Bon Iver

Critique concert: Bon Iver au Métropolis de Montréal

Lundi 5 novembre 2011 – Métropolis (Montréal)

Ceux qui peinent toujours à saisir le charme de Bon Iver – et ils semblent nombreux à se manifester depuis l’annonce des 3 nominations du groupe aux Grammys – auraient sans doute tout compris s’ils eurent été au Métropolis ce soir.

La formation américaine, menée de front par l’unique Justin Vernon, a livré rien de moins qu’une démonstration de finesse musicale à la foule montréalaise.

Pas moins de 9 musiciens étaient présents en permanence sur scène: 2 batteurs, 4 multi-instrumentistes qui alternaient entre cuivres, claviers et percussions, 2 guitares électriques et une basse, sans compter Vernon qui ajoutait une autre guitare à l’ensemble ainsi que du clavier et des pédales à effets, à l’occasion.

Tous ces ingrédients se mélangeaient à merveille grâce à une sono impeccable. Chaque détail trouvait son espace, et chaque musicien disposait d’un micro, appuyant tour à tour ou deux par deux le fausset si particulier de Vernon. Les harmonies vocales qui en résultaient avaient souvent pour effet d’amplifier la portée des mélodies chantées par le leader de la bande, notamment lors d’une sublime harmonie à 5 voix pour la transcendante Holocene.

 

Départ tout en splendeur

La prestation a débuté en lion avec Perth, interprétée avec assurance et minutie. Les majestueux arrangements de l’album redoublaient de grâce et l’on comprenait, dès le départ, l’intérêt de faire appel à 2 batteurs, même si la musique de Bon Iver n’est pas la plus rythmée qui soit.

Même les jeux d’éclairage donnaient dans la subtilité. Simple et efficace, la disposition des projecteurs à l’arrière et à l’avant des musiciens donnaient lieu à des soutiens visuels de bon ton. Ce fut le cas notamment pour la seconde pièce, la langoureuse Minnesota, WI,  qui semblait soudainement plus dynamique.

Plus tard, c’est Creature Fear qui se voyait bonifiée, non seulement par les éclairages mais par une finale étonnante: un genre de carnage contrôlé de la part des 3 guitaristes, soudainement à genoux à contrôler divers effets de pédales.

La troupe est tellement en contrôle de l’univers mélodique qu’elle dépeint dans l’atmosphère du Métropolis que la foule est pratiquement muette, sans mot face à cette symphonie moderne.

Lors des moments plus posés, on aurait pu entendre une mouche voler. Un silence quasi monastique régnait dans le Métropolis lorsque Bon Iver interprétait la jolie Flume ou lorsque Vernon a livré une délicate version de RE: Stacks seul avec sa Gibson dorée.

Impossible, toutefois, de rester silencieux au rappel, alors que Bon Iver nous réservait son plus gros hit, la mélancolique Skinny Love, interprété au dobro avec percussions et un choeur à 7 voix rassemblé au milieu de la scène. Une version participative de The Wolves (Act I & II) est venue ajouter un point final rassembleur, question de conclure en climax.

Prestation généreuse

Pour un groupe qui ne compte que 2 albums et un EP à son actif, la prestation de Bon Iver s’est avérée assez généreuse. En 90 minutes, la formation a interprété presque tout le contenu du plus récent album Bon Iver, ainsi que 6 pièces de For Emma, Forever Ago (2008) et même la chanson titre du mini-album, Blood Bank.

On aurait difficilement pu en demander plus. En quantité comme en qualité.


Grille de chansons
Perth
Minnesota, WI
Towers
Holocene
Blood Bank
Flume
Hinnom, TX
Wash.
Creature Fear
Michicant
RE: Stacks (Justin Vernon solo)
Calgary
Beth/Rest
For Emma

Rappel
Skinny Love
The Wolves (Act I & II)

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