Rétrospective 2010-2019 | Nos 20 albums internationaux de la décennie!
La deuxième décennie des années 2000 tire à sa fin, et plutôt que de vous servir l’habituelle rétrospective des albums qui ont marqué notre équipe cette année, on a plutôt décidé d’y aller pour une rétrospective… de la décennie! On complète avec le Top 5 des albums internationaux qui ont fait vibrer le coeur et les oreilles de notre équipe de rédaction.
5. St. Vincent – Strange Mercy (2011)
Dans le merveilleux monde du rock alternatif, difficile de trouver une artiste qui a autant dominé la décennie que l’inventive Annie Clark. Si bien que chacun des trois albums de son projet St.Vincent sortis dans les années 2010 auraient mérité leur place dans le décompte. C’est toutefois Strange Mercy qui perce le top 5. Guitariste émérite, elle a un talent pour faire sonner sa guitare en dehors des paramètres définis par le cosmos. Et voilà que sur son troisième album, la musicienne texane ose enfin mettre sa six cordes à l’avant-plan. Les riffs sont surprenants, les timbres sont incongrus et le tout complète à merveille les textes, qui sont parmi les plus personnels de sa carrière. Car entre les guitares corrosives de Chloe in the Afternoon et leur précision sur Surgeon, Annie Clark laisse entrevoir une autrice-compositrice-interprète en plein possession de ses moyens. Surtout, Strange Mercy présente une artiste avec la confiance nécessaire pour pousser la machine hors des sentiers battus. C’est d’ailleurs là le motus operandi qui guidera le reste de sa carrière.
-Estelle Grignon
4. James Blake – The Colour in Anything (2016)
On ne pourrait pas faire un tour d’horizon de la décennie sans y inclure James Blake. Et bien qu’Overgrown aurait très bien pu y figurer, on a arrêté notre choix sur le troisième album de l’artiste, The Colour in Anything. James Blake s’est entouré des meilleurs pour en arriver à cet album quasi-parfait : une collaboration avec Bon Iver, deux co-écritures avec Frank Ocean, une co-réalisation avec Rick Rubin… Le résultat brille par sa simplicité, par le minimalisme des arrangements, mais aussi par sa poésie, et son enrobage à la fois romantique et sensuel, presque charnel. C’est du gros baby making music qui emprunte à la musique électro, au R&B et au soul à parts égales pour créer un style qui lui est unique.
– Marc-André Mongrain
3. Beyoncé – Lemonade (2016)
Le 6e album de l’artiste américaine est à première vue sur l’infidélité, mais lorsqu’on y regarde de plus près, c’est plutôt l’expérience des femmes noires aux États-Unis qui y est centrale. Cette analyse se confirme à travers le court-métrage paru en parallèle de l’album et à sa performance lors du Super Bowl où elle chante Formation vêtue d’habit rappelant le mouvement Black Panther. Lemonade marque le tournant politique et féministe de Beyoncé et reste son album le plus important à ce jour pour son propos, son mélange des genres et sa force.
– Amélie Boudreau
Qu’est-ce qu’on peut dire de Lemonade qui n’a pas déjà été dit? La Terre a arrêté de tourner lorsque Lemonade est sorti. L’entièreté de cet album est fait avec tellement d’attention qu’une thèse de doctorat ne pourrait en venir à bout. Les thèmes. L’identité visuelle. La voix. L’instrumentation. Les samples. Formation qui sort deux jours avant d’être chantée au Super Bowl. Le tweet d’Ezra Koenig qui sert de refrain dans Hold Up. Les featurings de Jack White et Kendrick Lamar. Toutes les perfos qui mettent la barre beaucoup trop haute pour le reste du monde (Grammys enceinte de jumeaux, duo avec les Dixie Chicks, VMAs). C’est un véritable gesamtkunstwerk. C’est Beyoncé a son plus Beyoncé.
(une mention toute spéciale au “mispress” du vinyle, ça s’invente pas des histoires de même).
