Programmation hiver 2025 chez Tangente | Introspection et intimité du côté de la scène montréalaise

Tangente dévoile sa programmation hivernale et printanière. Au programme, l’organisme phare spécialisé en diffusion de danse contemporaine au Québec depuis 1980 proposera un solo féminin, des danseurs issues de la diversité, de la relève et de renom, qui viendront faire vibrer la plaque tournante de danse qu’est Montréal.

Tout au long de la saison hivernale, les spectateurs auront la chance d’assister à plusieurs programmations doubles. Du 16 au 19 janvier, le solo féminin Olympia 2.0 de Mara Dupas ouvrira le bal de ce type de soirée. Intitulée ainsi en l’honneur de la servante noire du tableau éponyme de Manet, l’œuvre explore le rapport complexe au corps et les standards de beauté de la société. Par un travail de corporalité à l’aide de ses cheveux et de la nudité de son dos, l’artiste afrodescendante de danse classique et contemporaine s’ancre à travers une prise de pouvoir, d’expression de soi afin de s’accepter et se libérer.

* Photo par Nicolas Biaux.

En deuxième moitié du programme double, la chorégraphe-interprète originaire du Liban Chanel Cheiban présente pour sa part El kamar bi zaher qui signifie « La lune qui fleurit ». Accompagné de trois musiciens, l’artiste de ballet classique et contemporain transmet au public la célébration de son héritage culturel où traditions orientales et historique familial sont au rendez-vous.  Cette prestation artistique intime pousse l’artiste à s’enraciner dans son identité afin de contrer son sentiment d’impuissance face au monde.

« La danse est une forme d’empowerment, explique Laurane Van Branteghem, commissaire et responsable de la programmation chez Tangente. Ça peut être une approche assez féminine de retravailler soit un enjeu identitaire, des traumas, des tabous, des vécus, des expériences de toutes sortes à travers le corps, renchérit-elle. C’est une façon de parler aux gens sans utiliser des mots. »

Des coups de cœur

Puis du 8 au 11 mars prochain, Lauranne Faubert-Guay dévoile Au ventre d’un monde (ponos IV). L’artiste transdisciplinaire propose un voyage au cœur du corps de la femme et de la plus grande création qui soit, la vie. La Québécoise analyse le thème de l’accouchement à travers son art depuis qu’elle a porté la vie pour une seconde fois. L’exploration artistique de l’œuvre se traduit par un travail au sol teinté par un rythme lent, de pulsion, de répétition mettant en scène l’effort et l’inspiration. Au ventre d’un monde (ponos IV) révèle le corps de la femme dans toute sa fragilité jusqu’à l’émancipation de sa toute-puissance.

« On a envie d’avoir des recherches qui sont brûlantes, qui nous parlent, qui déplacent », affirme Laurane Van Branteghem. C’est ce que propose Nindy Banks avec Sometimes a little… distorted, oeuvre présenté en plateau double avec Au ventre d’un monde (ponos IV). La danseuse et enseignante montréalaise spécialisée en danse urbaine telle que le hip-hop, le Krump et la danse contemporaine introduit une esthétique complètement différente de l’œuvre précédente. Basée à Montréal, l’artiste explore par le freestyle l’influence du vêtement sur l’expression de soi et du mouvement en danse.

L’héritage culturel et l’enracinement par la danse

Du 3 au 6 mai à venir, Samantha Sutherland présente slip away. Basée à Toronto, l’artiste met en œuvre ses récents apprentissages de la langue ktunaxa de ses ancêtres qui est en voie de disparition. La danseuse et chorégraphe autochtone offre un solo de danse contemporaine extrêmement intime où l’on retrouve son frère à la composition musicale et sa mère à la création de costumes, le tout accompagné d’enregistrements de discussions entre l’artiste et sa grand-mère dans la langue du ktunaxa. L’effort de revitalisation de la langue et le sentiment d’urgence illustrent un futur incertain et les enjeux auxquelles plusieurs communautés autochtones font face.

L’artiste multidisciplinaire chinoise Charo Foo Tai Wei boucle ce programme en invitant le public à voyager au cœur du trauma. Yearning prend la forme de la révolte contre le sexisme, la violence domestique et le racisme que l’artiste a subi. Spécialisée en danse classique chinoise, en contemporain et en butô, l’interprète de renom se veut susciter enracinement et introspection auprès du public et d’elle-même.

Soirée style «boîte à surprise»

Les Soirées 100Lux sont de retour à la programmation les 25, 26 et le 27 avril prochains. Ces soirées dotées d’une grande variété artistique offrent cinq créations artistiques distinctes de courtes durées combinées d’esthétisme et de forme différente.

Athena Lucie Assamba et Leah Danga ouvrent la soirée avec African Celestial Beings, une exploration artistique du symbole des masques africains s’inscrivant au cœur de l’art et de la culture africaine.

