The Empire Strips Back : A Burlesque Parody au National | La force dans le sexy, pas dans l’histoire

Une parodie burlesque de cet épisode éminemment porté aux nues par les fans de la saga Star Wars ? Avouez que la curiosité vous pique ! Mais qui est ce « vous » ? Afficionados de la première heure des Luke, Princesse Leia et autres Han Solo ? Amateurs et amatrices de danse ? Adeptes des revisites colorées et comiques d’un des panthéons de la science-fiction ? Le public était effectivement composé d’un peu tous ces profils. Et toutes ces personnes en ont eu pour leurs attentes… ou pas !

Impossible de parler de The Empire Strips Back : A Burlesque Parody sans parler de sa stratégie de communication. Savamment déliée au fil des semaines, elle rendait peu probables les fuites permettant de savoir exactement ce qui allait se passer durant deux heures. Des photos au compte-gouttes – les cinq mêmes –, une description suffisamment précise pour nous happer, mais toujours un peu vague, pour garder l’élément de surprise : la compagnie à l’origine du projet a déjà présenté sa vision de la saga la plus célèbre de l’espace en Europe, aux États-Unis, et est actuellement au Canada pour ce qui s’annonce être la fin de son périple. Faisant appel à des artistes locaux à chaque nouvelle date, elle profite d’une aura de mystère et joue – avec raison – sur le côté sexy inédit de l’entreprise.

Et elle y met les moyens ! Sans que les « wow ! » nous prennent à chaque tableau, on ne peut nier l’effort et le soin manifestes donnés aux costumes et aux accessoires pour respecter la mythologie Star Wars : Jabba the Hutt en tête (véritablement impressionnant), mais aussi le Tauntaun, Yoda (vite fait sur la fin) et autres créatures amusantes. Pas de Ewoks ou de Jar Jar Binks, mais les puristes de la salle n’ont pas semblé en tenir rigueur à la production. Soulignons également le superbe travail d’éclairage qui compense largement la simplicité scénographique de certaines interventions. Par moments, la comparaison avec des concerts tels que ceux de Dumas ou de -M- se justifiait, tellement les couleurs et les sorties de projections étaient dynamiques et survoltées. Une touche magique impeccable pour recréer l’ambiance si caractéristique des personnages.

* Le casting de Los Angeles de The Empire Strips Back : A Burlesque Parody. Photo par Craig Ridgwell.

Car oui, il faut bien l’avouer – et c’est sans doute la première faiblesse à évoquer – qui dit parodie ne dit pas histoire. Si vous vous attendiez à voir le récit condensé en version comique de l’épisode en question… eh bien ce n’est pas la direction retenue ! Le spectacle s’articule plutôt sur une succession de numéros de danse, prétexte à nous présenter les figures marquantes de cette aventure. Un MC du nom de Pantellis, très efficace et divertissant dans son rôle, fait le lien entre les tableaux, et teste le public sur ses connaissances starwariennes. Entre blagues bien trouvées (et improvisées ?) et interactions mordantes avec les spectatrices et spectateurs, il sert parfaitement le show. Bon, l’ambiance est déjà bien surchauffée, mais n’empêche qu’il maintient l’équilibre entre atmosphère chill, temps de merchandising et temps tout court ! L’ensemble durant deux heures avec entracte et se donnant une fois à 19h et une fois à 21h30 dans la même soirée, pas de place à trop de débordement !

Qu’en est-il du burlesque, maintenant ? Huit danseuses et deux danseurs réalisent des mouvements lascifs et des attitudes poussées pour nous y amener. Toujours légèrement vétu·e·s (surtout les femmes), voire dénudé·e·s en partie, les artistes se donnent à cœur joie dans des chorégraphies osées. Résultat ? Un coup de jeune à cette histoire vieille de plusieurs dizaines d’années. Si le charme opère dès le début avec une seule danseuse et un Tauntaun, on se surprend rapidement à espérer que les numéros comportent plus qu’une personne. Car c’est bien lorsque plusieurs artistes se démènent sur scène que le divertissement prend toute son ampleur. Sans compter les références drôles et bien amenées qui pèsent également plus lourd dans la balance parodique. Tout cela, versus les interventions solos, à l’impact finalement beaucoup plus mesuré…

* Le casting de Los Angeles de The Empire Strips Back : A Burlesque Parody. Photo par Craig Ridgwell.

Malheureusement, ces chorégraphies laissent un peu dubitatif. Oubliez le burlesque élégant et suggestif que vous aviez peut-être en tête, et laissez place à un style beaucoup plus proche du strip-tease, un brin plus vulgaire par endroit. Malgré quelques fragilités d’exécution – heureusement rares – la technique des interprètes est étourdissante. Mais elle ne peut entièrement excuser les mouvements un peu faciles, maintes fois vus dans des vidéos ou autres émissions de télé. Même commentaire pour les gestes plus « burlesques »; au bout de 2-3 numéros, on semble avoir fait le tour des poses sexy (twerk, split, « grabbage » de seins et de fesses). Le tout donne la sensation de se répéter et d’oublier pas mal le matériel de base. Pas de combats de Jedi, pas de confrontation entre Luke et Darth Vader, mais plutôt une intervention un peu anecdotique de certains personnages, une danse de Palpatine qui s’étire en longueurs, et une impression persistante de déjà-vu. Bref, une fois les protagonistes présenté·e·s, chacun·e repart dans son bestiaire étoilé.

Dire que The Empire Strips Back : A Burlesque Parody n’est pas distrayant serait faux. Tout est d’une précision chirurgicale et les interprètes semblent éprouver beaucoup de plaisir à déjouer les codes du mythe. Peut-être que la meilleure façon de garder la force avec soi est de modérer ses attentes, et de prendre le show pour ce qu’il est : un hommage comique et affriolant, plutôt qu’une relecture titillante d’une fiction légendaire.

Détails et billets ici.

* Le casting de Los Angeles de The Empire Strips Back : A Burlesque Parody. Photo par Craig Ridgwell.