– Florence Ramsay
2. The National – High Violet (2010)
Ce cinquième album studio de la troupe de Brooklyn marque un point tournant important pour le groupe en terme de popularité. Et avec raison. High Violet est un des meilleurs albums indie d’un des meilleurs groupes dans le style. La voix ténébreuse de Matt Berninger et ses mélodies accrocheuses sont soutenues par des arrangements d’une grande beauté. Avec la présence de Richard Reed Parry (Arcade Fire) et Justin Vernon (Bon Iver) sur certaines pièces, cet album est comme un all-star du rock indie des années 2000. La séquence des pièces fait un bel équilibre entre morceaux rock (Bloodbuzz Ohio, Conversation 16) et des ballades au propos plus personnel (Sorrow, England). Le tout ouvre avec l’épique Terrible Love et se conclut avec un singalong désormais classique: Vanderlyle Crybaby Geeks. Si la première décennie du millénaire aura appartenu à Arcade Fire, la deuxième est celle de The National et High Violet en est la preuve.
– Mathieu April
1. Kanye West – My Beautiful Dark Twisted Fantasy (2010)
Avec toutes les frasques et les albums tièdes qu’il a pondus depuis quelques temps, l’étoile de Kanye West a quelque peu pâli en 2019. On tend toutefois à l’oublier, mais sa cote de popularité n’était pas immense dix ans plus tôt. En 2009, son dernier album 808s & Heartbreak ne vend pas autant que ses anciens disques. Il faudra encore plusieurs années avant qu’on réalise l’influence que laissera ce projet. Et puis, il y a l’incident au gala des VMA, alors que Kanye saute sur scène pour interrompre le discours de Taylor Swift qui gagne un trophée. Enfin, sa tournée avec Lady Gaga est annulée. C’est alors que Kanye s’exile à Hawaï.
Puis, à l’automne 2010, Kanye revient avec l’un des albums les plus grandioses, les plus maximalistes, les plus baroques de l’histoire du hip-hop. Pendant des décennies, les rappeurs ont fait de l’opulence un thème récurrent de leurs paroles. Ici, l’opulence coule dans les veines de My Beautiful Dark Twisted Fantasy au grand complet. Ambitieux, Kanye West demande à une dizaine de vedettes, allant d’Elton John à Alicia Keys, de servir de choristes pour All of the Lights. Il construit son propre trône à partir d’une chanson de King Crimson sur la pièce Power. Mais surtout, il se permet une introspection fort pertinente. Runaway, chanson-phare de neuf minutes, est son mea culpa, un long parcours vers la rédemption. Le résultat final est une oeuvre décadente qui a ouvert la voie à de nombreux artistes dans la décennie qui ont voulu sortir des carcans des genres et explorer l’infini.
-Estelle Grignon
Mentions honorables aux omissions crève-coeur à la suite du processus :
- Bon Iver – Bon Iver
- Tame Impala – Currents
- Tom Waits – Bad As Me
- PJ Harvey – Let England Shake
- Vampire Weekend – Modern Vampires of the City
- St. Vincent – St. Vincent
- Ben Howard – Every Kingdom
- I Prevail – Trauma
- Nothing – Tired of Tomorrow
- Daft Punk – Random Access Memories
- Slipknot – .5 The Grey Chapter
- Solange – A Seat at the Table
- Against Me! – Transgender Dysphoria Blues
- Alex Lahey – I Love you Like a Brother
- Behemoth – The Satanist
- Deafheaven – Sunbather
- Sufjan Stevens – Carrie & Lowell
- Angel Olsen – All Mirrors
- Kanye West – Yeezus
Écoutez notre playlist de nos 20 albums préférés de l’année, catégorie « albums internationaux » :
- Artiste(s)
- A Tribe Called Quest, Adele, Against Me!, Angel Olsen, Arctic Monkeys, Beach House, Behemoth, Ben Howard, Beyoncé, Christine and the Queens, Daft Punk, Deafheaven, Frank Ocean, I Prevail, James Blake, Kanye West, Kendrick Lamar, Korn, Lana Del Rey, Lorde, Maggie Rogers, Nothing, Parquet Courts, Slipknot, Solange, St. Vincent, Tame Impala, Taylor Swift, The National, The War On Drugs, Vampire Weekend
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