Gabriela Jovian-Mazon poursuit les prestations avec Find Your Light où cinq interprètes explorent le style de danse de club punking en s’intéressant aux thèmes de l’importance de la communauté et de l’expression de soi.

Running Empty, d’Andy Michel s’intéresse à la masculinité et au refoulement des sentiments qui illustrent la lutte intérieure de plusieurs hommes au sein de la société. Les mouvements d’improvisation émotionnelle et de freestyle deviennent donc le miroir troublant et touchant de l’homme face à sa souffrance.

Rocking Boat de l’artiste vietnamien immigrant de deuxième génération Do Phan Hoi offre un solo de waving, retraçant le parcours de plusieurs réfugiés vietnamiens. Cet hommage se traduit par l’héritage familial, la quête identitaire et le devoir de mémoire de l’artiste multidisciplinaire.

Binary-Codes présenté par l’équipe The Unknown Floor Force de Toronto viendra clore la soirée avec une réflexion portée sur la binarité qui réside au cœur de la société et qui forge la mentalité de l’othering.

LABdiff 5 et pantoufles en phentex

Les LABdiff 5 accueilleront à nouveau le public dans l’univers immersif de l’Espace Vert. Les spectateurs auront la chance de se sentir comme à la maison avec des pantoufles comme guise de bienvenue! « J’ai passé l’été avec une amie à ramasser des pantoufles en phentex, confie Laurane Van Branteghem. Puis les gens, quand ils viennent dans l’espace, ils mettent leurs pantoufles en phentex. »

Les pieds bien douillets, les spectateurs pourront voir, les 8, 9 et 10 février prochains, l’artiste interprète-pluridisciplinaire et interdisciplinaire d’origine camerounaise Athena Lucie Assamba qui les initie aux danses africaines traditionnelles et modernes combinés au waacking.

Ces mêmes soirs, la Québécoise Pénélope Gromko engagera ensuite le public à rejoindre son univers créatif, livrant ressentiments et introspections afin de se réinventer en tant que personne. Avec l’appui d’une chorégraphie pluridisciplinaire, l’artiste raconte son histoire à l’aide de l’art visuel et du théâtre.

Puis du 12 au 14 avril, l’artiste Camille Huang présentera une création transdisciplinaire qui se veut également une analyse anthropologique. Issu.e d’une famille d’immigrant, iel explore son art à travers un style chorégraphique émergent. La soirée sera clôturée par Victoria Mackenzie. Basée à Montréal, l’artiste indépendante de formation classique et de b-girl-ism émerge le public dans la culture du club, réunissant plusieurs styles de danse urbaine dont le clubbing et le street dance.

Spectacles, expositions et DJ au rendez-vous

Céline Richard Robichon propose Imagé le 22 et le 23 février prochain. Accompagnée de trois interprètes, la création se concentre sur l’exploration de la période charnière de l’adolescence où perception de soi et comparaison peuvent mener à des comportements destructeurs. Les danseurs utilisent le street dance afin de naviguer à travers l’importance de la diversité et de l’amour propre.

Du 27 au 30 mars, PIÑA offre au public un spectacle chorégraphique suivi d’une exposition du collectif FakeKnot. Immigrant philippin de deuxième génération, le directeur artistique Ralph Escamillan explore la résistance et la délicatesse du « piña ».  « Piña, c’est la fibre d’ananas en philippin, explique la commissaire. C’est donc une technique de textile. Il est allé apprendre ça, puis il a fait une pièce avec tout un cast entièrement philippin. » En portant une analyse sur ce textile à travers les costumes et de son impact en danse sur les mouvements, l’artiste compare métaphoriquement le « piña » à la résistance des communautés d’immigrants.

Tangente, offrira également cinq ateliers de DJing avec DJ Diana C. Reyes du 25 janvier au 8 mars à la maison de la culture de Côte-des-Neiges. Puis, une performance live aura lieu le 27 mars afin de célébrer la soirée d’ouverture de PIÑA, cette fois à l’Agora de la danse, en collaboration avec KAPWA Pilipinas.

Du 14 au 17 mai prochain, l’École de danse contemporaine de Montréal présentera sous la direction de Lisa Davies Les danses croisées, un spectacle des interprètes de première et de deuxième année. Les interprètes finissants seront également sur scène du 21 au 24 mai afin d’immerger le public dans Les danses de mai, opus 2025.

L’événement annuel philanthropique, La soirée dont vous êtes le héros, se déroulera le 24 avril prochain afin de soutenir Tangente et sa mission en tant que pilier de la diffusion de danse contemporaine au Québec.

Pour les billets de la programmation 2025 de Tangente, c’est juste ici.


* Cet article a été produit en collaboration avec Tangente.

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