crédit photo: Marc-André Mongrain
Festival Acadie Rock

Acadie Rock 2022 | Le meilleur des plans B !

Deux jours après un 15 août mémorable à festoyer avec nos ami.es acadien.nes (et leur reine!), notre dernière soirée à Moncton (le festival se poursuit encore quelques jours, mais les obligations montréalaises nous rappellent à la maison!) s’annonçait toute aussi prometteuse. Le festival Acadie Rock prévoyait présenter Klô Pelgag, Les Louanges, Les Hay Babies, le Winston Band et Menoncle Jason sur la scène du Parc riverain. Un plan qui est finalement (littéralement) tombé à l’eau…

C’est le fun d’avoir un plan B qui fonctionne ! Notre site est une piscine, mais on est content d’avoir trouvé le moyen de vous présenter de la musique quand même!

Le directeur général d’Acadie Rock, Eric Cormier, était tout sourire en présentant la soirée sur la scène du Théâtre Capitol, une très jolie salle à l’ancienne pouvant accueillir autour de 800 personnes. C’est loin des 7000 que le site extérieur peut contenir, mais beaucoup mieux que les cinquante-quelques qui se seraient possiblement pointés avec une météo aussi moche.

Le Capitol était donc une alternative de luxe pour les organisateurs du festival. Mais la soirée prévue était gratuite, et étant donné la capacité plus réduite de la salle, ils ont dû mettre sur pied un système de réservation de billets (gratuits, mais néanmoins sur réservation) à moins de 24h de préavis. Sans surprise, les billets ont trouvé preneurs en 20 minutes, et la soirée s’annonçait pour être un franc succès.

Bien entendu, on ne pouvait pas vraiment présenter cinq artistes l’un après l’autre sur la scène du Capitol à si courte échéance. Alors Les Hay Babies, Klô Pelgag et Les Louanges jouaient au Capitol, et la soirée se terminait du côté du Centre culturel Aberdeen avec Menoncle Jason et le Winston Band.

Un très bon plan pour une très belle soirée.

Ne restait plus qu’aux artistes de remplir leur rôle : celui d’en mettre plein la vue !

Pas de problème à ce niveau !

Les Hay Babies ont lancé le bal, vêtues de costumes colorés et coordonnés, avec Anna Frances Meyer (des Deuxluxes) à la flûte traversière, Mico Roy (des Hôtesses d’Hilaire) alternant du clavier à la basse et aux guitares, et l’excellent batteur Marc-André Belliveau.

Les trois filles acadiennes et leurs comparses ont démontré que leurs dix ans de carrière en font l’un des groupes les plus solides de la folk-pop parfois yéyé, souvent rock. Elles alternent au chant, s’échangent les instruments, et proposent de charmantes petites chorégraphies kitsch. Les harmonies de voix sont évidemment leur grande force, et c’est assez saisissant de les entendre live.

Ça faisait longtemps que je ne les avais pas vues en spectacle, et c’était d’autant plus plaisant de finalement entendre les chansons de leur excellent album Boîte aux lettres (paru juste avant la pandémie) en spectacle pour la première fois, notamment les Jacqueline, Les vieilles filles, Limonade et Same Old, Same Old, qui conclut très bien leur set.

Suivait Klô Pelgag, qui était sans doute bien d’accord avec le changement de salle, elle qui a dû jouer durant un violent orage lors du Festivoix de Trois-Rivières il y a quelques semaines.  C’est beaucoup plus agréable de jouer devant un parterre attentif et au sec que de voir son public se sauver pour se mettre à l’abri en plein milieu d’une chanson.

En formule quintette, Klô démontre une fois de plus qu’elle est dans une ligue à part. Les chansons de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs ont mûri sur scène, et prennent une dimension assez époustouflante merci, notamment la très accrocheuse et cathartique Mélamine qui permet à l’artiste de lâcher son fou, l’excellente Remora ou encore la très bonne Maison jaune en entrée de jeu suivie d‘À l’ombre des cyprès.

Sa présence cynique un peu surréaliste, candide et pince-sans-rire est parfaitement calibrée pour ce genre de public qui la connaît assez bien, mais qui n’a pas la chance de la voir à l’oeuvre plusieurs fois par année. Sans s’aliéner une partie de la foule en abusant d’absurdité, elle surprend son public, le garde sur le qui-vive.

Et puisque Les Louanges était dans les parages, le collègue Félix Petit, saxophoniste extraordinaire, a pu venir apporter son grain de sel, dans un moment de complicité franchement rafraîchissant.  Non seulement a-t-il apporté sa touche cuivrée à une chanson de Klô, mais l’artiste, qui adore jouer de manière ironique avec la culture pop, lui a fait repiquer les notes du thème de Salut Bonjour sans que Félix Petit soit familier avec celui-ci ! Drôle.

 

Pas facile de suivre une prestation de Klô Pelgag, mais Vincent Roberge, alias Les Louanges, est probablement l’artiste tout indiqué pour relever ce défi. Avec son swag désormais légendaire, il sait installer son propre mood, ralentir le rythme et s’assurer de mettre le public dans sa petite poche avec ses grooves lascifs et ses quelques moments de folie plus relevés.

