréal en décembre, un moment magique que plusieurs considéraient comme l’un des meilleurs concerts de 2011 à être passé par chez nous. Eh bien la prestation livrée ce soir à Coachella surpassait cette soirée extraordinaire.

Tous les instruments, les effets, les volumes et les dynamiques étaient carrément parfaits. La voix de Vernon véhiculait toute une gamme d’émotion avec assurance et calme. La bande était en contrôle, créait son univers musical et l’auditeur pouvait se laisser flotter et apprécier le paysage aux mille teintes.

Il faudrait être de glace pour ne rien ressentir de cette interprétation si raffinée, intense par moments, toute en douceur par d’autres, et généralement à fleur de peau. Bon Iver vise les grandes émotions et y parvient avec brio. On peut difficilement trouver mieux en 50 minutes de musique ces temps-ci.

 

Grille de chansons:
Perth
Minnesota, WI
Holocene
Blood Bank
Hinnom, TX
Wash.
Skinny Love
Calgary
Beth/Rest
The Wolves (Act I and II)

Radiohead

Deuxième chance pour Radiohead, en ce qui nous concerne, après avoir goûté à l’un des premiers concerts de cette nouvelle tournée nord-américaine, qui s’arrêtera, rappelons-le, le 15 juin prochain au Centre Bell. C’était en Floride en février dernier, et le résultat n’avait pas épaté

Les choses se sont replacées depuis, si l’on peut se fier à la prestation bonifiée en assurance livrée ce soir à Coachella. Bien qu’elle contienne pratiquement le même ration entre les chansons des deux derniers albums et les titres de Amnesiac en descendant, la grille de chansons a été légèrement modifiée, ce qui resserre considérablement le résultat et nous donne un meilleur show, dans l’ensemble.

Certains titres de In Rainbows et The King of Limbs n’ont toujours pas l’effet escompté, mais les Morning Mr. Magpie, Lotus Flower et autres Reckoner font vivre de grands moments, comme on est habitué avec Radiohead.

Pour Coachella, pas de Nude (Big Ideas) mais, ajout de taille, le classique Paranoid Android au deuxième rappel qui a toujours l’effet d’une bombe atomique et nous rappelle ce que Radiohead sait faire lorsqu’il se permet d’aller à fond dans le pan plus rock de son répertoire.

Les nouveaux titres (plus nouveaux même que The King of Limbs) deviennent peu à peu des incontournables: The Daily Mail et Staircase (que Thom admet jouer pour « signifier qu’on est encore bien vivant… enfin, je pense ») trouvent résonnance auprès du public, alors que l’inédite Identikit (très soul, R&B) semble avoir gradué du mode ébauche.

Radiohead sait saupoudrer le tout de pièces à succès pour que le public moins aventureux y trouve son compte: Karma Police et Lucky font plaisir aux fans des vieilles années, alors que There There, Pyramid Song, Idioteque et Everything In Its Right Place ne peuvent désormais plus être exclus d’un show de Radiohead.

Certainement pas la meilleure tournée de Radiohead, qui cherche encore visiblement à créer un pont entre sa nouvelle approche et son public qui traîne un peu de la patte, mais au moins, le spectacle progresse et devrait avoir atteint un niveau de qualité fort appréciable d’ici juin, à temps pour le passage du fameux groupe britannique à Montréal.

Grille de chansons:
Bloom
15 Step
Weird Fishes/Arpeggi
Morning Mr. Magpie
Staircase
The Gloaming
Pyramid Song
The Daily Mail
Myxomatosis
Karma Police
Identikit
Lotus Flower
There There
Bodysnatchers
Idioteque

Rappel 1:
Lucky
Reckoner
Everything In Its Right Place (avec extrait de After The Gold Rush, de Neil Young cover, en introduction)

Rappel 2:
Give Up the Ghost
Paranoid Android

 

En bref

The Vaccines a livré une courte prestation efficace en début d’après-midi, présentant notamment une nouvelle chanson intitulée No Hope, qui augure bien pour un prochain album du groupe. À quand le retour à Montréal pour faire amende honorable aux fans qui ont vu le show prévu en septembre 2011 au Théâtre Corona être annulé?

Feist a offert un concert plutôt audacieux, bien entourée de plusieurs musiciens, un ensemble de cuivres, un autre de cordes et 3 choristes. Beaucoup de chansons du plus récent album Metals, quelques titres plus anciens mais pas de 1-2-3-4. Le résultat ne manque certainement pas de classe mais décevra sans doute quelques « fans » moins fidèles.

– La nouvelle coqueluche du hip hop américain Azealia Banks était de passage sous la tente Gobi. L’horaire prévoyait 45 minutes pour la rappeuse de Harlem et son DJ (DJ Cosmo, un Français devenu montréalais, en passant), mais les fans n’ont eu droit qu’à 20 minutes. Azealia Banks est donc passée comme un coup de vent, soulevant la foule sans problème avec son extrait 212 (auquel s’est ingénieusement greffé Firestarter de Prodigy) et son rap au débit franchement impressionnant. Il y a là quelque chose des univers de Busta Rhymes et de M.I.A.  Beaucoup plus convaincant que Nicki Minaj, disons…

– Prestation plutôt convaincante pour Awolnation, qui comptait sur la visite surprise de Macy Gray pour l’interprétation du succès Sail.

– La performance de Noel Gallagher’s High Flying Birds a pris un certain temps à « décoller » mais une fois sur la bonne voie, on pouvait presque croire que le projet survivra aux comparaisons injustes avec Oasis.  N’empêche, la troupe a conclu avec Don’t Look Back In Anger. Ironique comme choix de reprise…

St. Vincent était également au menu de cette journée chargée. Annie Clarke a notamment interprété une toute nouvelle chanson, intitulée Crocodile (ou Krokodil, selon le fan qui a publié la grille de chansons sur Setlist.fm), littéralement sur la foule en « body surfing », comme une déchaînée.  De retour sur scène, elle a repris ses esprits, et de sa voix posée de ménagère, a lancé doucement un « Fuck yeah, Coachella ».  Toujours appréciable, ces prestations bipolaires de St. Vincent!

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