crédit photo: Andres Amaya
Festival Pouzza Fest

Pouzza Fest 2024 – Jour 2 | Paillettes, tutus et distorsion


La deuxième journée du Pouzza Fest 2024 s’est déroulée le samedi 18 mai. Si hier nous avons seulement vu des projets montréalais, aujourd’hui, nous a pu voir deux groupes de Québec et un autre de New York. Plus de 150 groupes se produisent dans huit salles différentes au centre-ville de Montréal en seulement trois jours, alors bien évidemment, Sors-tu? a seulement pu en sélectionner quelques-uns. L’équipe a assisté aux prestations de Crachat, Desert Sharks et WAG au Théâtre Sainte-Catherine.

Crachat

Crachat est un trio en pleine ascension formé à Québec par Justine Beaulieu (chanteuse et guitariste), Lyziane Cantin (guitariste) et Maloue Le Liboux (batteuse). Leur son garage est résolument punk. Pour leur prestation, paillettes et tutus sont au rendez-vous pour ces princesses punks.

Il n’y pas de basse dans ce groupe, Justine en a probablement pas mal joué au sein d’autres projets artistiques comme le groupe punk Enfants Sauvages, entre autres : Crachat est son moment de briller. Le groupe vient tout juste de passer en studio pour enregistrer des chansons, et ce sont ces chansons que le trio nous a jouées ce soir. On a pu entendre : Crachat, l’hymne punk éponyme du groupe, Dégénérées, une chanson qui parle des remarques désobligeantes des baby boomeuses, ainsi que P.M.S. Nicotine, chanson aux paroles féministes. Durant l’un de leurs courts morceaux, les filles de Crachat ont changé les paroles pour « Pouzza Fest! », en l’occasion du festival, c’était plutôt comique.

La façon dont Justine Beaulieu chante, ou plutôt crie, rappelle vraiment le punk old school. Les chansons canalisent une certaine colère angsty. Les paroles cinglantes sont engagées, et surtout, vraiment punk. Des propos pertinents qu’enfin des filles osent partager. Je pense que j’arrive vraiment à y trouver mon compte grâce à ça. Les riffs sont saturés de distorsion et de pédales wah wah, qui sont explosives et électrisantes.

Pendant la prestation de Crachat, je crois sincèrement avoir assisté au mosh pit le plus intense du Pouzza cette année, que je dirais même digne de shows undergrounds. Ce n’est pas le nombre de personnes qui en fait sa qualité, on le sait tous. Quelques personnes bien crinquées ont même fait du crowd surfing à cinq personnes. Les spectacles de Crachat, ça lève toujours! Il y a de quoi s’énerver sur cette musique.

Crachat se taille une place au sein de la scène punk québécoise et devient un incontournable. Selon moi, il s’agit de l’un des groupes locaux les plus excitants à l’heure actuelle. Les filles de Crachat n’ont rien à envier aux bands de gars, elles sont dix fois plus cool, elles vont tous les écraser. Elles nous montrent que féminité et colère ne sont pas mutuellement exclusives. Je me réjouis de voir des filles qui réclament leur puissance et leur droit de se faire entendre.

Même si un slogan punk clame « no future » (pas d’avenir), issu de la chanson God Save the Queen des Sex Pistols, il y en a certainement un pour Crachat.

 

Desert Sharks

Le Pouzza est définitivement un festival féministe et inclusif, et il a proposé une grande variété de groupes féminins dans sa programmation. Le groupe entièrement féminin new-yorkais Desert Sharks en est un très bon exemple. Desert Sharks, c’est Stephanie Gunther (basse et voix), Sunny Veniero (guitare principale), Cait Smith (guitare rythmique et voix) et Rebecca Fruchter (batterie). Leur son est souvent décrit comme étant gloom punkbien que ce style n’est pas un genre en soi, c’est une description, juste. Il s’agit d’un rock alternatif sombre directement influencé par le punk et le grunge.

La mélodie d’Enjoy the Silence nous transporte et nous fait vivre des émotions. Le groupe a également joué sa populaire chanson Deeper. La voix de la Stephanie Gunther est mélodieuse, mais aussi rauque et écorchée par moments. J’aime ça, c’est un bon mélange d’harmonies et de badass. La chanteuse nous adresse quelques mots entre deux chansons, elle nous dit : « venez nous voir a la table de merch, nous avons des disques et des cassettes à vendre, mais nous avons également des histoires à raconter et de l’amitié à partager ». On sent que ce sont des filles fort sympathiques.

La guitariste Sunny Veniero nous livre un solo des plus rock et bien maitrisé, qu’elle exécute au beau milieu de la foule. La bassiste vient la rejoindre pour venir rocker avec la foule. Vers la fin, les musiciennes ont tout donné et ont offert un dernier élan d’énergie ultra concentré, avant de repartir.

WAG

Ce qui est bien avec le Pouzza, c’est que même si le punk est à l’honneur, des groupes qui donnent dans d’autres directions ont tout autant leur place. Cependant, les groupes présentés au Pouzza ont tous une chose en commun : faire beaucoup de bruit! C’est le cas de WAG, qui propose un rock alternatif qui respire le rock’n’roll. Le groupe est venu directement de Québec, mais ne tient pas cette vitrine pour acquise. Ce ne pas parce qu’ils jouent au Théâtre Sainte-Catherine qu’ils ne vont pas livrer la meilleure des prestations. Les musiciens ont de l’aplomb.

Les gens tapent des mains, sautent jusqu’au plafond : bref, ils sont vraiment dedans. WAG, c’est de la musique pour s’agiter! Mais ça ne veut pas dire que ce n’est pas sérieux. Les chansons Running In Circles et Feel Numb sont de solides propositions. D’autres chansons, comme BABEY, sont plus dans le domaine hardcore. Les musiciens performent une chanson rock’n’roll amusante, qui je crois est une reprise, et qui parle de Coca-Cola et de cigarettes.

Le chanteur va de nombreuses fois triper avec le public et faire chanter la foule, qui connait les paroles. Les gars de WAG sont de vrais rockeurs! Pas que je soupçonne que d’autres groupes soient de faux rockeurs, le rock est ouvert à tous et tout le monde qui joue du rock peut accéder à ce titre. C’est simplement qu’on le sent, quand rocker n’est pas juste un style, quand c’est un mode de vie. Bref, le rock ou rien d’autre. C’est juste de l’authenticité. Si vous pensez que le rock est mort, ne désespérez pas, WAG est là!

Pour lire notre critique de la première journée du Pouzza Fest, cliquez ici.

Si vous voulez assister à la troisième et dernière journée du Pouzza Fest, c’est par ici.

Photos en vrac

Crachat

 

Desert Sharks

WAG

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