À sa première visite à Moncton, au fil d’arrivée d’une virée de plus de deux semaines dans l’Est du Québec, Les Louanges a présenté les chansons de son nouvel album Crash, avec lesquelles le public semblait déjà assez familier.

« Si vous êtes avec l’être cher, avec une date, ou avec un.e ami.e avec benefice, c’est le moment de lui manger le cou ! », laisse-t-il entendre avant d’interpréter La nuit est une panthère, suivie de la sensuelle Chérie et de Pigeons. Une petite interprétation de Tercel au balcon, quelques interactions fraternelles avec le susmentionné Félix Petit (on ne dira jamais assez de bien de ce musicien!) et une visite dans la foule, puis c’était gagné pour Les Louanges : la foule était charmée !

Dépassant légèrement le couvre-feu de 23h, Vincent Roberge a interprété Dernière au rappel, seul au piano. Très beau moment pour conclure une troisième excellente prestation en cette soirée bien remplie.

 

Et ce n’était pas terminé : la pluie ayant cessé, on pouvait marcher 5 minutes et se rendre au Centre culturel Aberdeen pour la suite des choses avec Menoncle Jason et le Winston Band.

Menoncle Jason est un artiste country-bluegrass originaire de Memramcook, mais vivant à Moncton. C’est tout un personnage, un genre de colonel acadien un peu redneck mais diablement sympathique et drôle.

Avec ses trois excellents musiciens à ses côtés, il apprête avec brio ses chansons country qui parlent de Double Double (café deux laits, deux sucres), de Bill de Hydro (ou de « pousser de la grass » pour payer sa facture d’électricité), de 100 pour 2 (référence à un jeu de carte auquel son guitariste excelle) ou d’un ouvrier incompétent sur un chantier (Halle ta marde). En tout cas, c’est ce qu’on en a compris !

Preuve de son influence des artistes de Sun Records, Menoncle Jason s’est fait demandé un rappel inopiné, et le quatuor a répondu en offrant une très bonne version du classique Folsom Prison Blues de Johnny Cash.

Il était rendu passé minuit, et le Winston Band concluait la soirée avec un gros party cajun. Le quintette se donne pour mission ouvertement assumée de « propager le zydeco », genre musical louisiannais, proche de la musique cajune. Accordéon, planche à laver, rythmes quasiment ska : c’est endiablé, et il est difficile de résister à l’envie de danser.

Le groupe existe depuis une dizaine d’années environ, et on comprend désormais mieux pourquoi leurs traditionnels spectacles / partys du Mardi gras font autant jaser !  Le groupe nous apprenait d’ailleurs que leur prochain Mardi gras ne se tiendra pas à Montréal comme ce fut le cas ces huit dernières années, mais plutôt à Dieppe le 21 février !

La troupe a conclu son spectacle avec une sympathique relecture très dansante de J’t’aime comme un fou de Charlebois.

Jacques Surette sur un patio

Entre le 15 août (fête nationale des Acadiens, doit-on le rappeler) et cette très belle soirée du 17, il y avait un mardi soir plutôt tranquille, avec une soirée poésie, mais aussi, une sympathique prestation acoustique de Jacques Surette sur la terrasse des Brumes du Coude (un excellent restaurant à même le Centre culturel Aberdeen) en 5 à 7.

Dans le cadre du Patiofest, une série de spectacles tout au long de l’été sur différentes terrasses de restos à Moncton, la performance tout en légerté nous a permis de constater le talent brut du sympathique jeune homme de 22 ans. Décontracté, drôle et étrangement charismatique, il semble créer des chansons à un rythme assez impressionnant.

On le sent encore jeune dans ses propos et sa nonchalance (il est d’ailleurs accompagné d’un ami guitariste, et d’un clavier cheapette qui lui fournit des rythmes un peu boboches), mais ça fait partie du charme.

Ses chansons traitent de Consequences (sur les conséquences de ses actions), de Blow and Go (alcotest), de Cruiser on the 205 ou encore de l’importance de barrer ses portes :

So barre tes portes dans le soir
Et prends garde à ta guitare
Barre tes portes dans le soir
Le monde vole dans les cars

C’est encore embryonnaire, mais ce jeune homme a très certainement un don pour les mélodies accrocheuses et gagne facilement la sympathie du public devant lui, sans en mettre trop. On le gardera à l’oeil !

 

Remerciements

Voilà qui conclut notre aventure à Moncton cette année. Un gros merci à toute l’équipe d’Acadie Rock pour le merveilleux accueil, fidèle à la réputation des Acadiens, tout particulièrement le directeur Eric Cormier, et le directeur artistique Marc Chops Arsenault qui nous ont une fois de plus traiter aux petits oignons !

Acadie Rock se poursuit avec un autre menu alléchant au Parc riverain jeudi : Julie Aubé, Sluice, Lydia Képinski, P’tit Belliveau et Peanut Butter Sunday. Matt Boudreau, Émilie Landry et Plywood Joe feront vibrer le Centre culturel Aberdeen vendredi, et le festival se conclura samedi avec Les Moontunes et un nouveau collectif de DJ de Moncton, le Worry Pas Club.

On se revoit très bientôt !


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