crédit photo: Pierre Langlois
Bonnie Prince Billy

Pop Montréal jour 4 | Bonnie Prince Billy et Beyries au Rialto – Less is more

Lorsque questionné sur les artistes à ne pas manquer dans sa programmation, Daniel Seligman, directeur créatif du festival Pop Montréal, répondra spontanément « Bonnie Prince Billy ». Et il avait raison.

Étrangement, pour quelqu’un dont l’approche est autant liée à la narration et la théâtralité, Bonnie Prince Billy (ou Billy Prince Bonnie, comme l’appellera maladroitement sa première partie, Beyries) offre un spectacle sans l’un ni l’autre de ces éléments dimanche soir.

Seul, assis sur une chaise, avec pour seul décor un tapis persan usé, il livrera une prestation sobre, sans réelle interaction avec la foule au Théâtre Rialto.

En fait, ce n’est pas vrai. En milieu de show, il prendra tout de même la peine de citer un de ces artistes préférés : « He always said he felt like he didn’t have much to say on stage ».

Pourtant, sachant que Billy est acteur à la base, on ne peut s’empêcher de penser que tout ceci fait partie du personnage. D’ailleurs, lorsque la lumière le frappe dans le bon angle, on remarque que ses joues sont recouvertes de sparkles et de poudre étincelante, un subtil indice qu’au delà du bonhomme austère habillé comme un fermier kentuckien se trouve un artiste plus excentrique.

Mais bref, tant pis pour la mise en scène. Anyway, on est là pour la musique, et ça, il en a à revendre, le Billy.

Trente albums, sans compter les compilations et les live, pour être précis.

Cette cossue discographie lui permet de sauter, tout au long du spectacle, d’une ère à l’autre, en plus de lui donner la liberté de prendre les demandes spéciales, à la volée, en fin de concert ET d’offrir non pas un, mais deux rappels, à la grande réjouissance d’un public qui en aurait même pris deux autres.

Parce qu’on peut bien critiquer la simplicité du contenant, le contenu, lui, est impeccable. Des balades country-folk belles à s’en arracher le coeur, livrées avec une fragilité palpable, en voulez-vous, en v’là.

Et faut dire que pour quiconque a suivi la scène indie dans les dernières décennies, Bonnie Prince Billy est un nom qui s’est pas mal cimenté dans le panthéon des légendes de la folk. Donc de le voir, même dans sa version la plus épurée, est un privilège pour beaucoup de gens présents dans le Rialto ce soir-là.

Pour vous donner une idée d’à quel point il est légendaire, Benoit Pinette, aka Tire le Coyote, s’est clanché un aller-retour Québec-Montréal pour venir accompagner Beyries le temps d’une seule chanson qu’il n’avait jamais pratiquée avant le concert, uniquement pour accéder au bragging rights qu’il aurait été sur le même show que Bonnie Prince.

Cette chanson en duo, bien qu’à peu près improvisée, sera d’ailleurs un des highlights de la performance de Beyries, qui, outre mesure, sera un peu inconfortable.

Notons que la chanson en question, c’était Je pars à l’autre bout du monde, de Paul Daraîche, rendue encore plus magnifique par la délicatesse du jeu de Beyries et les harmonies crées avec la voix inimitable du Coyote.

Donc côté musique, encore une fois, ça va. Beyries chante de manière angélique et ses compositions semblent avoir été faites pour cette formule guit-voix minimaliste.

C’est du côté de l’interaction avec la foule que ça se refroidit un peu. L’artiste est visiblement nerveuse et nous confiera aussi, de manière visiblement imprévue, être en peine d’amour, qui avouons-le ne sont pas les TOP prédispositions pour faire lever un party.

Mais comme on disait plus haut, anyway, on est là pour la musique.

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